×
the-good-life-moma-group-benjamin-patou-itw
Le Boeuf sur le Toit, autre adresse parisienne mythique, renaissait de ses cendres en 2020, après un rachat par le Moma Group en 2017.
elsacau

The Good Business

Business : Moma Group fête ses 10 ans, Benjamin Patou répond à The Good Life

The Good Business

Bonnes assiettes, bonne musique et concepts innovants rehaussés de french touch : la recette du Moma Group fête ses dix ans de succès. Paris, Saint Tropez, bientôt Marseille et Londres, avant les Etats-Unis et le Moyen-Orient : rencontre de son fondateur Benjamin Patou, un serial restaurateur comme on les aime.

Benjamin Patou, fondateur du Moma group, pose au célèbre restaurant Lapérouse, à Paris.
Benjamin Patou, fondateur du Moma group, pose au célèbre restaurant Lapérouse, à Paris. SAINT-AMBROISE

The Good Life : On vous surnomme le roi des nuits parisiennes. Vous confirmez ? 

Benjamin Patou : C’est un raccourci que je ne trouve pas très heureux. Notre vocation est d’être à tout moment de la journée un acteur de la vie parisienne, pour créer des moments de bonheur, divertir nos clients. Mais j’adore cette idée d’être étiqueté comme amateur de fête. La vie est une fête ! Petit déjeuner avec un ami d’enfance, dîner dans un bel endroit avec la femme de sa vie, voilà l’essence de la fête. Au restaurant Mimosa, quand le maître d’hôtel dépose à table les tomates farcies et les beignets à la niçoise de Jean-François Piège, je suis au comble de la fête gourmande. Boire un bon whisky en écoutant le pianiste au café Lapérouse est aussi un grand moment festif. Ce concept va bien au-delà de danser sur des tables en chantant jusqu’au bout de la nuit !

Autre lieu, autre ambiance : Food Society, à Paris, se présente comme un food court, réunissant plusieurs restaurants sur plus de 3000m2 à Lyon.
Autre lieu, autre ambiance : Food Society, à Paris, se présente comme un food court, réunissant plusieurs restaurants sur plus de 3000m2 à Lyon.

Combien avez-vous ouvert d’adresses en 10 ans ?

B.P : Le Moma Group compte actuellement vingt-deux restaurants, exploités en propre à 90%. Les temps forts de cette décennie ? Je vois d’abord 2012 : cette année-là je rachetais l’Arc, club iconique place de l’Etoile, et contractais un crédit important. Je ne communique pas sur les chiffres d’acquisition mais disons que c’était une marche très haute à monter. Je dis « nous » par modestie, et parce que le succès de Moma est celui d’une équipe – je dirai « je » si un jour je me plante… En 2016, il y a eu l’entrée au capital du groupe Barrière. Je leur dois de m’avoir ouvert les portes du monde bancaire. Ensuite, vient la date moins drôle de la crise des gilets jaunes, 2019 – on a bossé un an et demi la boule au ventre, fermé tous les samedis soir, les clients étrangers annulaient tous…

Le café Lapérouse et le restaurant Mimosa, tous deux installés dans l’enceinte de l’Hôtel de la Marine, monument historique et musée de la place de la Concorde, à Paris. © Adrien Ozouf
Le café Lapérouse et le restaurant Mimosa, tous deux installés dans l’enceinte de l’Hôtel de la Marine, monument historique et musée de la place de la Concorde, à Paris. © Adrien Ozouf

Après le groupe Barrière, à qui avez-vous ouvert le capital?

B.P : Sont arrivés plus récemment deux investisseurs, Patrick Bruel et Eric Sitruk. Patrick Bruel est un investisseur de choix, très exigeant, passionné de gastronomie, et qui a une vraie fibre entrepreneuriale. J’étais déjà associé avec lui sur deux adresses, le Bœuf sur le Toit et Andia. Le groupe Barrière s’étant retiré début 2022, je détiens à présent 70% des parts, ce qui fait de nous un groupe familial, à la différence de nos concurrents.

 

« Contrairement à d’autres secteurs comme le cinéma, la restauration vit un fort rebond. Après deux ans de frustration, les gens ont besoin de se retrouver. Pour cela, nos métiers sont irremplaçables, car ils offrent des expériences que ne procureront jamais Uber Eats ou Deliveroo.  » – Benjamin Patou, fondateur du MOMA Group

Le Boeuf sur le Toit, autre adresse parisienne mythique, renaissait de ses cendres en 2020, après un rachat par le Moma Group en 2017.
Le Boeuf sur le Toit, autre adresse parisienne mythique, renaissait de ses cendres en 2020, après un rachat par le Moma Group en 2017.

Qu’est-ce qui a été le plus compliqué à gérer pendant l’époque du Covid ?

B.P : Beaucoup de choses; les fermetures, les ouvertures, les restrictions qui changeaient toutes les trois semaines. On naviguait à vue. On a fallu aussi rouvrir avec du personnel démobilisé, qui avait pour la plupart quitté Paris. Et se battre pour être éligible chômage partiel, au PGE (prêt garanti par l’Etat). Nous avons bénéficié d’aides en 2021, sinon nous n’en serions pas là aujourd’hui. Depuis juin, nous avons commencé à rembourser, mais le dynamisme actuel du groupe permet de faire face. Contrairement à d’autres secteurs comme le cinéma, la restauration vit un fort rebond. Après deux ans de frustration, les gens ont besoin de se retrouver. Pour cela, nos métiers sont irremplaçables, car ils offrent des expériences que ne procureront jamais Uber Eats ou Deliveroo.

MOMA Group en chiffres

  • 22 restaurants
  • 1200 salariés
  • + 18% de chiffre d’affaires en 2022 par rapport à 2019
  • 1000 collaborateurs en chômage partiel pendant la pandémie
  • 1 franchise à Doha, et des dizaines de projets (Maroc, Arabie Saoudite, USA…)

Casa Amor, l’une des dernières adresses du groupe, inaugurée au printemps dernier à Saint-Tropez.
Casa Amor, l’une des dernières adresses du groupe, inaugurée au printemps dernier à Saint-Tropez.

Recruter est notoirement difficile dans votre secteur. Quelles sont vos recettes magiques pour attirer des talents ?

B.P : En effet, de plus en plus de professionnels se sont détournés de cette activité où les horaires et les conditions de travail peuvent être intenses. Dans ce contexte, nous avons la chance d’offrir une forme de restauration ultra premium dans des cadres très beaux, avec des chefs inspirants, des clients intéressants et qui laissent des pourboires conséquents. Servir Lady Gaga entre l’Arc de Triomphe et la Tour Eiffel, cela peut être enthousiasmant. Ceux qui veulent évoluer dans ce métier privilégient donc les entreprises comme les nôtres. Et ce milieu reste ouvert à la diversité : nous donnons leur chance et formons une grande partie de notre personnel. Et les 1200 salariés que comptent actuellement la holding et les établissements sont recrutés à 90% en CDI.


Quel chiffre d’affaires visez-vous cette année ?  

B.P : En 2022, nous devrions atteindre 120 millions € de chiffre d’affaires. C’est en ligne avec nos business plans, et représente une belle montée en puissance. En 2020, nous n’avions engrangé que 30 millions d’euros, ce qui représentait un retour à la performance de notre première année !

Chez Noto, à Paris comme à Saint-Tropez, l’accent est mis sur la gastronomie italienne.
Chez Noto, à Paris comme à Saint-Tropez, l’accent est mis sur la gastronomie italienne.

Et comment voyez-vous l’avenir ?

B.P : Principalement avec des projets internationaux. En dix ans, nous avons créé des concepts forts qui reposent sur des grands chefs, le design de décorateurs renommés et la capacité de créer des ambiances singulières. Cette formule intéresse énormément d’autres pays, d’autres cultures qui veulent s’approprier un peu de cette french touch. Nous envisageons à moyen terme de tripler le nombre de nos restaurants, surtout en licence assortie de contrats de management, principalement au Maroc, en Arabie Saoudite, en Belgique, aux Etats-Unis…Le premier à ouvrir, en mars 2023, sera un restaurant Andia à Marseille, suivi d’un café Lapérouse à Londres, dans l’Old War Office où Churchill avait ses bureaux. Comme emplacement, on peut difficilement rêver plus iconique.

Voir plus d’articles sur le sujet
Continuer la lecture