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The Good Playlist Classique les inspirations de Raquel Camarinha - the good life
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The Good Playlist Classique : les inspirations de Raquel Camarinha

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Née à Povoa, près de Porto, la soprano Raquel Camarinha est aussi à l’aise sur les scènes d’opéra que dans la mélodie ou le Lied.

Après des débuts, à 19 ans, à l’opéra de Lisbonne, elle est venue étudier en France. Pays qu’elle n’a plus quitté. Elle illustre à merveille les liens culturels forts entre les deux pays, qu’ont symbolisés des compositeurs comme João Domingos Bontempo ou Francisco de Lacerda, proche de Claude Debussy. Pour The Good Life, Raquel Camarinha nous offre sa playlist du moment.

La playlist de Raquel Camarinha

Quel est l’itinéraire qui vous a menée au chant ?
J’ai pratiqué la musique durant ma scolarité, d’abord le piano, puis la flûte et j’ai chanté dans plusieurs chœurs. Au moment du bac, une professeure d’histoire de la musique m’a incitée à entreprendre des études musicales. J’ai suivi des classes de maîtres, ce qui m’a donné envie de continuer dans le chant. J’ai fait une licence à l’université d’Aveiro et je suis venue compléter mes études en France. J’avais également fait du théâtre. Le chant m’a permis de m’exprimer en plusieurs langues, et d’interpréter ainsi des textes très différents.

Et puis l’amour de la mélodie vient avec le concours Nadia et Lili Boulanger…
Il s’agit d’un concours chant‑piano que j’ai remporté il y a une dizaine d’années, aux côtés du pianiste Satoshi Kubo avec qui nous formions un duo constitué. J’ai adoré le travail sur la mélodie française. Puis, avec le pianiste Yoan Héreau, j’ai formé un duo qui fête ses 10 ans ! Quand j’étudie et que je chante des mélodies françaises, sur des poèmes de Verlaine, Baudelaire ou autres, ce n’est pas dans ma langue maternelle, mais dans ce qui est devenu la langue de mon quotidien. Le portugais et le français sont devenus pour moi aussi importants l’un que l’autre.

Raquel Camarinha.
Raquel Camarinha. milena-perdriel

Parlez‑nous des compositeurs classiques ou romantiques portugais.
Il existe un énorme répertoire baroque. On peut citer, en particulier, Carlos de Seixas, qui a beaucoup composé pour l’orgue. J’ai chanté un grand nombre d’opéras et d’oratorios baroques portugais, notamment La Mort d’Abel, d’Avondano. Domenico Scarlattti, compositeur né en Italie, a été un musicien de cour au Portugal, mais ses compositions sont en italien, comme bon nombre d’œuvres portugaises. Vers la fin du XIXe siècle, il y a eu beaucoup d’œuvres pour piano et de mélodies, mais rares sont celles qui sont composées sur des textes portugais. Beaucoup plus sont écrits en français.

Vous venez de créer une œuvre du compositeur Benjamin Attahir, O pescador e a lua…
Le chef Michaël Cousteau avait commandé à Benjamin Attahir une œuvre à l’occasion de la saison franco‑portugaise. Elle devait appartenir à l’univers du conte, pour être mise en regard de Ma mère l’Oye, de Maurice Ravel. Je lui ai envoyé plusieurs textes de différents auteurs, mais aucun ne lui a convenu. Finalement, je lui ai adressé un conte que j’avais écrit il y a une quinzaine d’années pour mon fils, né en France, sur un pêcheur qui dialogue avec la lune. Sur la musique de Benjamin Attahir, il est devenu ce morceau où le portugais est la langue de la mère, et le français, celle du fils, et qui résume la problématique de l’immigré partagé entre sa langue d’origine et la langue de son pays d’adoption.

Talents de l’Ouest

De l’Espagne au Portugal, en passant par la France, ces grands artistes nous embarquent tout au long de la côte atlantique, le temps de quelques moments d’écoute privilégiés.

L’émouvante. À près de 80 ans, la pianiste portugaise Maria Jão Pires continue d’émouvoir et d’imposer un jeu pianistique sans afféterie. Ce riche coffret propose tous ses disques gravés avec Deutsche Gramophon. Elle nous livre un Bach lumineux, un Chopin d’une rare évidence, une intégrale des sonates de Mozart qui a fait date et des Schubert pour deux ou quatre mains bouleversants.

Intégrale des enregistrements de Maria Jão Pires (DGG).
Intégrale des enregistrements de Maria Jão Pires (DGG). DR

Le goût des notes. Du compositeur espagnol Isaac Albéniz (1860‑1909), on connaît principalement l’œuvre pour piano seul. On ignore souvent qu’il a également composé quatre opéras, de la musique concertante et de la musique symphonique. Ce disque nous présente des mélodies d’une redoutable difficulté d’exécution – mais d’un charme immédiat et irrésistible pour l’auditeur ! –, ce qui explique peut‑être la raison de leur rareté au concert et au disque. Celui‑ci est magnifiquement interprété. Isaac Albéniz, intégrale des mélodies, Adriana González, soprano, Iñaki Encina Oyón, piano (Audax Records).

Impressions lointaines. Le pianiste argentin Nelson Goerner est l’un des très grands musiciens de notre époque. Il nous propose ici Iberia, la composition la plus emblématique d’Albéniz, un chef-d’œuvre pour piano empreint d’une grande nostalgie, sur laquelle le compositeur a travaillé entre décembre 1905 et janvier 1908, pour l’essentiel en France. Plus de cent ans après sa création, il reste un sommet pianistique, d’une difficulté technique absolument folle.

Iberia, Isaac Albéniz, Nelson Goerner (Alpha Classics).
Iberia, Isaac Albéniz, Nelson Goerner (Alpha Classics). DR

Somptueux moments. Le pianiste espagnol Luis Fernando Pérez s’est fait connaître en France par ses magistrales interprétations de Granados, Falla ou Albéniz. Il est des plus passionnants de l’écouter dans ce répertoire russe, et en particulier dans les moments musicaux géniaux dans lesquels il excelle autant que dans le répertoire de son pays d’origine. Œuvres pour piano de Rachmaninov, Luis Fernando Pérez (Mirare).


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