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La popularité de la saga Djinn tient au graphisme d’Ana Miralles, dessinatrice espagnole, et à la qualité des intrigues du scénariste Jean Dufaux.
veronica

Horlogerie

Djinn, une BD entre exotisme et érotisme

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Publiée en seize albums à partir de 2001, la série Djinn est une épopée envoûtante mêlant le rêve à la réalité. Grande aventure mystérieuse de l’autre côté du miroir : bienvenue dans le monde des djinns...

S’il fallait résumer Djinn en quelques mots, il serait tentant de dire que cette série raconte l’histoire d’une femme nommée Kim Nelson. Mais cela serait réducteur. En vérité, Djinn raconte l’histoire de plusieurs femmes, réunies par la grâce de la bande dessinée à travers les continents et les générations, et entre lesquelles les auteurs tissent des liens secrets qui se jouent de l’espace et du temps. Kim Nelson se lance à la recherche de ses ancêtres. Elle retrouve la trace de lady Nelson, épouse d’un diplomate anglais en poste dans l’Empire ottoman, à la veille de la Première Guerre mondiale. En apparence, lady et lord Nelson forment un couple britannique très comme il faut, soumis à la dictature des bonnes manières, tout en pudeur et en retenue. Un couple a priori hermétique à l’atmosphère dans laquelle baigne le pays. Mais il faut toujours se méfier des apparences, on le sait.

La popularité de la saga Djinn tient au graphisme d’Ana Miralles, dessinatrice espagnole, et à la qualité des intrigues du scénariste Jean Dufaux. Ici, la couverture du premier tome, « La favorite ».
La popularité de la saga Djinn tient au graphisme d’Ana Miralles, dessinatrice espagnole, et à la qualité des intrigues du scénariste Jean Dufaux. Ici, la couverture du premier tome, « La favorite ». Dargaud / rita Scaglia

Un personnage va jouer un rôle aussi trouble qu’essentiel : une femme nommée Jade, parée de mystère et de sensualité, favorite du sultan qui l’utilise comme un atout maître dans ses relations politiques avec l’Angleterre. Jade n’est pas une femme comme les autres – et la formule ne relève pas du simple cliché. C’est une djinn. Autrement dit, une créature surnaturelle, envoûtante et dangereuse, qui exerce une irrésistible fascination sur Kim. Djinn retrace la quête spirituelle et personnelle dans laquelle se lance, à corps perdu, Kim Nelson. Jean Dufaux, le scénariste, entre-mêle la grande aventure, l’histoire, l’exotisme et le mystère.

Jean Dufaux, le scénariste de Djinn.
Jean Dufaux, le scénariste de Djinn. dargaud / emilio luizzavala

La saga vogue d’un continent à l’autre en explorant, au il des différents cycles, l’Afrique, puis l’Inde colonisée par l’Empire britannique. Une question affleure peu à peu : Kim Nelson serait-elle une djinn, tout comme Jade ? Jean Dufaux ne se contente pas de traverser les frontières, il joue aussi avec les « vertiges du temps ».

Djinn : exotisme… et érotisme !

Le lecteur est invité à se laisser entraîner par la magie du récit et à laisser son esprit rationnel de côté, car le réel a vite fait de céder la place au fantasme et à l’imaginaire. Et si Kim vit une expérience hypnotique dans l’un des albums, ce même lecteur se demande parfois s’il ne vit pas, lui aussi, une expérience identique. Mais si Djinn est une invitation au voyage et au rêve éveillé, le scénariste ne cache rien de ces « jeux de miroir qui accompagnent toute vie et qui créent nos pauvres illusions », dévoilant un « monde déchiré par la folie des hommes ».

Couverture du tome 4, « Le tatouage ».
Couverture du tome 4, « Le tatouage ». Dargaud / rita Scaglia

Derrière le paravent de l’exotisme se dissimule parfois un univers moins exaltant, fait de cruauté, de violence et de sourdes machinations. La popularité de Djinn tient à la qualité des intrigues imaginées par Dufaux, scénariste prolifique à qui l’on doit de nombreuses bandes dessinées à succès, de La Complainte des landes perduesMurena et de Giacomo C. à Jessica Blandy, sans oublier une interprétation personnelle et stimulante de Blake et Mortimer (L’Onde Septimus). Elle doit aussi beaucoup au graphisme d’Ana Miralles, dessinatrice espagnole, qui retranscrit à merveille, à travers son dessin, l’érotisme subtil des personnages et l’irrésistible fascination des corps féminins, tout comme elle sait traduire avec justesse les lieux qui servent de cadre à l’action.

Ana Miralles, la déssinatrice de Djinn.
Ana Miralles, la déssinatrice de Djinn. Dargaud

Mais au-delà des péripéties et des rebondissements, du fantastique et de la sensualité qui imprègnent la série, il ne faudrait pas oublier que Djinn parle aussi d’amour, comme le rappelait Ana Miralles lors de la parution du quatrième tome. Faut-il croire à l’histoire racontée par les auteurs ? Quel crédit doit-on accorder à cette narration qui oscille sans cesse entre rêve et réalité, entre passé et présent, entre étrangeté et réalisme ? A chacun de trouver sa réponse. Le plus important, c’est de lâcher prise et de se laisser entraîner, à la manière de Kim Nelson…

Extrait du tome 9, « Le Roi Gorille ».
Extrait du tome 9, « Le Roi Gorille ». Dargaud / rita Scaglia

 

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