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Danse : Jon Maya, la mémoire basque

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Avec Oskara, ballet créé en 2016, le chorégraphe basque Jon Maya lève le voile sur la profondeur de la danse traditionnelle. Un opéra dansé qu’il a créé avec le chorégraphe barcelonais Marcos Morau, dont les œuvres sont jouées dans le monde entier.

C’est un rêve en noir et blanc, un ballet d’ombre et de lumière qui met en scène symboles et mythes, et qui rend surtout hommage à deux conceptions de la danse : basque d’un côté, contemporaine de l’autre. Deux univers a priori aux antipodes, mais dont la symbiose fait ici rimer intelligence et talent. Pièce pour cinq danseurs et un chanteur, Oskara, créée par Jon Maya et Marcos Morau, est bouleversante comme une tragédie, d’autant plus que l’histoire, très simple, aborde la clé de l’existence : le trépas.

Dans une chambre d’hôpital, un homme vit sa mort en effectuant une lente procession vers le passé, comme s’il revivait les grands moments de sa vie en remontant aux sources de la culture basque. Pour accompagner ce grand saut dans l’au-delà interprété par des pas chassés, des dégagés, des pirouettes virtuoses, des mouvements de bras et de têtes précis effectués le buste droit et le visage impassible, le chant est là, mystique, interprété en alternance par Julien Achiary et Thierry Biscary, ainsi que la musique de Xabier Erkizia et Pablo Gisbert.

À ces voix et à cette musique qui enferment l’âme de toute une terre, s’ajoutent la scène délimitée par de grands voilages jouant avec les corps et un rideau sur lequel sont projetés des textes. Sans oublier les costumes d’Iraia Oiartzabal, hauts-de-chausses blancs, masques de dentelle voilant les visages, comme lors du carnaval de Lantz, dans l’ancienne Navarre, jupes et pourpoints corsetés, comme le sont les costumes de la danse basque, sauf qu’ils affichent ici l’épure du blanc.

Interprété par des pas complexes et fascinants, Oskara met donc en scène les contes bon enfant basques pour comprendre le sens de notre passage ici-bas. Une heure de spectacle, guère plus, malheureusement. Mais quelle heure !

Jon Maya et l’âme d’une terre

Oskara est la rencontre de deux mondes, de deux sensibilités, un mariage dans lesquels soufflent l’âme, la ferveur, le mystère et les légendes ibériques. Et plus concrètement, la rencontre de la compagnie de danse contemporaine basque Kukai Dantza, créée et dirigée par Jon Maya, et de la compagnie La Veronal, fondée par l’une des étoiles espagnoles de la chorégraphie, Marcos Morau, auteur, entre autres, des éblouissants Voronia et Pasionara.

Jon Maya.
Jon Maya. jon urbe

De ce mariage est donc né Oskara, référence à l’euskara, la langue du Pays basque. La pièce, qui fut l’événement du festival d’Avignon en 2019, fut reprogrammée – en vain – l’année dernière, à la Maison de la danse, à Lyon, et de nouveau cette année, en mai, à Bar-le-Duc et à Sète.

Agenda. 1er octobre : Hnuy Illa, théâtre Biteri Kultura Etxea, Hernani, dans la province de Guipuzcoa. Tél. +34 943 552 962. kultura.hernani.eus

Biographie

Jon Maya Sein a appris la danse traditionnelle basque à l’âge de 6 ans, dans la ville où il a vu le jour, en 1977, à Rentería (Errenteria, en basque), commune située au coeur du Pays basque espagnol. Très vite, il participe à de nombreux festivals internationaux de folklore et sera récompensé plusieurs fois des plus hautes distinctions.

En 2002, il fonde sa compagnie, Kukai Dantza. Ses premières créations, très remarquées, lui ouvrent les portes de nouvelles collaborations, notamment avec le Tanttaka Teatroa, à Saint‑Sébastien.

À partir de 2008, débutent de nouvelles collaborations avec des chorégraphes prestigieux, comme Marcos Morau, Cesc Gelabert, La Intrusa Danza, Jone San Martin ou Sharon Fridman, qui a signé la chorégraphie de sa dernière pièce, Erritu.

« C’est sans doute la création la plus internationale de la compagnie, qui mêle également la danse et le chant, et échafaude, comme tout ce que je fais, des passerelles entre différentes formes d’art », explique Jon Maya.

Sensibilité qu’il tente également de défendre au sein des nombreux événements artistiques dont il est directeur artistique, notamment en 2020 pour les galas du Festival international du film de Saint‑Sébastien.


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