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Emblème de l’industrie automobile, Detroit a littéralement inventé l’agriculture urbaine.
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Agriculture : en route vers une ville comestible ?

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Nouvel eldorado, l’agriculture urbaine divise, récoltant tantôt l’enthousiasme, tantôt le scepticisme. Ce sont pourtant 9 milliards d’êtres humains qu’il faudra nourrir à l’horizon 2050, alors que les terres cultivables se raréfient. De Detroit, la pionnière, à Shanghai, en passant par l’Afrique subsaharienne et Paris, tour d’horizon d’initiatives amenant la campagne à la ville.

Agriculture : Detroit en route vers l’autosuffisance

Fantasme ou nouvelle réalité, le débat autour de l’agriculture urbaine fait rage. Les détracteurs accusent les défenseurs de la ville comestible de végétaliser à tout-va pour suivre ce qui, selon eux, ne serait qu’une mode. Pourtant, l’agriculture urbaine est désormais un sujet à part entière. Considérer qu’elle n’est qu’anecdotique semble bien réducteur au vu des nombreuses initiatives qui fleurissent déjà aux quatre coins de la planète. Erigée comme modèle en la matière, Detroit fut déclarée en faillite en 2011. Cité emblématique de l’industrie automobile américaine, elle a littéralement inventé l’agriculture urbaine. Ses nombreux terrains disponibles sont apparus comme une opportunité sans précédent pour sortir du marasme.

L’« urban farming » a ainsi ressuscité l’image de la ville à grands coups d’hectares à planter et surtout à consommer. Objectif ? Ouvrir la voie de l’autosuffisance dans ce désert alimentaire, idée impensable il y a encore quelques années, tout en réactivant des terrains en déshérence. Aujourd’hui, la métropole du Michigan est ponctuée de vastes potagers urbains et de vergers offrant des produits frais, sains et gratuits aux habitants. Si cet exemple fascine, pourquoi ne serait-il pas reproductible à l’échelle mondiale ? Nombreuses sont les agglomérations qui se sont lancées, car toutes font face au même constat : la raréfaction des terres agricoles, alors qu’il en faudrait toujours plus pour répondre à la croissance démographique.

L’enjeu autour des villes nourricières est aujourd’hui considérable et les projets d’autosuffisance alimentaire se multiplient, d’autant plus qu’il ne s’agit pas uniquement de subvenir aux besoins des citoyens. La réduction des émissions de CO2, la traçabilité, la création d’emplois, la résilience des villes face au changement climatique sont autant de conséquences directes sur le territoire concerné. Beaucoup de villes se sont ainsi inspirées de Detroit. Et celles qui ne disposent pas de terres disponibles n’hésitent pas à tutoyer les cieux pour trouver les mètres carrés qui leur font défaut.

En Afrique subsaharienne, les architectes polonais Pawel Lipinski et Mateusz Frankowski ont imaginé une tour d’agriculture verticale, un modèle destiné à résorber la famine et la pauvreté. Modulable et reproductible, leur projet est lauréat du concours d’idées eVolo Skyscraper 2017.

Mashambas Skyscraper, projet de tour d’agriculture verticale en Afrique.
Mashambas Skyscraper, projet de tour d’agriculture verticale en Afrique. DR

Même les villes les plus polluées du monde n’hésitent pas à se lancer. A Shanghai, l’une des fermes verticales les plus ambitieuses propose quelque 100 hectares à cultiver ! Le Sunqiao Urban Agricultural District offre une piste pour nourrir les 24 millions d’habitants que compte la métropole chinoise. Car, en vingt ans, la Chine a vu disparaître 123 000 km² de terres cultivables pour faire place à l’urbanisation frénétique. Il y a donc urgence à sortir des modes conventionnels en matière de production de nourriture, à l’instar de cette ferme urbaine verticale à vocation éducative. Shanghai ne cache pas ses hautes ambitions et souhaite devenir leader et exemplaire en la matière.

Le Sunqiao Urban Agricultural District, ferme verticale à Shanghai.
Le Sunqiao Urban Agricultural District, ferme verticale à Shanghai. Sasaki

D’un continent à l’autre, développer des cultures maraîchères dans des gratte-ciel n’est plus une vision fantasque, mais une réalité qui commence à faire ses preuves. Car, contrairement aux idées reçues, de nombreux fruits et légumes parviennent à s’épanouir en milieu urbain. « Les légumes ont un cycle de production court – certains pouvant être récoltés dans les 60 jours suivant la plantation – et sont donc parfaitement adaptés à l’agriculture urbaine. Les jardins potagers peuvent être jusqu’à quinze fois plus productifs que les exploitations des zones rurales. Une superficie de 1 m2 peut fournir 20 kg de nourriture par an », indique la FAO, branche des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture.

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