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Pitchfork Music Festival Paris
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Culture

Le Pitchfork Music Festival Paris 2022 vu par son fondateur, Julien Catala

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Pour la deuxième année consécutive, l'édition parisienne du Pitchfork Festival de Chicago joue la décroissance. Du 14 au 21 novembre une douzaine de salles de la capitale mettront en avant la nouvelle scène indé. Un événement qui se déclinera aussi autour d'initiatives lifestyle au cœur du 11e arrondissement de Paris. Un rendez-vous très attendu que The Good Life décrypte avec son fondateur, Julien Catala.

C’est l’un des festivals les plus attendus de l’année en France. Le Pitchfork Music Festival Paris 2022 est de retour du 14 au 21 novembre avec une programmation dense (plus de 60 concerts) et avant-gardiste que l’on pourra apprécier dans une douzaine de salles parisiennes. Il s’agit d’une nouvelle version, plus articulée par rapport aux éditions de l’époque de la Grande Halle de la Villette, que l’on doit – pour la deuxième année consécutive – à son fondateur, Julien Catala. Mérite de la décroissance.

Lors d’une rencontre décontractée, un jeudi après-midi pluvieux dans les locaux de son agence Super !, ce quadra originaire de Dijon, revient sur comment le « Pitchfork spirit » se propagera également dans plusieurs parcours lifestyle. Au programme : dégustations du beaujolais nouveau à la Chambre Noire et street food, un marché éthique et… plein d’autres initiatives prévues pour arpenter le quartier de Bastille de A à Z, avec un œil en quête de caractère et substance. Des qualités propres au media américain depuis ses débuts. Décryptage.

The Good Life : Comment êtes-vous atterri dans le music biz ?
Julien Catala : J’ai débuté en tant que musicien mais très vite je me suis rendu compte que j’étais plus à l’aise dans la production. J’ai commencé à organiser des concerts à Dijon, ensuite j’ai déménagé à Paris pour travailler au Café de la Danse, près de Bastille. Ici, je me suis rendu compte que beaucoup de ces artistes que j’aurais aimé programmer n’étaient pas représentés en France. Alors j’ai lancé Super ! une agence productrice de spectacles, tourneur et productrice de festival il y a maintenant un peu plus de 15 ans. Cela nous a permis de monter beaucoup de tournées d’artistes internationaux, je pense à Caribou, The XX, Bicep…

Julien Catala, fondateur de l’agence Super ! et du Pitchfork Music Festival Paris.
Julien Catala, fondateur de l’agence Super ! et du Pitchfork Music Festival Paris.

TGL : Qu’est-ce que Pitchfork, le media, évoque en vous ?
J.C. : L’image de Pitchfork a beaucoup évolué au fil des années. Quand on l’a lancé en France c’était connu de tout le monde. Maintenant j’ai l’impression qu’il est un peu moins connu, il y a des gens que connaissent plus le festival que le media. Personnellement je le trouve toujours très à la pointe, au début c’était plus rock-indé, maintenant il surfe les courantes musicales : RnB, rap, de l’électro ; c’est un exercice qui reste toujours très intéressant.

TGL : Vous êtes à l’origine de l’un des rendez-vous musicaux les plus indés et les plus attendus de l’année…
J.C. : Quand il s’est développé, Pitchfork était incontournable dans le milieu de la musique. Il y a 11 ans j’ai donc contacté les fondateurs à Chicago en leur proposant une déclinaison française, avec un line up plus européen par rapport à l’édition américaine. Au départ ils n’étaient pas forcement intéressés. Petit à petit leur intérêt à commencé à ressortir. J’ai rencontré en France Ryan Schreiber et Christopher Kaskie les deux créateurs (qui ne sont plus à Pitchfork, le media ayant été racheté par le groupe Condé Nast, ndlr). Avec eux on a créé le festival qui pendant 9 ans s’est déroulé à la Grande Halle de la Villette avec 2 scènes face à face où ses sont produits Grizzly Bear, Kaytranada, M83, Tom York… ça marchait plutôt bien.

TGL : Mais l’économie de la musique live est devenue de plus en plus éclectique…
J.C. : Tout à fait. Les têtes d’affiche coûtent de plus en plus cher, tout comme la salle en elle-même, la Grande Halle. Suite aux attentats les coûts sont devenus exponentiels et en parallèle nous avons assisté à un phénomène qui est très à la mode ces dernières années : la décroissance ; cette slow life notamment représentée par des magazines comme Dim Dam Dom (qui comme The Good Life est édité par le groupe I/O Media, ndlr). Ces deux dernières années nous avons opté pour une édition du Pitchfork Paris un peu en décroissance, avec toujours autant d’artistes mais en faisant le pari de new comers, avec l’objectif de présenter la nouvelle scène. Le tout dans un parcours qui s’articule dans plusieurs salles parisiennes telles la Gaité Lyrique, le Café de la Danse, le Trianon… Nous avons voulu revenir à une programmation plus inattendue qui permette de faire découvrir au grand public les talents émergents.

TGL : Il y a aussi un parcours lifestyle qui implique la collaboration avec plusieurs bars, cafés et lieux parisiens…
J.C. : L’idée était d’imaginer un parcours musical dans le centre de Paris et de faire découvrir plein de nouvelles espaces tout en déclinant « l’esprit Pitchfork » une volonté de recherche de choses qualité aussi au niveau de la gastronomie,  de l’œnologie, du vêtement. Nous avons prévu une soirée autour du beaujolais avec Chambre Noire et le Consulat, il y aura un marché de créateurs, des rendez-vous street food… On est très contents !

La cave à vins Chambre Noire s’associe au Pitchfork Paris pour une soirée dégustation de vin nature au Consulat, Paris 11e.
La cave à vins Chambre Noire s’associe au Pitchfork Paris pour une soirée dégustation de vin nature au Consulat, Paris 11e.

TGL : Une réorientation qui a bien été accueillie à Chicago ?
J.C. : Les organisateurs américains venaient tous les ans à Paris et ils se rendaient compte que, au bout des 10 ans il fallait réinventer le festival. Pour cela ils ont appuyé tout de suite ce type de parcours « avant-garde » que nous avons proposé pour la première fois en 2021, principalement dans le 11e arrondissement de Paris. Une initiative qui a porté ses fruits : presque toutes les salles étaient complètes et fréquentées par beaucoup de professionnels de l’industrie de la musique qui viennent au festival pour découvrir les nouveaux artistes, les booker pour les festivals de l’été… Il y a une sorte de prescription où on essaie de présenter des groupes qui n’ont jamais joué avant. Un succès que l’on espère renouveler cette année.

TGL : Comment-travaille-t-on sur la programmation d’un festival comme le Pitchfork Paris ?
J.C. : Notre campagne de communication « vous ne connaissez rien à la programmation du Pitchfork ? C’est normal ! » est un joli coup de marketing… C’est quelque chose qu’on nous répétait depuis quelques années déjà et on s’est dit que cela pouvait être amusant de l’utiliser comme leitmotiv et en faire notre baseline. Je m’occupe de la programmation personnellement avec mes équipes tout en discutant avec celles de Pitchfork (le media) car il faut que notre line up soit en résonance avec celle du magazine.

TGL : Parlons chiffres… combien de personnes sont attendues à cette édition qui se décline en plusieurs salles ? Quel est votre budget ?
J.C. : On pense atteindre les 12 000 fréquentations avec des invités sur toute la semaine. Chez Super ! nous sommes 20, il faut ensuite compter les techniciens, une trentaine de personnes. Plus bien entendu les artistes, en tout 60 et le personnel qui travaille dans les salles. Notre budget total est de 200 000 euros.

TGL : Vos artistes coups de cœur de cette édition du Pitchfork Music Festival Paris ?
J.C. : Nation of Language, un groupe rock américain avec des nuances new wave. Il y aussi The Comet is Coming, un groupe anglais qui fait du jazz très énergique, hyper dansant, influencé par la funk, l’électro. Sur le parcours avant-garde l’une de mes préférées est Yuné Pinku, une artiste anglaise qui fait de l’électro chantée. Nia Archives est aussi une Anglaise remarquable avec son électro-rnb, influencée par la jungle, aux rythmes très saccadés. Pour terminer il y a Arooj Aftab, qui se produira à l’Eglise Saint-Eustache, sa musique est un mix entre le jazz et la musique pakistanaise, elle est géniale !

Retrouvez la playlist de Julien Catala x The Good Life juste ici :

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