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OneWeb : trois questions à Eric Béranger

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OneWeb, le projet de Greg Wyler, veut combler complètement la fracture numérique d’ici à 2027. Eric Béranger est le Directeur de OneWeb et directeur opérationnel de l’aventure. Exfiltré d’Airbus, il est le seul Français à être à la tête d’une start-up américaine. Interview.

The Good Life : A quel stade en est le projet de OneWeb aujourd’hui ?

Eric Béranger : Grâce au travail acharné de nos équipes, chez OneWeb nous tenons un calendrier que beaucoup qualifiaient d’impossible il y a encore quelques mois. Jugez plutôt : nous avons inauguré notre première usine, à Toulouse, en juin dernier, où la production des premiers satellites a déjà démarré. Nous sommes en train de finaliser l’installation de nos premières antennes près du pôle Nord, sur l’archipel de Svalbard, et notre premier centre opérationnel de contrôle est en place en Virginie, aux Etats-Unis.

Eric Béranger, directeur de OneWeb.
Eric Béranger, directeur de OneWeb.

TGL : Comment va se dérouler la production des satellites, entre Toulouse et la Floride ?
E. B. : Il y a 900 satellites à produire en quelques mois, c’est un rythme que l’industrie satellitaire n’a jamais connu. Pour vous donner une idée, un satellite traditionnel nécessite de 12 à 36 mois de production, et nous allons en sortir jusqu’à trois par jour ! Afin de réussir ce défi, nous avons mis en place un modèle industriel inédit : à Toulouse, la conception, la production ainsi que les tests des premiers exemplaires et de la chaîne de production; en Floride, la production en grande série.

900 satellites à produire en quelques mois : ce sont les rythmes de OneWeb.
900 satellites à produire en quelques mois : ce sont les rythmes de OneWeb. photo courtesy of OneWeb

TGL : Quel enjeu cela représente-t-il pour l’industrie spatiale ?
E. B. : Il y aura un avant et un après OneWeb, non seulement pour l’industrie spatiale, mais aussi pour celle des télécoms. Le fait de produire et de lancer plusieurs dizaines de satellites par mois ouvre des possibilités immenses aux acteurs du spatial, notamment grâce aux économies d’échelle que nous rendons possibles. Je suis certain que ces réductions de coût profiteront à tous, y compris aux agences spatiales, en particulier pour des missions scientifiques et d’exploration de l’Univers. Quant au monde des télécoms, il va bénéficier de notre capacité à étendre les réseaux existants jusque dans les endroits les plus reculés, à un coût abordable, et vous verrez aussi le développement d’applications qu’on n’imagine même pas encore. Vous allez voir de quoi sont capables tous les « good minds » humains une fois connectés !

Chiffres clés

Il existe aujourd’hui environ 1 500 satellites opérationnels tournant autour de la Terre, dont à peu près 50 % font office de satellites de communication. La moitié d’entre eux sont placés sur des orbites basses, à quelques centaines de kilomètres au-dessus de nos têtes. Une centaine sont en orbite moyenne, à environ 20 000 km de la surface terrestre. Une petite cinquantaine se trouvent sur une orbite elliptique, et un peu plus de 500, sur orbite géostationnaire, à 36 000 km. Depuis Spoutnik 1, plus de 5 500 engins spatiaux ont été lancés. OneWeb prévoit la mise en place de plus de 2 500 satellites tournant sur orbite basse. Une première commande de 900 satellites est programmée : 648 prévus sur orbite et environ 250 de secours. Chaque satellite pèse entre 150 et 200 kg et affiche une capacité de 10 Gb/s. En rythme de croisière, 15 satellites seront produits chaque semaine, une cadence jamais vue dans l’industrie spatiale. Ils seront lancés par grappe de 32 à 36 toutes les trois semaines. Coût de revient par satellite : entre 400 000 et 500 000 $, contre 100 et 150 M $ pour un satellite de télécommunications courant. Coût estimé du projet: 3 Mds $. Nombre de personnes qui œuvrent dans le monde dans le cadre du système OneWeb : 1 450, dont 250 sont membres de l’équipe projet.

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