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Design : La Manufacture Paris, exercice de style

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Entre Madeleine et Opéra, un tout nouvel espace marie avec esprit mode et design. Un concept métis qui sort du lot grâce à une sélection très typée. Chacune des pièces ressemble à son designer : c’est la « Manufacture touch ».

Lorsque l’inspiration viendra à tarir dans le marathon de la chasse aux cadeaux, il sera peut-être temps de changer de quartier. De revenir aux fondamentaux, là où le shopping a pris son essor au XIXe siècle : le coin des grands magasins, des pâtissiers de tradition, des maisons de bonne famille. Et d’abord se glisser dans ce charmant passage où vous ne mettez d’ordinaire les pieds qu’une fois par an pour emmener vos parents voir une comédie de boulevard : la rue Edouard-VII. Il y a un an y ouvrait discrètement un bel espace, donnant largement sur le passage, La Manufacture Paris.

Le bon génie des lieux s’appelle Robert Acouri. Globe-trotter d’origine libanaise, il a traversé l’univers de la mode avant de s’immerger dans celui du mobilier et de l’aménagement tertiaire. Fou de design et d’architecture, il s’est empressé d’introduire le glamour dans le monde austère de l’aménagement de bureau et a bâti en une poignée d’années une success-story en investissant massivement dans le développement et la création, créant une marque qui invite designers et fabricants à débrider leur imagination.

Robert Acouri, fondateur de La Manufacture, s’est investi dans les moindres détails de l’élaboration de ce nouveau label de design et de mode parisien. Sur 250 m2, il met en scène une sélection sans faute de meubles, objets, accessoires et habits.
Robert Acouri, fondateur de La Manufacture, s’est investi dans les moindres détails de l’élaboration de ce nouveau label de design et de mode parisien. Sur 250 m2, il met en scène une sélection sans faute de meubles, objets, accessoires et habits. La Manufacture du Design

Un rêve de gosse

La Manufacture Paris boucle la boucle et donne un sens à son parcours entrepreneurial et familial. « Mon père parcourait l’Europe pour rapporter les plus belles étoffes à Beyrouth. Il m’a transmis le goût des jolies choses et des matières sensuelles. Je réalise un rêve de gosse et, en plus, j’apprends un nouveau métier. » A deux pas du siège de sa société parisienne, l’entrepreneur met aujourd’hui en pratique cet héritage, plongeant avec gourmandise dans le retailing.

Il s’est ainsi construit un cabinet de curiosités, mettant en scène sur 250 m² une sélection sans faute de meubles, objets, accessoires et habits. « Je n’aime pas l’idée de concept-store ; je préfère parler de boutique. » Une boutique où le client serait accueilli, bichonné et invité à prendre son temps. Nichée dans son passage, elle est à la fois lumineuse et intime. Les amateurs d’architecture se régaleront à scanner cet espace bien interprété et réalisé par la crème des artisans.

Bétons cirés, lambris de bois, profils alu sophistiqués et céramiques italiennes dessinent un écrin aussi sobre qu’élégant, moitié inspiration industrielle, moitié maison de famille. Selon le concept des lieux, mode, meubles et objets s’y côtoient à parts égales, sous l’œil aiguisé du directeur artistique, le designer italien Luca Nichetto.

Située dans le quartier de l’Opéra, à Paris, La Manufacture a ouvert fin 2019.
Située dans le quartier de l’Opéra, à Paris, La Manufacture a ouvert fin 2019. François Coquerel

Des pièces faciles

A l’entrée, de drôles de quilles déguisées en baigneurs, sculptées dans du hêtre et signées du studio Cocorico, montent la garde. L’envie vous vient, immédiate, d’embarquer quelques-uns de ces personnages amicaux sous le bras. Sur un long comptoir, la machine à café qui accueille les visiteurs se mêle aux premiers objets précieux, comme la délicate vaisselle dessinée par Constance Guisset pour la manufacture Richard Ginori à Sesto Fiorentino.

Bientôt, vous reconnaissez le fauteuil lounge Melitea de Luca Nichetto, en tôle industrielle percée avec coussins rembourrés, en passe de devenir un grand classique, et, plus loin, le siège Calice signé Patrick Norguet, designer qui a largement participé au catalogue. Vous voici invité à vous asseoir, avec votre café et de quoi grignoter – inaltérable hospitalité libanaise –, dans le généreux canapé aux coussins rebondis de l’Allemand Sebastian Herkner.

Balayez des yeux la boutique et entamez un petit voyage sur la planète design. On ne peut pas dire qu’il y ait mélange des genres. Même si la liste des créateurs sollicités dans un processus de slow construction commence à s’allonger, ils ont tous un point commun : avoir été choisis avec amour par le maître des lieux, dont la cohérence des choix fait la clarté de la collection. « Mon fil conducteur : l’amour des designers, l’amour des artisans, l’amour du détail. »

Face à vous : un magistral paravent en passementerie de cuir voisine avec quelques versions de la chaise déstructurée ultraconfort de Todd Bracher ; sous vos pieds, les tapis colorés de la Néerlando-Mexicaine Emma Boomkamp ; dans un angle, un gigantesque miroir au cadre soufflé d’un seul tenant ; au-dessus de votre tête, une suspension légère flotte, sorte de méduse onirique sortie des mains des meilleurs maîtres verriers de Murano.

Robert Acouri, fondateur de La Manufacture, s’est investi dans les moindres détails de l’élaboration de ce nouveau label de design et de mode parisien. Sur 250 m2, il met en scène une sélection sans faute de meubles, objets, accessoires et habits.
Robert Acouri, fondateur de La Manufacture, s’est investi dans les moindres détails de l’élaboration de ce nouveau label de design et de mode parisien. Sur 250 m2, il met en scène une sélection sans faute de meubles, objets, accessoires et habits. François Coquerel

Entre ces pièces iconiques, la boutique est émaillée d’une armée de petits meubles faciles, adaptables à n’importe quel intérieur : des cadeaux impeccables. Les fameux tabourets nomades Guardian de Patrick Norguet, au profil japonisant, les petites tables d’appoint du studio de design nippon Nendo, prêtes à se fondre partout, ou son porte-manteau en forme de pattes d’oiseaux… « Je suis fasciné par leur poésie », confesse Robert Acouri.

Plus légers encore : les personnages de céramique imaginés par l’artiste italienne Elena Salmistraro. Statuettes, vases, vide-poches aussi amusants que romanesques. « Il y a beaucoup d’émotion dans ces objets, chacun est une petite histoire. » Présent à chaque étape de leur conception à leur fabrication dans les meilleurs ateliers italiens, le fondateur de La Manufacture Paris construit le catalogue raisonné de sa boutique comme une collection personnelle.

Une mode intemporelle

Sur les cintres, le long d’un mur lambrissé de bois, une garde-robe unisexe et intemporelle est composée de pièces à la coupe impeccable. La styliste italienne Milena Laquale a signé une première collection très chic, mais pour la suivante les designers partenaires se sont vu proposer d’oublier un moment meubles et objets pour plonger dans le textile.

Certains se sont pris au jeu. Leur joyeux travail dessine un vestiaire audacieux, quasi unisexe, réalisé dans des tissus techniques ou des mailles en laine et soie à la simplicité sophistiquée. « Je voulais une mode urbaine à porter avec assurance. »

Elle n’est pas sans évoquer un Yohji Yamamoto des grandes années. Pardessus gansé et épaulé à l’impeccable structure, robe oversize à draper, coulisser et moduler selon l’humeur, costume infroissable pour voyager confort et élégant… Du noir, du marine, à peine quelques touches de couleur.

La cabine est vaste, le temps n’est pas compté pour essayer, palper, s’attarder. Des ceintures dont la boucle reproduit le M du logo maison, interprété comme un signe tribal, une collection de souliers pour hommes, petites merveilles fabriquées à la main dans un célèbre atelier napolitain, des chaussures pour femme aux lignes et aux couleurs audacieuses : de quoi se composer un vestiaire intemporel et facile.

Et si rien ne vous parle, resteront les must have de Byredo, parfums unisexes ou bougies. Le voyage olfactif reste toujours une valeur sûre. Son créateur, Ben Gorham, le parfumeur tatoué venu de Suède, a d’ailleurs signé l’impressionnante table qui trône à l’entrée de la boutique.

Ce nouvel « ami de la famille » vient se joindre à quelques noms pour les collections en cours de La Manufacture. Noé Duchaufour-Lawrance ou Michael Young, la crème de la crème du design d’esprit pour un style de vie contemporain et sentimental.

La Manufacture, 3 Rue Édouard VII (Paris 9e), www.lamanufacture-paris.fr


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