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Bernar Venet
Bernar Venet devant une « Ligne Indéterminée ».
melanie

Culture

La collection de Bernar Venet comme une constellation

Culture

Pour mieux comprendre le fonctionnement des lieux d'exposition d'art contemporain, The Good Life a rencontré le collectionneur et fondateur de la Venet Foundation.

The Good Life : M. Venet, Vous avez acheté la propriété du Muy il y a longtemps, mais vous l’avez transformée en un lieu d’exposition il y a deux ans seulement. Pourquoi ?

Bernar Venet : Au départ, je n’avais pas l’ambition de créer un musée, mais j’ai toujours aimé m’entourer d’œuvres significatives. Au début, c’était celles de mes amis artistes avec qui je faisais des échanges : Arman, César et Ben, à Nice, puis, lorsque je me suis installé à New York, Kosuth, On Kawara, Judd, LeWitt ou Stella. Quand ma carrière a décollé et que j’ai commencé à gagner des sous, je les ai aussitôt dépensés dans l’achat d’œuvres. En 1989, j’ai acquis une propriété au Muy, constituée d’un moulin et d’une ancienne usine. A l’époque, je voulais juste un lieu pour entreposer les œuvres de ma collection, mais, de fil en aiguille, je me suis dit que ce serait bien de les partager.

Bernar Venet devant une « Ligne Indéterminée ».
Bernar Venet devant une « Ligne Indéterminée ». François Baille

TGL : Votre fondation relève-t-elle d’un désir de montrer les œuvres que vous aimez dans des conditions idéales ?

B. V. : Absolument. Il y a longtemps, mon ami Donald Judd me montrait des diapositives de son projet de fondation Chinati, à Marfa, mais je n’ai pas réalisé l’ampleur de son ambition. Je me suis rendu à Marfa après la mort de Donald, et j’ai eu un choc devant ses magnifiques cubes de béton et d’aluminium côtoyant des installations de Carl Andre, de Dan Flavin et de Richard Long. Je me suis dit : pourquoi ne pas faire la même chose en France ?

La chapelle de Frank Stella a été construite en juin 2014 dans le parc de sculptures de la Venet Foundation.
La chapelle de Frank Stella a été construite en juin 2014 dans le parc de sculptures de la Venet Foundation. Jérôme Cavalière

TGL : Quelle différence faites-vous entre une fondation ouverte par un collectionneur et une fondation ouverte par un artiste ?

B. V. : La plupart des gens ne comprennent pas que j’aie dépensé plus de 2 M € pour présenter d’autres artistes que moi-même ! Mais c’est dans mon tempérament. Cette collection, c’est mon legs. Je veux que les gens comprennent les échanges qui se sont opérés entre des artistes d’une même génération qui étaient tous très liés et qui ont fait l’histoire de l’art du XXe siècle. Ma collection est comme une constellation, elle est régie par des liens d’amitié et d’admiration réciproques, elle est cohérente et n’obéit à aucun critère de spéculation. Je veux qu’elle reste intacte et ne soit pas dispersée. Pour moi, cette collection, c’est une œuvre en soi.

Le pont-tube, Bernar Venet.
Le pont-tube, Bernar Venet. Serge Demailly

Pratique

Le 15 juin la Venet Foundation inaugurait son exposition estivale consacrée à l’artiste américain minimaliste Fred Sandback.

« Fred Sandback – Pedestrian Space » 
Jusqu’au 15 septembre 2017
Visite les jeudis après-midi et vendredis, sur réservation uniquement.
Venet Foundation
Chemin du Moulin des Serres, Le Muy

www.venetfoundation.org

Dernière collaboration avec Yves Klein, 1988, de Jean Tinguely, Venet Foundation.
Dernière collaboration avec Yves Klein, 1988, de Jean Tinguely, Venet Foundation. Bâle

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