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L’ancien fort Rouillé, construit par les français en 1750, est devenu la plus grosse ville du Canada.
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Les acteurs majeurs de l’économie torontoise 2/2

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The Good Life a rencontré quatre personnalités du monde des affaires torontoises : Piers Handling, Galen Weston Jr., Andrea DelZotto et Charles Khabouth. Ils nous dévoilent leurs parcours et les clefs de leur réussite pour faire bouger l'économie canadienne.

  • Andrea DelZotto (@andreadeezee), membre de l’équipe dirigeante du groupe immobilier Tridel
Andrea DelZotto, membre de l’équipe dirigeante du groupe immobilier Tridel.
Andrea DelZotto, membre de l’équipe dirigeante du groupe immobilier Tridel. Marion Gambin

C’est à la famille DelZotto que Toronto doit la plupart de ses « condos », ces résidences d’appartements de standing en copropriété qui continuent de sortir de terre à un rythme soutenu. « Fuyant les difficultés économiques, mon grand-père a quitté son village natal du Frioul, en Italie, pour tenter sa chance au Canada à la fin des années 20. Après avoir travaillé un an dans les mines d’or du nord-est de l’Ontario et mis un peu d’argent de côté, il a décidé de tenter sa chance à Toronto, convaincu qu’il pouvait espérer davantage de ce grand pays. Artisan maçon, il a commencé par de ­petits boulots, avant de construire sa première maison. Depuis, Tridel en a construit plus de 80 000 à Toronto. » Héritière de cette histoire, Andrea DelZotto est néanmoins de la génération du numérique, des réseaux sociaux, des enjeux environnementaux et de l’émergence des grandes métropoles mondiales. « Nous avons grandi avec la ville. Nous connaissons bien le marché et ses acteurs. »

Cet ancrage dans la communauté business fait partie des forces de Tridel. Le groupe a développé une stratégie verticale de l’industrie immobilière intégrant la promotion, la construction et la gestion des actifs. A travers plusieurs sociétés, le groupe Tridel emploie aujourd’hui plus de 1 000 personnes. Les comptes ne sont pas publiés et la culture d’entreprise reste très familiale. « Nous nous appuyons sur des partenariats pour nous développer. Nous n’avons pas besoin d’entrer à la Bourse pour lever des fonds, et la famille est représentée dans tous les organes de direction. »

Andrea DelZotto accompagne les bouleversements nés des nouvelles technologies et des défis environnementaux. « Dans un monde en pleine transformation, nous continuons de transmettre nos valeurs tout en investissant dans l’innovation et les nouveaux vecteurs de communication. » Créer et animer, via les réseaux sociaux et son blog, une communauté de copropriétaires engagés dans la vie des condos et dans les évolutions de l’offre de services fait partie, selon la jeune femme, des nouveaux paradigmes de Tridel. « A l’époque de mon grand-père, on n’avait pas encore conscience de notre impact sur la planète. ­Aujourd’hui, dans un pays où 80 % de la population vit en ville, cet enjeu est devenu crucial. Nous travaillons non seulement à mesurer et à diminuer notre impact sur l’environnement, mais nous cherchons également à trouver des solutions innovantes et créatives. »

  • Charles Khabouth, fondateur et patron d’Ink Entertainment (@INKent)
Charles Khabouth, fondateur et patron d’Ink Entertainment.
Charles Khabouth, fondateur et patron d’Ink Entertainment. Marion Gambin

L’histoire de Charles Khabouth a tout de la success-story à la canadienne. Né à Beyrouth, il a fui la guerre en 1975 à bord d’un bateau de pêcheur et est arrivé, à 15 ans, à Toronto, où se trouvaient déjà quelques membres de sa famille. « J’ai grandi dans une famille libanaise chrétienne aisée. Dans les années 70, ­Beyrouth était une ville sophistiquée, et j’ai eu un choc en arrivant ici. On me demandait si je me déplaçais à dos de dromadaire – alors que la première fois que j’en ai vu un, c’était au zoo de Toronto ! »

Après ses études, il a enchaîné les petits boulots, avant d’ouvrir son premier club, en 1984. Le premier à Toronto où on pouvait entendre de la house-music. Un succès suivi par d’autres, toujours plus grands, plus extravagants et plus remplis. Les stars de passage – Prince, Madonna… – s’y retrouvent avec les socialites de la ville, après avoir dîné, bien sûr, dans l’un de ses restaurants. Aujourd’hui, Charles Khabouth est à la tête d’un petit empire de l’hospitality business, avec 2 500 employés, 11 restaurants, des clubs et des salles de concert, non seulement à Toronto, mais aussi aux chutes Niagara, à Montréal, à Miami et à Dubaï. Son siège de Yorkville est décoré d’œuvres d’art contemporain et fourmille d’assistantes qui veillent à la bonne fluidité de sa journée chargée.

Son dernier projet est un hôtel dont l’ouverture est prévue en mai. Le premier de ce qu’il espère devenir une chaîne internationale. Pour l’occasion, il s’est associé au promoteur Lifetime Developments, qui construit, au cœur de l’Entertainment District, un immeuble de 44 étages comprenant une centaine de chambres d’hôtel et 300 condos. C’est son grand projet, il y met tout de lui : son véritable prénom, « Bisha », son amour du design et du glamour – le design de l’un des étages a été confié à Lenny Kravitz –, certaines des œuvres d’art de sa collection et, surtout, son ambition. « Ça sera un hôtel de luxe, mais moins guindé qu’un Four Seasons, moins cher aussi. Plus fun, plus jeune, avec une grande attention portée aux détails. Je vais y installer un restaurant japonais avec le chef Akira Back, du Yellowtail, à Las Vegas. Je ne veux pas d’un nom archiconnu comme on en voit aujourd’hui dans tous les hôtels. Je vois grand. Aussi grand, plus grand même que Four Seasons, qui est la seule grande marque hôtelière canadienne. Je ne le verrai peut-être pas. Mais mes enfants, si. »

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