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Laurence Zitvogel
Laurence Zitvogel.
melanie

The Good Business

Laurence Zitvogel, l’ennemie du cancer

The Good Business

Pour elle, l’urgence absolue, c’est de trouver. Encore et encore. The Good Life rencontre le médecin à la tête de la cellule de recherche Immunologie des tumeurs et immunothérapie contre le cancer à l’Institut Gustave Roussy.

Les voies possibles de l’immunothérapie

D’autres semblent avoir cerné le problème : « A force de se diviser, les cellules cancéreuses accumulent des mutations génétiques, elles ne sont plus du “soi”… mais elles ne sont pas complètement étrangères non plus. » Du coup, elles sont parfois reconnues, parfois pas. Et ce destin tiendrait à la qualité de la police du système immunitaire dont la fonction est d’éliminer toutes les cellules immunitaires pouvant s’attaquer au soi. Si cette police est trop tatillonne, le système immunitaire se retrouve incapable d’attaquer les cellules cancéreuses, d’où l’échec de la thérapie. De fait, en immunothérapie, il y a désormais plusieurs voies possibles : si le système immunitaire ne reconnaît pas les cellules cancéreuses, il faudrait l’éduquer, notamment avec une approche vaccinale testée par la chercheuse. S’il les reconnaît un peu, il s’agira de le booster de façon ­directe, ou non.

Un mécanisme fortuit

Car en 2013, Laurence Zitvogel a découvert un mécanisme tout à fait inattendu lié à l’influence de la flore intestinale. Explications : certaines chimiothérapies rendent les parois du tube digestif poreuses, ce qui a pour conséquence de laisser passer certaines bactéries dans le sang. Ce phénomène, très dangereux, est paradoxalement très utile à la chimiothérapie, puisqu’il stimule le système immunitaire. Cette découverte pourrait engendrer une nouvelle cohorte de recherches, à la croisée de l’immunologie, de la microbiologie et de la cancérologie. « Et créer une discipline, croyez-moi, cela prend du temps. » Sans parler, de la spin-off que la chercheuse monte autour de cette trouvaille. « Du coup, il y a quelques mois, j’ai dû abandonner mon travail auprès des patients. Ce n’était plus là où j’étais le plus performante… Et à force de m’investir à 1 000 %, j’étais devenue trop désagréable », sourit-elle. Aujourd’hui, elle dit n’être plus qu’à 400 %. « Plus on vieillit, plus le temps compte. Il est tellement rare d’être à sa puissance maximale, d’avoir tout ce qu’il faut pour avancer, que je ne peux que m’investir à corps perdu dans mon travail. »

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