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New York, zoom sur la plus ancienne ville des Etats-Unis
New York, zoom sur la plus ancienne ville des Etats-Unis
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The Good Business

New York, zoom sur la plus ancienne ville des Etats-Unis

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Entre la déroute des taxis et l'immobilier en berne, l'actualité de New York, doyenne des grandes villes américaines, n'est pas des plus réjouissantes.

Après avoir été découverte par Giovanni da Verrazzano en 1524, la région de New York, peuplée par 5 000 Indiens de la tribu Lenape, est explorée en 1609 par l’Anglais Henry Hudson, au service des Hollandais. Dès 1624, quatre ans à peine après l’arrivée des 120 « pèlerins » anglais du Mayflower dans le Massachusetts, la Compagnie des Indes occidentales débarque des familles de Hollandais au sud de l’actuel Manhattan, et construit Fort Amsterdam pour se protéger des Indiens et des Anglais.

Sous l’impulsion de Peter Stuyvesant, nommé directeur de la Compagnie en 1647, le bourg prospère grâce au commerce de fourrures. En 1653, New Amsterdam obtient le titre de ville et appointe son premier maire. Elle héberge alors 1 500 Européens et 300 esclaves africains. Mais en 1665, quatre frégates anglaises menacent de l’attaquer et conduisent Peter Stuyvesant à capituler. Les Anglais rebaptisent la ville New York, du nom du duc d’York, leur grand amiral.

Entre quartiers qui ressemblent à des villages et larges artères bouillonnantes, New York est une ville aux multiples facettes.
Entre quartiers qui ressemblent à des villages et larges artères bouillonnantes, New York est une ville aux multiples facettes. Young-Ah Kim

A la fin du XVIIe siècle, elle compte 5 000 habitants, dont des cultivateurs de blé et de maïs. Quatre foyers sur dix emploient des esclaves. Les Indiens Lenape ne sont, quant à eux, plus que 200. Sous la férule britannique, la ville se développe (12 500 habitants en 1740), au point d’ouvrir l’université Columbia dès 1754. Lors de la guerre d’indépendance, après deux défaites en 1776, l’armée de George Washington quitte la région, et New York devient le refuge des loyalistes anglais jusqu’à la victoire des indépendantistes.

Washington entre triomphalement dans la ville en 1783. Six ans après, New York devient très brièvement la capitale des Etats-Unis. Son extraordinaire croissance est ensuite stimulée par son rôle de principal port d’arrivée des immigrants et par l’inauguration du canal Erié en 1825, qui lui ouvre les marchés du Midwest et du Canada. En 1835, New York supplante Philadelphie comme première ville des Etats-Unis. Le Police Department et les écoles publiques sont alors créés.

La terrasse de l’hôtel Ludlow offre une vue spectaculaire sur les gratte-ciel de Manhattan.
La terrasse de l’hôtel Ludlow offre une vue spectaculaire sur les gratte-ciel de Manhattan. Young-Ah Kim

Puis la grande famine irlandaise génère une déferlante d’immigrants et, en 1850, un New-Yorkais sur quatre est Irlandais. En 1873, Central Park, le premier parc public américain, est inauguré. En 1886, c’est au tour de la statue de la Liberté, devant un million de personnes. Au tournant du XXe siècle, New York est la seconde ville du monde (derrière Londres), avec 4,2 M d’habitants. C’est alors que le Flatiron Building, son premier gratte-ciel, est érigé en 1902. Le prélude d’une transformation qui va lui donner son visage actuel.

A New York, les taxis… en déroute !

Eux aussi font partie de l’Histoire de la ville. Les taxis jaunes, symbole de New York au même titre que l’Empire State Building ou la statue de la Liberté, sont-ils voués à disparaître ? Alors que 13 500 voitures affichent une plaque de taxi, 63 000 véhicules noirs transportent des passagers qui les ont contactés grâce aux applications Uber, Lyft, Via, Jet et Juno. Depuis 2015, du fait de cette concurrence, les gains des chauffeurs de taxi ont baissé de 35 %, et nombre d’entre eux ne touchent que de 20 000 $ à 30 000 $ par an… comme la plupart des chauffeurs d’Uber et consorts.

C’est donc un job pour les immigrés qui débarquent. Moins de 10 % des conducteurs de taxis de New York sont nés aux Etats-Unis, 40 % sont originaires du sous-continent indien, les autres venant des Antilles ou d’Amérique du Sud. Nombre de ces immigrés parlant mal l’anglais ont été victimes du « scandale des plaques ». Jusqu’en 2005, cette plaque, qui permet de posséder et de conduire un taxi, valait 200 000 $. Puis les prix se sont mis à monter, les 500 000 $ étant franchis en 2009, le million de dollars en 2014.

Cette spéculation, organisée par des investisseurs financiers, des compagnies de taxis et des banques, a suscité une arnaque semblable aux prêts immobiliers de l’époque des subprimes. Des banquiers ont proposé à des chauffeurs bangladeshis ou guatémaltèques d’acheter une plaque sans apport, en remboursant sur quarante ou cinquante ans, les 30 premiers étant consacrés à ne payer que d’énormes intérêts.

Symbole de la ville, les taxis jaunes subissent de plein fouet la concurrence d’Uber et d’autres entreprises sur application mobile.
Symbole de la ville, les taxis jaunes subissent de plein fouet la concurrence d’Uber et d’autres entreprises sur application mobile. Young-Ah Kim

Quatre mille chauffeurs se sont ainsi mis sur le dos des remboursements ahurissants (jusqu’à 1,7 M $, intérêts compris, pour les plaques valant 1 million), au moment où Uber envahissait le marché, faisant décliner leurs revenus et dévisser le cours de la plaque, revenu depuis 2018 à son prix d’origine de 200 000 $. Déjà, un millier de taxis ont fait faillite, et les suicides se multiplient. La justice regarde si les banquiers qui ont incité les chauffeurs à se surendetter ont violé la loi.

Mais la Taxi and Limousine Commission, qui réglemente l’activité des taxis, est aussi sur le gril. Elle savait que les chauffeurs prenaient un risque démesuré, mais elle en a profité : depuis 2005, elle a empoché 855 M $ en écoulant elle-même des plaques et en touchant des taxes sur les autres ventes. Là aussi, la justice tranchera. En attendant, si on prend le taxi, il faut savoir que des milliers de chauffeurs se battent actuellement pour survivre et ne pas faire faillite. Le pourboire (20 %) est donc de rigueur, voire un acte d’assistance à personne en danger.

Coup de mou dans l’immobilier

Après la crise financière de 2008, le marché immobilier de New York s’était redressé le premier. Les prix ont augmenté de 30 % en six ans, voire de 50 % dans les nouveaux quartiers à la mode, propulsés par les achats d’appartements de luxe des Russes et des Chinois, et par ceux des New-Yorkais dans les immeubles « co-op », plus nombreux et plus anciens – dans les co-op, il faut être accepté par le conseil d’administration de l’immeuble avant de pouvoir acheter des actions de la société qui le possède, pour un montant correspondant à la taille de l’appartement.

« Mais un ralentissement s’est fait sentir dès 2015 et, depuis 2016, le nombre de transactions diminue et les prix ont baissé, de 10 % à 25 % selon les quartiers, le Queens et Brooklyn étant moins frappés que Manhattan », constate Frederick Peters, président de Warburg Realty à New York. En effet, les Russes et les Chinois ont disparu après l’élection de Trump, qui a aussi ouvert une période plus incertaine pour les New-Yorkais, en grande majorité démocrates. Surtout, les immeubles dont la construction a démarré continuent à accroître l’offre dans le haut de gamme, qui représente six ans de ventes.

Le One World Trade Center, une construction audacieuse qui remplace les tours jumelles détruites le 11 septembre 2001.
Le One World Trade Center, une construction audacieuse qui remplace les tours jumelles détruites le 11 septembre 2001. Young-Ah Kim

Enfin, la mansion tax de 1 % qui s’appliquait aux achats de biens de 1 M $ – soit le prix d’un petit deux-pièces dans de nombreux quartiers de Manhattan – a augmenté en avril dernier : 1,5 % pour un achat de plus de 3 M $, 2,25 % au-delà de 6 M $… et jusqu’à 3,9 % au-delà de 25 M $. Pour autant, « le marché d’acheteurs » qu’est New York reste très cher. Pour 1,4 M $, on peut acquérir un deux-pièces de 81 m² au 24e étage d’un gratte-ciel de la 54e Rue à Manhattan et, pour 1,5 M $, un 92-m2 avec 2 chambres et 1 terrasse dans le quartier de Fort Greene à Brooklyn.

Les charges mensuelles sont élevées (1 200 $ dans le premier cas, 1 000 $ dans le second) et la property tax atteint pour ce type de logement de 10 000 $ à 15 000 $ par an. Dans le haut de gamme, des milliers d’appartements ou de maisons valant plus de 6 M $ sont disponibles. Quant au marché de la location, il reste onéreux (malgré une légère baisse des loyers à Manhattan), car la property tax est transférée par le propriétaire au locataire. Il faut compter 3 000 $ par mois pour un studio correct à Manhattan, et de 4 000 $ à 5 000 $ pour un appartement avec 2 chambres à Brooklyn.


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