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Good Factory : Astondoa, une tradition centenaire
Good Factory : Astondoa, une tradition centenaire
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The Good Business

Good Factory : Astondoa, une tradition centenaire

The Good Business

Il y a un siècle, Jesús Astondoa construisait des barques à rames dans un petit atelier dans le nord de l’Espagne. Cent ans et 3 000 bateaux plus tard, ses deux petits‑fils dirigent le premier chantier espagnol de plaisance, près d’Alicante.

En 1916, deux frères, Jesús et José Astondoa, respectivement âgés de 19 et 16 ans, construisent, dans un minuscule atelier du Pays basque espagnol, des petits canots à rames pour les pêcheurs, en trois ou quatre jours. Pouvaient-ils se douter que, trois générations plus tard, leur nom s’afficherait sur le fronton d’un grand chantier moderne et qu’il deviendrait le symbole de la plaisance espagnole ?

Au fil du temps, les deux frères se taillent une belle réputation. Ils fabriquent des canots de plus en plus grands, allant jusqu’à douze mètres, toujours pour la pêche, mais aussi pour les fameuses courses basques à l’aviron. La guerre civile met un frein à leur expansion, quand Jesús est enfermé dans un camp.

Le site de Galice a produit des bateaux a voile et a moteur, qui naviguent encore.
Le site de Galice a produit des bateaux a voile et a moteur, qui naviguent encore. DR

Astondoa, une histoire de famille

A la fin de la guerre, la région est exsangue, mais la demande en petits bateaux de pêche et en canots de sauvetage reste forte. Les deux frères décident de séparer leurs activités, José garde le chantier et Jesús repart de zéro. Il délaisse les bateaux de pêche et commence à penser à la plaisance pour la classe moyenne émergente de Bilbao. Très vite, sa renommée s’étend au reste du pays. Il est alors sollicité pour construire un grand chalutier à Valence, puis retourne au Pays basque, où son fils, également prénommé Jesús, intègre le chantier.

Ils produisent un bateau de transport de passagers de 22 m qui navigue, encore aujourd’hui, dans l’archipel des Canaries… A l’aube des années 60, Jesús (fils) se marie. Il aura trois enfants, aujourd’hui à la tête de l’actuel chantier.

Avant l’installation du chantier à l’entrée du port de Santa Pola, la mise à l’eau d’un modèle bloquait une partie de la ville.
Avant l’installation du chantier à l’entrée du port de Santa Pola, la mise à l’eau d’un modèle bloquait une partie de la ville. DR

Les trente glorieuses battent leur plein, les commandes affluent. Les Jesús, père et fils, lancent leurs premiers yachts mixtes, voile et moteur, en parallèle de bateaux de pêche de plus en plus gros, dont trois 33 m, construits à Santa Pola, près d’Alicante. Jesús (le fils) prend la tête de l’entreprise, Jesús (le père) se retire.

En vitesse de croisière

Jusqu’en 1970, Astilleros Astondoa Shipbuildind se spécialise dans les yachts de plaisance mixtes. En 1976, Jesús prend la décision de s’installer définitivement à Santa Pola, avec son fils aîné et sept charpentiers de confiance. En cinq mois, ils fabriquent une vedette en bois de 14,5 m, suivie d’une autre de 18 m. Année après année, le chantier prospère. Les deux fils ont rejoint l’entreprise.

Au début des années 80, le polyester fait son entrée. Plus facile à travailler et plus sûr, il présente, en outre, une finition impeccable. Il détrône rapidement le bois, du moins pour la coque, le pont et les superstructures. En 1982, Astondoa présente la première vedette en polyester de son histoire au salon nautique de Barcelone. Elle mesure 12 m et sera suivie d’une autre de 16,5 m. Les trois derniers yachts en bois sortiront entre 1982 et 1984, dont une superbe unité de 25 m.

May, l’une des dernières vedettes en bois, avant le passage au polyester.
May, l’une des dernières vedettes en bois, avant le passage au polyester. DR

La troisième génération, Jesús et Iñigo, a pris les rênes d’Astilleros Astondoa. Chaque année, le chantier lance un nouveau modèle et assure un développement croissant qui s’accompagne d’un indispensable réseau commercial à l’international (Mare Nostrum, pour la France).

De nouvelles gammes entrent au catalogue, parmi lesquelles des Open et des Fly de 43’ à 50’. Les ateliers s’agrandissent, de même que la longueur des vedettes qui peuvent atteindre 21 m. Si les bateaux sont désormais tous en polyester , l’intérieur reste en bois, avec des finitions irréprochables réalisées par les charpentiers maison.

Durant les années 1990-2000, l’entreprise Astondoa vit son âge d’or. Un site voit le jour pour la fabrication des unités jusqu’à 15 m, un autre est installé en Galice pour l’Open 40, et l’actuel chantier, sur le port de Santa Pola, ouvre ses portes. Dans le même temps, les dimensions des bateaux augmentent encore. La gamme GLX va jusqu’à 95’ et deux yachts en acier de 34,7 m et 37 m sont mis en route.

Astondoa s’appuie sur du personnel qualifié, présent depuis de nombreuses années.
Astondoa s’appuie sur du personnel qualifié, présent depuis de nombreuses années. DR

L’outil de production se modernise, on utilise l’infusion – le moulage par injection de résine sous vide entre deux moules – pour la construction des bateaux jusqu’à 15 m (site d’Almansa), et les moules sont désormais réalisés avec une fraise numérique cinq axes. En 2008, Astondoa propose l’une des gammes les plus larges de l’industrie nautique avec 25 modèles : cinq Open (de 40’ à 67’), cinq vedettes Fly (de 42’ à 62’), neuf Fly GLX (de 66’ à 122’) et six yachts en acier de 138’.

Innover pour survivre

Mais 2008 est aussi l’année de la crise économique mondiale qui va frapper l’Espagne de plein fouet. Aucun bateau ne se vend et Astondoa n’est pas épargné. Le site de Galice est fermé, celui des petits bateaux, à Almansa, réduit drastiquement la voilure, beaucoup de salariés sont licenciés dans l’usine de Santa Pola qui maintient, malgré tout, une petite activité avec la commande d’un 28 m. La marque survit grâce à des fondamentaux qui ont toujours prévalu : pas de bateaux en stock, pas d’emprunts bancaires, et construire uniquement des unités sur commande.

Toutefois, pour résister à cette épouvantable crise, le constructeur doit se projeter dans l’avenir. Astondoa imagine une nouvelle série pour les années futures. Elle commence, en 2010, par un 33 m suivi par trois nouveaux modèles de 15 m, de 22 m et de 24 m. En quatre ans, toute la gamme est renouvelée.

En 2013, Astondoa présente à Cannes le TopDeck 63, un yacht révolutionnaire, dessiné par Luiz de Basto. Ces dernières années, la fréquence des commandes a repris un cours à peu près normal. Astondoa expose un 72’ au salon international du nautisme de Fort Lauderdale, en Floride, et annonce une série de grands yachts de 27 m à 40 m.

Le TopDeck 63’ a fait une entrée remarquée au salon nautique de Cannes, en 2013.
Le TopDeck 63’ a fait une entrée remarquée au salon nautique de Cannes, en 2013. DR

En 2016, année du centenaire, Astondoa dévoile le 110 Century à Miami et un 65 Coupé au mois de juin. Désormais, l’innovation et le design sont les moteurs du chantier. Ce dernier prévoit de nombreuses nouveautés étonnantes, parmi lesquelles une gamme complète d’Open et de TopDeck signés Luiz de Basto. Rendez-vous dans 100 ans.

Le 110 Century, lancé en 2016, est le symbole de la nouvelle vision du chantier.
Le 110 Century, lancé en 2016, est le symbole de la nouvelle vision du chantier. DR

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