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Aéroport Paris-Orly prévue en 2019
Le parvis des arrivées du futur bâtiment de jonction. D’une superficie de 80 000 m2, ce dernier reliera les deux terminaux existants afin d’assurer une connexion parfaite. Sa mise en service est prévue pour 2019.
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Aéroport Paris-Orly : retour vers le futur

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L'aéroport d'Orly s'est lancé dans un plan absolument titanesque de modernisation visant à en faire une infrastructure incontournable, mondiale et connectée. Sa longue histoire, constituée de rayonnements et de revers, témoigne de l'évolution de cet objet urbain atypique qu'est l'aéroport.

Chronique d’une obsolescence annoncée

Alors qu’il avait été conçu pour être à l’avant-garde du progrès et anticiper le futur trafic aérien, Orly a fait face à la massification et au développement aéroportuaire tant bien que mal. Le terminal Ouest a ouvert ses portes en 1971, tandis que les pouvoirs publics décidaient la construction de l’aéroport Paris-Nord, à Roissy, dès 1965. Au fil des années, ce dernier s’impose et finit par surpasser le premier, qui, malgré d’incessants chantiers de réajustement, se trouve limité dans son expansion et peine à s’adapter aux nouvelles exigences de la circulation mondialisée.

L’aéroport Paris-Orly lors de son inauguration en 1961.
L’aéroport Paris-Orly lors de son inauguration en 1961. Groupe ADP

Chronologie

  • 1945 : création de l’établissement public L’Aéroport de Paris.
  • 1946 : premier terminal provisoire de Paris-Orly.
  • 1947 : construction de la première piste « en dur » de l’aéroport, dite piste « numéro 3 ».
  • 1952 : Air France quitte Paris-Le Bourget pour Paris-Orly.
  • 1961 : inauguration du terminal Sud par le général de Gaulle.
  • 1962 : Paris-Orly accueille plus de visiteurs (3,4 M) que le château de Versailles.
  • 1965 : création de l’aéroport de Paris-Nord à Roissy.
  • 1967 : début des travaux de construction de Paris‑Ouest.
  • 1969 : le terminal Sud de Paris-Orly atteint les 9 M de passagers, soit moitié plus que sa capacité théorique.
  • 1971 : le terminal Ouest ouvre ses portes.
  • 1986 : mise en service du Hall 4 de Paris-Orly-Ouest.
  • 1989 : L’Aéroport de Paris devient Aéroports de Paris (ADP).
  • 1991 : création du métro Orlyval (plus de 2 M de voyageurs par an).
  • 1995 : implantation d’une maison de l’environnement à Paris-Orly.
  • 2005 : ADP devient société anonyme.
  • 2006 : ouverture du capital et introduction en Bourse.
  • 2012 : présentation d’un grand projet de modernisation à l’horizon 2018.
  • 2013 : lancement de Cœur d’Orly, projet urbain phare du Grand Paris, écoquartier d’affaires et d’espaces de services tertiaires associant immeubles de bureaux, commerces, hôtels, etc.
  • 2014 : réaménagement des abords des terminaux et des accès aux parkings.
  • 2015 : inauguration de la « jetée internationale » et début des travaux du bâtiment de jonction.
  • 2016 : Aéroports de Paris devient Paris Aéroport (groupe ADP).
  • 2019 : mise en service de la jonction reliant Orly-Ouest et Orly-Sud.
  • 2024 : accueil des lignes 14 et 18 dans le cadre du projet du Grand Paris.

« En 1961, du fait de sa grande cohérence, Orly était comparable à une œuvre totale, explique Nathalie Roseau, maître de conférences à l’École des ponts ParisTech et chercheuse au Laboratoire techniques, territoires et sociétés (LATTS). Il a fallu ensuite travailler à partir de l’existant, avec des contraintes qui n’ont cessé d’augmenter, comme la croissance du trafic aérien, les conditions de sûreté ou les impératifs commerciaux. C’est pour ça que, d’un point de vue architectural, ces lieux se caractérisent par une obsolescence presque chronique. » D’une part, les nouvelles injonctions économique, écologique et sécuritaire ont complexifié l’objet urbain. D’autre part, les difficultés se sont multipliées. « Paris-Orly a connu des moments difficiles, explique Franck Mereyde, directeur de l’aéroport Paris-Orly. Quand Air France a créé un hub passagers, au début des années 90, la majorité des vols internationaux a été transférée sur Paris‑Charles-de-Gaulle. Comme Air France représentait près de la moitié de l’activité, cette stratégie a transformé Orly en ­aéroport principalement domestique, à partir de 1996. Au début des années 2000, il y a eu un regain d’activité important avec Air liberté, mais la faillite de la compagnie quelques années plus tard a été un coup dur. »

Les conséquences sont immédiates

Le nombre de passagers passe de 27 millions, dans les années 90, à 22 millions, en 2003. « Mais, depuis cinq ans, tempère Franck Mereyde, dans le prolongement de la libéralisation du transport aérien en Europe et le développement de nouvelles compagnies moyen-courriers, le trafic passagers est en augmentation et, pour la première fois cette année, la part des vols européens est supérieure à celle des vols domestiques. » Ainsi la dérégulation du transport aérien, avec l’ouverture des destinations européennes et l’arrivée du low-cost, offre-t-elle une issue salutaire à Paris‑Orly. En 2017, son trafic aérien devrait passer la barre des 30 millions de passagers (contre 29,6 millions en 2015) et le taux d’emport moyen (nombre de passagers par avion) est également en augmentation (114 en 2009 et 130 en 2015). Il n’en fallait pas plus au groupe Aéroports de Paris (ADP) pour se lancer dans un plan de réaménagement sans précédent de la plate-forme.

Entre-temps, l’établissement public est devenu société ­anonyme en 2005. Un an plus tard, celle-ci a ouvert son capital et a été introduite en Bourse. Une évolution qui confirme les impératifs de la privatisation et de la mise en concurrence mondiale, se traduisant par une diversification des activités. D’ici à 2020, un investissement sur fonds propres de 1,5 milliard d’euros est prévu pour la résurrection du site. En 2014, les abords et les esplanades des terminaux Sud et Ouest ont été entièrement restructurés. En 2015, la nouvelle « jetée » internationale est inaugurée à l’est du terminal Sud. Dédiée au trafic international et construite dans la continuité du Hall A, la nouvelle salle d’embarquement déploie tous les avatars de la standardisation mondiale. Volume et sensation d’espace (12 000 m2 au total), gestion des flux (deux niveaux pour l’embarquement et le débarquement), ­services en tous genres (restaurants, piano, babyroom…), facilité et, surtout, homogénéité (copie du hall M du terminal 2E de l’aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle).

Le hall d’enregistrement du futur bâtiment de jonction de l’aéroport d’Orly.
Le hall d’enregistrement du futur bâtiment de jonction de l’aéroport d’Orly. Groupe ADP
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