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Richard Mille, l’ultraluxe horloger
Il faut cinq jours à un horloger pour assembler un kit de 10 montres.
melanie

The Good Business

Visite du QG suisse de Richard Mille, l’horloger ultraluxe

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Depuis son lancement, en 2001, Richard Mille connaît une ascension fulgurante. Non contente d’avoir ébranlé le microcosme de la haute horlogerie en introduisant des modèles au design radical, à la technologie folle et aux prix stratosphériques, la marque s’installe dans une croissance pérenne. The Good Life était en Suisse pour visiter son QG.

Richard Mille, un positionnement de niche qui s’est révélé lucratif

Le groupe réalise un chiffre d’affaires de 225 millions de francs suisses (environ 210 millions d’euros) en 2016, avec une progression de plus de 20 % par rapport à l’année 2015. La marque a su flairer les prémices d’une nouvelle caste de consommateurs internationaux (supra argentés) sensibles à cet ultraluxe technologique. Les ventes sont d’ailleurs globalement très équilibrées : 40 % en Asie, 30 % en Europe et au Moyen-Orient, et 30 % aux États-Unis et en Amérique ­latine. L’objectif de production est d’environ 4 000 montres cette année contre 3 200 l’année précédente. La marque sait entretenir une forme de rareté et d’exclusivité, tout en proposant chaque année de nouveaux modèles.

Julien Boillat, directeur technique habillage.
Julien Boillat, directeur technique habillage. Albertine Guillaume

Julien Boillat, directeur technique habillage, nous conduit dans ses quartiers de recherche et développement. C’est là que les prouesses technologiques naissent et sont conceptualisées. Une vingtaine de personnes sont réparties sur deux pôles : habillage et mouvement travaillent en étroite collaboration dans les mêmes bureaux techniques. Le processus est simple et ouvertement résumé par Julien Boillat : « Il n’y a pas de contrainte de coût. On teste et on analyse les résultats. » L’espace est rempli d’écrans d’ordinateurs sur lesquels s’affichent des vues en 3D plus sophistiquées les unes que les autres. On aperçoit la complexité du modèle développé en partenariat avec McLaren, disséqué par un logiciel. Les tiroirs regorgent de prototypes et d’essais qu’on n’hésite pas à nous montrer et qu’on s’amuse à manipuler. On perçoit une ambiance bouillonnante et bon enfant.

Dans l’atelier contrôle qualité, la plus haute précision est exigée.
Dans l’atelier contrôle qualité, la plus haute précision est exigée. Albertine Guillaume

Les partenariats avec les industries automobile ou aéronautique donnent lieu à une collusion de savoir-faire inédits. Ici, l’alliage titane-­aluminium utilisé pour les pales des turbines des jets Airbus a été usiné pour constituer le boîtier du modèle RM 50‑02 ACJ développé avec Airbus Corporate Jets. Là, la première platine squelettée dite « monocoque » pour le RM 27-02 est une structure directement inspirée des châssis des voitures de course qui permet d’accroître la rigidité et la résistance aux chocs. Le vice du détail et de la précision infernale est poussé à son paroxysme dans la recherche esthétique. Lunette en céramique, verre saphir, carbone North Thin Ply Technology, quartz Thin Ply Technology, titane, graphène… Les échantillons s’accumulent et l’œil inexpérimenté doit déployer des efforts d’imagination pour apprécier à leur juste valeur ces matériaux technologiques qui justifient les prix exorbitants des montres. Le modèle RM 50-02 ACJ est, entre autres, édité à 30 exemplaires et vendu à plus de un million d’euros. Dans ce cas, les moyens justifient immanquablement la fin.

Lunettes en titane de futures « RM 030 ».
Lunettes en titane de futures « RM 030 ». Albertine Guillaume

Cette partie technologique en constante ébullition laisse ensuite place aux ateliers d’assemblage plus traditionnels. Un discret sas de sécurité nous conduit dans une grande salle baignée d’une lumière cotonneuse, dans un silence absolu. Attablés à des postes de travail surélevés, les bras reposant sur des accoudoirs en cuir, ces techniciens de la précision en blouse blanche sont tous affairés à leurs opérations horlogères. Les gestes sont d’une minutie chirurgicale et témoignent d’une dextérité fascinante. « Tous nos horlogers sont formés sur l’assemblage complet des mouvements Richard Mille, explique Patrick Mosser, le chef d’atelier. Ici, nous réceptionnons les kits qui ont été préparés au sous-sol. Pour un kit de dix montres, il faut en moyenne cinq jours pour réaliser un montage complet. Chaque horloger est responsable de son mouvement et il en assure le suivi dans sa totalité. »

Patrick Mosser, le chef d’atelier.
Patrick Mosser, le chef d’atelier. Albertine Guillaume

Chaque opération est sanctionnée par un contrôle de qualité drastique qui devra s’assurer de la perfection de l’intervention humaine. Cette dernière est essentielle puisqu’elle compte pour plus de 60 % dans la fabrication d’une montre, toutes étapes confondues. Les ­matériaux et la technologie ont certes ­évolué, la rigueur et l’adresse sont, quant à elles, millénaires. Inlassablement, les horlogers chez Richard Mille s’occupent de donner vie aux mécanismes et de faire battre le cœur des montres.

Prix d'une montre Richard Mille

  • Le plus bas : 72 500 €, pour la RM 07‑01.
  • Le plus élevé : 2 121 000 €, pour la RM 056 Jean Todt.
  • Prix moyen : 180 000 €.

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