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Londres : le « new black cab » se met à l’électrique avec LEVC
Londres : le « new black cab » se met à l’électrique avec LEVC
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The Good Business

Londres : le « new black cab » se met à l’électrique avec LEVC

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Indissociables de la capitale britannique, les black cabs opèrent une révolution : pour se conformer à une loi antipollution entrée en vigueur à Londres en janvier 2018, les célèbres taxis ont dû drastiquement réduire leurs émissions. Leader sur le marché, la société LEVC a franchi le cap des 2500 cabs électriques produits et étend désormais son champ d’action à l’international.

Depuis 1958, le mythique FX4, fruit d’un partenariat entre le constructeur Austin, le concessionnaire de taxis Mann & Overton et le carrossier Carbodies, occupe une place à part. On lui doit, d’une certaine manière, les standards du fameux taxi londonien. Aujourd’hui, ils sont quelque 24 000 à sillonner Londres.

Reconnaissable à sa silhouette singulière au premier coup d’œil, il a connu, durant près de quatre décennies, un quasi-monopole. Ses mensurations très particulières résultent, en grande partie, de la loi The Conditions of Fitness for Taxis, promulguée en 1906, qui imposait une garde au toit suffisante pour qu’un gentleman puisse s’y asseoir avec son chapeau haut de forme.

Autre particularité contenue dans ce décret : le taxi devait obligatoirement être capable de faire demi-tour entre deux murs séparés de 24 pieds (7,3 m), un diamètre de braquage minuscule, encore inégalé par les voitures de série.

Joerg Hoffmann, parton de LEVC, est un ancien manager de chez Audi.
Joerg Hoffmann, parton de LEVC, est un ancien manager de chez Audi. DR

Une moyenne de 10 l/100 km

Avec ses 5 places assises (en plus de celle du conducteur), son compartiment avant réservé aux bagages, son volume intérieur très généreux permettant, par exemple, d’embarquer une poussette à son bord, le black cab a donc tout du parfait taxi… si l’on ne tient pas compte du fait qu’il est mû, à de rares exceptions près, par des moteurs Diesel trop gourmands – 10 l/100 km, en moyenne !

Certes, le taxi de Londres a connu une dizaine d’évolutions depuis la fameuse Austin FX4, et son allure s’est modernisée au gré des versions qui lui ont succédé – TXI (1997-2002), TXII (2002-2006) et TX4 (2006-2016) –, mais il a conservé le même type de motorisation jusqu’en 2016.

Toutefois, à partir de 2012, la ville de Londres a commencé à mener la vie dure aux vieux taxis. L’autorité de tutelle, Transport for London, a d’abord cessé d’accorder des licences pour les modèles âgés de plus de 15 ans, puis a finalement promulgué une loi, appliquée depuis janvier 2018, interdisant la délivrance de toute nouvelle licence à des taxis ne pouvant pas rouler, au moins, 30 miles (48 km) sans produire d’émissions polluantes, c’est-à-dire en mode électrique.

Sous l’impulsion de LEVC, filiale du groupe chinois Geely, le « black cab » du XXIe siècle se convertit à l’électrique pour réduire ses émissions polluantes. Son tableau de bord fait une large place aux afficheurs numériques, qu’il s’agiss e des compteurs ou de la tablette GPS.
Sous l’impulsion de LEVC, filiale du groupe chinois Geely, le « black cab » du XXIe siècle se convertit à l’électrique pour réduire ses émissions polluantes. Son tableau de bord fait une large place aux afficheurs numériques, qu’il s’agiss e des compteurs ou de la tablette GPS. DR

A Londres, le défi du taxi électrique

Un véritable défi pour la société Carbodies, devenue London Taxis International en 1998, le fabricant des black cabs. En 2013, alléché par un marché industriel potentiel de 1,2 milliard de livres, le groupe chinois Geely – qui possède notamment Volvo et est le premier actionnaire de Daimler AG, la maison mère de Mercedes – décide de racheter ce dernier, dont il détenait déjà des parts.

Avec ses 1,8 million de véhicules vendus en 2018 et sa relative jeunesse – Geely s’est lancé dans la production d’automobiles en 1997 –, le nouveau propriétaire ne s’est pas arc-bouté sur l’héritage technique de l’Austin FX4. Très vite, le groupe chinois investit 308 millions de livres (400 millions d’euros) dans la société, rebaptisée London Electric Vehicle Company (LEVC) dont 250 millions pour la construction d’une nouvelle unité de production de 37 000 m2 située aux abords de Coventry, entièrement consacrée aux modèles électriques.

Début 2018, avec quelques mois de retard, le premier LEVC TX eCity sort des chaînes de montage. Le constructeur a scrupuleusement respecté les textes réglementaires, puisque l’auto dispose d’une autonomie d’environ 130 km en mode tout-électrique. Mais celle-ci dépasse 600 km grâce à un prolongateur d’autonomie, un moteur essence utilisé comme un groupe électrogène pour recharger les batteries du moteur électrique de 110 kW.

Le LCV, une version commerciale du TX eCity.
Le LCV, une version commerciale du TX eCity. DR

Six passagers et une connexion wi-fi

Si la filiation entre le TX eCity et la FX4 est évidente, le nouveau venu peut, cette fois, loger 6 personnes. Mais pour vivre avec son temps, il bénéficie aussi d’une connexion wi-fi, de prises 220 V et de connecteurs USB pour recharger ordinateurs et smartphones.

La sécurité n’est pas en reste et bénéficie aussi des dernières technologies avec un châssis en aluminium pour compenser le poids des batteries. Last but not least, le TX eCity est disponible en 12 coloris, dispose d’un toit vitré culminant dorénavant à 1,89 m et d’une rampe escamotable pour faciliter la montée des poussettes et des fauteuils roulants. Ainsi paré, le TX a tout pour séduire d’autres villes soucieuses d’écologie

LEVC TX eCity

  • Longueur : 4,86 m.
  • Hauteur : 1,89 m.
  • Largeur : 2,03 m.
  • Poids : 2 230 kg.
  • Diamètre de braquage : 8,45 m.
  • Autonomie électrique : 129 km.
  • Autonomie totale (avec prolongateur d’autonomie) : 603 km.
  • Moteur électrique : 110 kW.
  • Batteries : 31 kWh – 400 V.
  • Prolongateur d’autonomie : moteur essence 3 cylindres de 1 500 cm3.
  • Vitesse maximale : 130 km/h.
  • Emissions de CO2 (avec prolongateur d’autonomie) : 29 g/km.
  • Emission NOx : 0 mg/km.
  • Prix de vente : env. 60 000 €.

Après Londres, Paris ?

Certes, les Toyota Prius et autres Tesla ne l’ont pas attendu pour charmer les compagnies de taxis. Sauf que le TX est désormais le modèle idéal pour exercer cette activité. Aussi, sur les 2 500 TX produits au 31 juillet 2019, 20 % circulent déjà dans d’autres agglomérations de Grande-Bretagne (Birmingham, Coventry, Manchester, Glasgow, Edimbourg), ainsi qu’en Norvège, en Allemagne et aux Pays-Bas.

Un accord a même été conclu avec la ville de Paris à l’automne 2018, mais ne s’est, pour l’heure, pas encore concrétisé. Malgré ces éléments encourageants, LEVC est encore loin de ses objectifs – 4 000 véhicules pour 2019 – et la concurrence n’a pas tardé à réagir.

Alors, le constructeur a fait le pari d’élargir sa gamme en présentant au Salon de Francfort, en septembre dernier, un véhicule utilitaire sur la base du TX. Le LCV (pour Light Commercial Vehicle) devrait être disponible à partir de 2020 et offrir de nouveaux débouchés à LEVC. Rien qu’à Londres, ce segment représente 65 000 fourgonnettes, toutes équipées de moteurs thermiques.

Caocao Mobility débarque à Paris !

Un nouvel acteur vient renforcer l’offre de VTC à Paris. Le chinois Caocao – déjà 30 millions d’utilisateurs dans le monde – vient de lancer son service intra-muros.

Il couvrira ensuite toute la région Île-de-France d’ici février avec 180 VTC. En mars, Caocao vise une flotte de 300 véhicules.

La différence avec ses concurrents ? Cette application ne propose que des véhicules hybrides et électriques dans son catalogue. On peut, entre autres, y réserver un LEVC TX.

Disponible sur App Store et Google Play.

Futur leader européen ?

Joerg Hofmann, le patron de LEVC, ex-manager chez Audi, affirme ainsi pouvoir imposer, à terme, sa firme comme le leader européen en matière de mobilité commerciale verte. Il faut reconnaître que Geely a vu les choses en grand en misant sur une capacité de production annuelle du site de Coventry de 20 000 véhicules électriques et, surtout, en ayant investi depuis 2014 quelque 500 millions de livres dans l’entreprise.

Le constructeur estime que 70 % de ces véhicules produits à partir de 2022 le seront pour l’export. Une stratégie que LEVC entend développer en s’appuyant sur son bureau européen basé à Francfort et sur le réseau des concessionnaires Volvo en Allemagne.

A moins que le Brexit et son lot d’incertitudes ne viennent tout remettre en cause d’ici là. Pour autant, l’action menée par LEVC va dans le bon sens en matière de mobilité, notamment dans les grandes métropoles asphyxiées par la pollution de l’air. Et l’héritage symbolique du black cab a, paradoxalement, tout pour leur redonner des couleurs.


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