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The Good Business

Upway invente le vélo électrique reconditionné

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Présentée comme la solution pour une mobilité plus verte, l'électrique fait pourtant débat. En reconditionnant des vélos électriques voués à être mis au rebut, prolongeant ainsi leur cycle de vie et dégrevant un peu plus leur empreinte carbone, Upway propose un service qui lève certains freins à l'écomobilité.

Le vélo électrique reconditionné : le véritable futur de la mobilité durable ?
Le vélo électrique reconditionné : le véritable futur de la mobilité durable ?

On connaissait les smartphones reconditionnés, voilà que les vélos électriques s’y mettent. Si l’idée peut sembler anodine, personne en France n’y avait encore pensé. Fondée par deux anciens d’Uber qui voulaient apporter leur pierre à l’édifice de l’écomobilité, Upway, qui se félicite d’une première année d’exercice fructueuse (plus de 5000 vélos vendus), a déjà conquis la France, la Belgique, l’Allemagne et les Pays-Bas et se lancera en 2023 aux Etats-Unis. Pour atteindre leur rêve, celui de faire du reconditionné un réflexe consommateur aux quatre coins du monde, Toussaint Wattinne et Stéphane Ficaja ont levé 25 millions de dollars auprès de Sequoia, Exor Seeds et Origins pour leur lancement fin 2021.

Interview de Toussaint Wattine, cofondateur de Upway

The Good Life : Qu’est-ce qui vous a poussé à créer Upway ?

Toussaint Wattine : Stéphane et moi nous sommes rencontrés chez Uber et avons passé huit années à y travailler ensemble, en France et en Europe, avant qu’il ne s’envole pour l’Amérique du Nord. Nous y avons développé le goût du service consommateur à très grande échelle mais voulions nous impliquer dans un projet comprenant un impact réellement positif sur notre environnement. Trois thèmes nous parlaient à l’époque : la mobilité électrique, avec cette idée de diminuer ses émissions carbone, l’allongement de la durée de vie des produits, afin de réduire leur empreinte écologique ainsi que les déchets, et redévelopper un tissu industriel sur le territoire français, puis européen. A la croisée de ces trois enjeux, le vélo électrique, alors en plein essor, nous est apparu comme une évidence.

Toussaint Wattinne et Stéphane Ficaja, fondateurs de Upway.
Toussaint Wattinne et Stéphane Ficaja, fondateurs de Upway.

Vous dites lever les freins de la mobilité électrique avec Upway. Comment ?

Les vélos électriques neufs sont souvent très chers. Ils peuvent également mettre plusieurs mois avant d’être livrés à leur acheteur. Certaines personnes intéressées ne franchissaient donc pas le cap à cause de ces deux points. D’autre part, la confiance dans les produits d’occasion pèche encore. Il est vrai que lorsqu’on achète un vélo électrique, qui est finalement un produit assez complexe car il comprend notamment une batterie et un moteur, on a envie de l’acquérir avec une garantie au cas où un problème se présente.

Nous avons créé Upway afin d’offrir un vaste choix de vélos électriques à très bons prix (environ 60 % en deça du prix du neuf) et résoudre ce déficit de confiance en proposant une garantie d’un an.

Comment avez-vous trouvé vos premiers vélos à reconditionner ?

Les sociétés de location de vélos ont été nos premiers coups de téléphone. Il leur arrive souvent après une, deux ou trois saisons, de renouveler leur stock. Nous tombions donc à pic en offrant un débouché à ces vélos qui allaient partir au rebut. A partir de là, nous avons développé un réseau fort de partenaires. Aujourd’hui, nous travaillons donc avec des loueurs mais aussi avec plus de 200 magasins à qui nous proposons une solution de reprise clé en main. C’est-à-dire que lorsqu’un client achète un vélo neuf, le magasin peut reprendre son vélo usagé contre une certaine somme et nous l’envoie pour réemploi.

Où utilise-t-on le vélo électrique en France ?

Nous avons été surpris de nous apercevoir que les villes secondaires et même les zones rurales sont forte en demande. Nous nous attendions logiquement à retrouver Paris comme marché principal et quelques autres grandes villes pour l’accompagner, car elles sont toutes dotées d’infrastructures adaptées aux vélos. Néanmoins, là où manquent les pistes cyclables on retrouve moins de problèmes de stationnement et plus de possibilités de balades dans la nature à portée de main — ou de pédale. Dans les grandes villes comme Paris, c’est donc logiquement le vélo de ville et le cargo qui sont privilégiés alors qu’ailleurs les vélos tout-chemin et les VTT ont la cote.

On pédale aussi en électrique dans nos forêts.
On pédale aussi en électrique dans nos forêts.

Comment un néophyte peut-il passer le cap de l’achat d’un vélo électrique reconditionné Upway ?

La majorité de nos clients sont en effet néophytes en la matière ! Souvent, ils ont commencé par louer des vélos à l’heure en ville et se sont laissés convertir, jusqu’à penser à l’achat. Notre catalogue se compose d’environ 700 vélos électriques, parmi plus de 100 marques, pour tous les usages : nous nous devions donc de déployer de grands efforts afin d’accompagner les moins connaisseurs. Un système de filtre peut en premier lieu aider à affiner la recherche : en fonction de l’emploi, du budget, du positionnement du moteur… Le site d’Upway est également doté d’un chat en ligne qui met en relation des conseillers disponibles sept jours sur sept pour nos clients. Une fois la commande passée, le vélo est livré en trois jours ouvrés, plié dans un carton. Il faudra alors seulement tourner le guidon, pour le mettre dans l’axe du vélo et revisser les deux pédales — les outils sont fournis. Un jeu d’enfant !

Les émissions carbone de vos envois sont-ils régulées ?

Prenons du recul sur le cycle de vie d’un vélo électrique. 75 % de ses émissions carbone correspondent à sa production et son transport, généralement d’Asie en Europe. Notre priorité est de s’assurer que, une fois que ce vélo a fait tout ce chemin et a émis cette quantité de CO2, sa vie soit la plus longue possible afin d’amortir sa lourde empreinte. Dans nos opérations, nous essayons bien sûr un maximum de maîtriser nos émissions. Quant au transport, nous sommes en mesure de livrer avec des camionnettes électriques en Île-de-France et travaillons étroitement avec nos partenaires logisticiens afin de nous assurer que nos livraisons sont regroupées ou, à minima, qu’elles s’opèrent en parallèle d’autres envois. Les camions qui parcourent la France ne sont donc pas dédiés à Upway : nous nous insérons dans un cycle logistique.

Le vélo électrique est l’un des moyens de locomotion favori des citadins.
Le vélo électrique est l’un des moyens de locomotion favori des citadins. Theo Saffroy / Hans Lucas

Vous fêtez la première année d’exercice d’Upway. Quel bilan dresser ?

Nous employons désormais 50 personnes dans quatre pays (France, Allemagne, Pays-Bas, Belgique), la moitié dans nos bureaux, l’autre dans nos ateliers. Et nous sommes fiers d’avoir déjà reconditionné 5000 vélos pour quasi autant de ventes.

Quels sont vos objectifs de vente à court-terme ?

Nous ambitionnons de tripler la masse salariale de Upway dans l’année à venir, notre chiffre d’affaires, et nous sommes en train de nous implanter aux Etats-Unis.

2023 s’annonce radieux pour Upway.
2023 s’annonce radieux pour Upway.

Qu’est-ce qui vous a poussé à vous tourner vers le marché américain ?

Premièrement, soulignons que nous avons choisi de nous étendre tout de suite à l’Allemagne, aux Pays-Bas et à la Belgique car ces marchés, avec la France, représentent la plus forte croissance enregistrée par le vélo électrique ces 10 dernières années. D’autres marchés comme l’Espagne et le Royaume-Unis s’y mettent tardivement, nous permettant de retarder un déploiement d’une année ou deux.

Le cas des Etats-Unis est fascinant : dans ce pays que l’on croirait centré sur la voiture, on constate un énorme élan d’adoption et de popularité du vélo électrique.

Aux Etats-Unis, le vélo électrique est différent : il est plus puissant, il a un plus gros moteur, il va donc plus vite. On constate que les ventes annuelles sur leur territoire doublent chaque année. En 2021, un million de vélos électriques neufs y ont été vendus. Et on sait que les tendances de consommation vont très vite aux USA, c’est pourquoi il ne fallait pas tarder à s’implanter. Il est très compliqué d’arriver tard sur le marché américain et de développer une marque de confiance doublée d’une marque leader. Ce que l’on souhaite, c’est de rapidement y développer l’usage du vélo électrique reconditionné et d’imposer Upway comme leader sur ce marché.

Un atelier de brooklyn répare déjà les vélos qui seront mis en vente par Upway aux Etats-Unis.
Un atelier de brooklyn répare déjà les vélos qui seront mis en vente par Upway aux Etats-Unis.

Par où commencer ?

Nous avons déjà investi un entrepôt à Brooklyn. Il desservira principalement la zone de New York et le nord-est des Etats-Unis. De la même façon qu’en Europe, nous n’allons pas nous concentrer sur les grandes villes car nous avons également constaté que les Américains des villes secondaires ou rurales sont également clients du vélo électrique. En revanche, s’installer sur la côte est est un vrai choix : dès lors que nous auront démontré l’efficacité de notre projet, nous chercherons à nous étendre pour couvrir l’intégralité du territoire courant 2023.

Où voyez-vous Upway dans cinq ans ?

J’espère que nous aurons assez fait assez connaître notre service afin d’être en mesure de prolonger la vie de plusieurs millions de vélos électriques. J’espère aussi que nous changerons les mentalités et que les clients se tourneront plus facilement vers le reconditionné plutôt que vers le neuf.


Upway
Site internet
Vélos électriques reconditionnés à partir de 949 €

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