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A la recherche d’un nouvel ordre mondial... Qui prendra le lead de l'économie mondiale ?
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The Good Business

Un « désordre » mondial dans les années à venir ?

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Le Sud va-t-il écraser le Nord, le dragon chinois, balayer la vieille Europe et renverser le géant américain ? L’Inde va-t-elle parvenir à conjurer son passé, le continent africain réussira-t-il à se dépasser ? Eléments de réponses.

Chine, Etats-Unis, Inde. Les trois plus grandes puissances économiques de la planète seront vraisemblablement encore sur le podium mondial dans vingt ans. Et sans doute dans ce même ordre. C’est ce qu’indiquent toutes les projections des économistes. Mais ce statu quo apparent est trompeur. Comme de nombreux autres pays, ces trois géants présenteront un visage remodelé. Leurs relations entre eux, et avec le reste du monde, seront différentes. Les événements, petits et grands, qui parcourront les deux prochaines décennies ne peuvent pas être tous anticipés par les scénarios des économistes, car ils n’intègrent pas les ruptures et les crises, comme les rechutes du Brésil, par exemple, que l’on croyait sorti d’affaire il y a quinze ans. « Les économistes ont tendance à être trop optimistes dans leurs prévisions de croissance. Dans la réalité, cela ne va jamais aussi vite que prévu », reconnaît Sebastian Barnes, le conseiller du chef économiste de l’OCDE. L’organisme international basé à Paris a travaillé récemment sur le monde de 2065 en se fondant sur quatre types de facteurs : la démographie, la productivité, l’environnement et les inégalités. L’étude des cinquante prochaines années montre que, dans un monde de plus en plus multipolaire, les grandes puissances – Etats-Unis, Europe, Japon, etc. – vont progressivement devoir partager avec la Chine et l’Inde, mais aussi avec quelques autres pays émergents, comme l’Indonésie, le Brésil, le Mexique…

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La France exclue du top 10 mondial

Publié début 2017, le rapport sur « Le monde en 2050 » du cabinet indépendant Price­waterhouse Coopers (PwC) confirme la suprématie des économies chinoise, indienne et américaine, qui représenteront alors 47 % du PIB mondial, contre 41 % aujourd’hui. Selon les calculs de PwC, l’Inde dépasserait les Etats-Unis après 2040, et la part de l’Europe des 27 descendrait sous les 10 % de la richesse mondiale. Six des sept plus grandes économies seraient alors des pays émergents, l’Indonésie s’invitant à la quatrième place, devant le Brésil, la Russie et le Mexique. L’Allemagne, le Japon et le Royaume-Uni reculeraient tout en se maintenant dans le top 10, contrairement à la France, qui occuperait la 12e place au lieu de la 8e et serait devancée par la Turquie. « La forte croissance de ces pays émergents sera soutenue par une démographie dynamique, mais cette évolution devra néanmoins s’accompagner d’investissements dans l’éducation et de réformes des fondamentaux macroéconomiques pour offrir suffisamment d’emplois à la jeunesse de plus en plus nombreuse de ces pays », relativise Vladislava Iovkova, spécialiste en analyses économiques chez PwC. Bref, les projections théoriques d’aujourd’hui ne deviendront demain des réalités que si les pays émergents mènent les bonnes politiques. Une sacrée gageure pour Sebastian Barnes : « Les pays émergents n’atteindront pas la convergence économique s’ils ne se réforment pas, estime-t-il. Or, nous notons depuis cinq ans un ralentissement préoccupant de la vitesse des réformes structurelles dans ces pays. »

Projection du classement mondial des pays.
Projection du classement mondial des pays. Ariel Martín Pérez

Les projections fondées sur le PIB révèlent la richesse des économies nationales, pas celle des populations. D’après PwC, le niveau de revenu moyen des Etats-Unis en 2050 sera encore le double de celui de la Chine et le triple de celui de l’Inde à parité de pouvoir d’achat (en dollars 2016). « Les écarts de revenus moyens se combleront au fil du temps, déclare Vladislava Iovkova. Mais face à des inégalités de revenus croissantes, il est crucial que les bénéfices associés aux évolutions technologiques soient partagés, par exemple, via une politique ambitieuse d’accès équitable à l’éducation. »

Ordre mondial : 10 chiffres clés

0. L’Australie est le seul continent qui n’abritera pas de mégapole de plus de 10 millions d’habitants. D’ici à 2030, il y en aura 41 dans le monde.

1 000 000 000. C’est le nombre d’Indiens en âge de travailler en 2050 ! Davantage qu’en Chine.

1,2 million de kilomètres carrés. C’est l’augmentation de la surface mondiale occupée par les villes, d’ici à 2030, soit 110 km2 par jour ! En Chine, certains prédisent qu’un cordon côtier de près de 1 800 km, entre Hangzhou et Shenyang, sera presque entièrement urbanisé.

27. L’Afrique du Sud serait la 27e puissance économique mondiale en 2050. Une déception pour un pays que beaucoup voyaient rejoindre le top 20.

30 %. Ce serait la part des réserves mondiales de gaz dont disposerait l’Arctique (13 % concernant le pétrole). Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, les pétroliers observent d’un très bon œil l’accélération de la fonte des glaces !

26 478 milliards $. Les Etats‑Unis, malgré un quasi‑doublement de leur PIB entre 2016 et 2038, seront devancés par la Chine et talonnés par l’Inde qui, elle, dépassera l’Europe.

1 sur 5. Ce sera la proportion, à Dubaï, d’emplois offerts par le secteur aéronautique, contre 1 sur 10 actuellement. L’aérien représentera le quart du PIB de cette cité-Etat, emblème d’une mondialisation galopante.

60,8 %. C’est le pourcentage de la population nigériane qui vivra en zones urbaines en 2035. Il est fort probable que, poussé par une incroyable pression démographique, le Nigéria devienne la locomotive d’une Afrique en plein essor, où vivra un quart de la population mondiale.

7e. Le Mexique pourrait rejoindre la Russie, l’Indonésie et le Brésil, dans le top 10 des économies mondiales, en passant de la 11e place en 2016 à la 7e en 2050.

10e place. Le Royaume-Uni pourrait être rétrogradé au 10e rang des puissances mondiales d’ici à 2050. Effet Brexit ? La France, elle, serait éjectée du top 10 et l’Italie du top 20. Les réunions du G7, comme celles du G20, vont vraiment changer de visage…

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