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The Good Playlist Classique le piano dans tous ses états - the good life
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Culture

The Good Playlist – Classique : Le piano dans tous ses états

Culture

Grands maîtres de la scène piano ou nouveau très grand talent nous offrent de somptueux moments d’écoute compilées dans notre playlist classique de la semaine.

Sublime Mozart. Ce double album, le premier de notre playlist 100 % pinao, propose des chefs-d’œuvre composés par Mozart en 1785. Leif Ove Andsnes, pianiste majeur de notre époque, a choisi trois concertos très différents : le sombre 20e, le lumineux 21e, au célébrissime mouvement lent, et le somptueux 22e. Il les confronte à la dramatique fantaisie pour piano seul K 475 et au juvénile et tendre Quatuor en sol mineur avec piano. Aux côtés du pianiste, les membres du Mahler Chamber Orchestra offrent une réplique au‑delà de tout éloge. Mozart Momentum 1785, Leif Ove Andsnes, Mahler Chamber Orchestra (Sony).

Bach subjectif.  À une époque où beaucoup d’interprètes sont frappés d’intégralité aiguë et jouent parfois des œuvres avec lesquelles ils ont peu d’affinités pour répondre à un cahier des charges discographique, Piotr Anderszewski a choisi 12 des 48 préludes et fugues de Bach selon son cœur. Une construction aussi savante qu’affective. Bach. Le Clavier bien tempéré, Piotr Anderszewski (Warner).

Brillant hommage. Aujourd’hui oublié, Earl Wild fut une immense vedette aux États‑Unis au début du XXe siècle. Toscanini l’invita notamment à interpréter la Rhapsody in Blue de Gershwin en 1942. Le brillant Vittorio Forte lui rend hommage avec ce disque composé de transcriptions époustouflantes d’œuvres de Rachmaninov, Gershwin ou Haendel. Un pur régal. Transcriptions pour piano d’Earl Wild, Vittorio Forte (Odradek).

Défi de taille. Bach n’est pas loin, avec ces 24 préludes et fugues composés par Dmitri Chostakovitch au seuil des années 50, en pleine terreur stalinienne. Une douzaine d’années après que le dictateur eut – par un article non signé, paru en 1938 dans la Pravda – littéralement démoli l’opéra Lady Macbeth de Mzensk, Chostakovitch s’inspire du Clavier bien tempéré de Bach pour en donner une interprétation tantôt grinçante, tantôt tendre, tantôt majestueuse et rythmiquement impressionnante. Igor Levit semble avoir toujours vécu aux côtés de cette musique. Préludes et fugues de Chostakovitch, Igor Levit (Sony).

Jonathan Fournel

Quelle joie de découvrir un nouveau très grand talent, en l’occurrence Jonathan Fournel, auquel le 1er prix au prestigieux concours Reine Élisabeth de Belgique n’a pas fait tourner la tête. Il vient de faire paraître un disque consacré à Brahms, compositeur qui lui tient particulièrement à cœur.

Il semble que le programme de ce premier disque se soit imposé naturellement… Je me suis questionné. Il est toujours délicat de choisir le programme d’un premier disque. J’ai pensé tout d’abord à Debussy, notamment à ses études. Mais j’éprouve depuis longtemps une passion pour Johannes Brahms. Je ne sais pas exactement depuis quand, mais lorsque j’étudiais en Allemagne, vers l’âge de 13-14 ans, mon professeur m’a demandé d’étudier ses variations sur un thème de Paganini. Il m’a dit qu’on devait étudier cette oeuvre très jeune, cela a été une sorte de déclic. Quelque temps après, j’ai écouté le Concerto no 1 de Brahms par Julius Katchen [grand interprète de Brahms, on lui doit une magistrale intégrale de la musique pour piano, NDLR]. J’ai trouvé dans cette interprétation tout ce que j’attendais de la musique. Puis j’ai écouté le Concerto no 2 et, depuis, Brahms ne m’a plus quitté.

Parlez-nous des œuvres choisies pour ce disque. J’ai choisi la Sonate pour piano no 3, composée par Brahms à 20 ans. C’est une œuvre que j’ai toujours voulu travailler, particulièrement en raison de son 2e mouvement, lent et très romantique, qui inspire tant d’amour. Je voulais travailler une œuvre majeure de Brahms qui ne soit pas, comme ses derniers opus, une suite de pièces brèves, aussi sublimes soient‑elles. J’avais seulement oublié que cette sonate durait pas moins de 40 minutes… C’est une sorte de symphonie pour piano. Comme si Brahms avait composé une symphonie no 0, avant sa Symphonie no 1.

Justement, vous adorez l’orchestre… Oui. J’ai d’ailleurs eu la chance de suivre la classe d’accompagnement au piano de Jean-Frédéric Neuburger [compositeur et pianiste, NDLR] au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris. Il m’a donné les clés pour lire et analyser les partitions d’orchestre, en particulier celles de Beethoven, Brahms, Bruckner ou Mahler. Dans une partition comme celle de la Sonate no 3 de Brahms, j’essaie de retrouver des couleurs orchestrales.

Vous confrontez cette sonate aux variations et fugues sur un thème de Haendel… C’est un univers très différent. Dans cette œuvre, Brahms nous fait constamment voyager. Au départ, je voulais enregistrer plusieurs cycles de variations, mais quelque chose ne collait pas. J’ai donc voulu mettre en regard une œuvre à la large structure, la sonate, avec ces variations, suite de moments brefs qui grandissent de plus en plus, pour aboutir à une grande fugue. J’adore les fugues. Peut‑être est‑ce dû au fait que mon père est organiste. Quand j’ai commencé à travailler ces variations avec l’un de mes professeurs les plus importants, Gisèle Magnan, j’ai été effrayé par leur difficulté. Mais, de même que les Variations en ut mineur de Beethoven, ce sont des œuvres qui m’accompagnent depuis lors.

Brahms (Alpha).

Notre playlist classique 100 % piano par Jonathan Fournel :

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