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Patron confiné : Vincent Perriard (Origyn), lutter contre les fausses montres
Patron confiné : Vincent Perriard (Origyn), lutter contre les fausses montres
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Horlogerie

Patron confiné : Vincent Perriard (ORIGYN), le numérique contre les fausses montres

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La fondation à but non lucratif ORIGYN crée des clones numériques des montres de luxe pour permettre d'identifier les contrefaçons, même les plus précises.

Fin septembre, Vincent Perriard annonçait le lancement d’ORIGYN, un outil qui démasque les fausses montres. La contrefaçon, ce sont quelque 224 000 000 de dollars de manque à gagner pour le secteur horloger. En créant des clones numériques des montres de luxe, ORIGYN, une fondation à but non lucratif basée en Suisse, sera en mesure de proposer une appli – disponible en 2021 – qui scanne les tocantes. Enrichie par du machine learning et un système de blockchain, cette appli démasquera les faux. Plus besoin de certificat. Le tout financé par les clients – des maisons de vente aux enchères et des revendeurs de montres d’occasion – et l’achat de jetons qui permettent d’augmenter leur influence dans la gouvernance d’ORIGYN par les acteurs de l’industrie. Un système ouvert mais sécurisé, qui permet aux utilisateurs et marques d’augmenter en permanence la base de données, et améliorer la qualité de l’identification et l’efficacité de l’appli.

5 questions à Vincent Perriard, co-fondateur d’ORIGYN :

The Good Life : Quel est votre parcours avant ORIGYN ? En quoi votre expérience vous a-t-elle aidée dans sa création ?
Vincent Perriard :
Je suis spécialiste en stratégie de marque dans le secteur du luxe et dispose de plus de 20 ans d’expérience. J’ai récemment réalisé l’impossible, en combinant la mécanique et le fluide dans une montre chez HYT dont j’ai été PDG depuis la création de l’entreprise jusqu’à la mi-2017, enregistrant un chiffre d’affaire de plus de 54 millions CHF. Aujourd’hui, je suis actionnaire et continue de participer aux activités clés du secteur. Avant HYT, j’ai occupé des postes de direction et de marketing dans le secteur de l’horlogerie. J’ai également été directeur de la communication chez Audemars Piguet, de 1995 à 2000, vice-président de Swatch Group USA en 2000, PDG de Concord Watches entre 2006 et 2009 et de TechnoMarine Watches de 2009 à 2011. ORIGYN n’est pas une « tech company » comme il y en a beaucoup. Nous sommes un mélange d’horlogers et de spécialistes de l’intelligence artificielle. Nous avons un avantage majeur car nous connaissons parfaitement l’univers du luxe pour y avoir travaillé durant 20 ans.

Vincent Perriard, co-fondateur d’ORIGYN.
Vincent Perriard, co-fondateur d’ORIGYN. Stéphane de Bourgies

The Good Life : Parmi les 40 000 000 montres contrefaites chaque année, vous estimez qu’il y a 1,6 million de « super contrefaçons »…
Vincent Perriard :
Une super contrefaçon est un produit extrêmement difficile à détecter entre vrai et faux. Il s’agit en général de pièces qui se vendent entre 500 et 1,000 CHF. Par opposition, une fausse montre peut aussi se trouver dans certains quartiers de grandes villes pour 20 ou 50 CHF mais là, on voit immédiatement, via la finition et le poids, que la montre n’est pas authentique.

TGL : Développer un algorithme, une appli, une technologie, ça demande de grands investissements. Comment avez-vous réussi à financer ORIGYN, une association à but non lucratif ?
V.P. :
Une association à but non lucratif ne veut pas dire « pas de revenus ». Cela veut dire que tous les profits sont reversés à la recherche et développement. Ainsi, une fondation a tout de même des salaires, des coûts et des investissements, évidemment.

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« Comme Shazam reconnait la musique ; l’utilisateur peut reconnaitre l’authenticité de la montre et son propriétaire. »

TGL : En quoi ORIGYN fonctionne-t-elle comme une blockchain ?
V.P. :
Dans l’absolu, la blockchain n’est pas capitale. C’est un moyen de protéger une information ou une valeur, pour tout le temps et de manière ultra sécurisée. Nous proposons une technologie que personne n’a aujourd’hui. Nous permettons de créer un clone digital d’un objet de luxe, à vie et de le reconnaître avec un simple smartphone. Comme Shazam reconnait la musique ; l’utilisateur peut reconnaitre l’authenticité de la montre et son propriétaire. Il n’y a pas une seule marque de luxe aujourd’hui qui propose cette solution.

TGL : Comment voyez-vous le développement d’ORIGYN ? Ne craignez-vous pas que la marque vous échappe ou soit dirigée, à terme, par les marques les plus puissantes ?
V.P. :
Au contraire, ORIGYN va redonner la gouvernance progressivement du standard d’authenticité à l’industrie, aux acteurs et aux marques. Cela fait partie de notre programme. C’est le seul moyen pour que cette solution technologique devienne un véritable standard !


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