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Quartier des affaires de Canary Wharf, Londres
Le quartier des affaires de Canary Wharf est le plus grand « hub » bancaire et le plus grand incubateur de start-up de fin-tech d’europe.
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The Good Business

Londres, le leader de la fin-tech mondiale… pour le moment

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Londres fournit incontestablement le terreau idéal pour la floraison de la fin-tech et compte bien, malgré le Brexit, s’établir dans la durée comme la capitale mondiale des technologies financières innovantes.

Londres a la plus grande concentration de diplômés du monde (Eurostat) et près de 40 % de la population est née à l’étranger. Un avantage certain en pleine guerre des talents dans le secteur technologique. Dans ce contexte, il n’est pas surprenant qu’un nombre croissant de sociétés de fin-tech s’y épanouissent, comme les plates-formes de transfert d’argent (Currency Cloud, Transferwise et Azimo), ou encore celles de crowdfunding (Seedrs, Zopa, Crowdcube ou Syndicate Room). Parmi les start-up de FinTech50, une liste annuelle des sociétés européennes présentant le plus de potentiel dans ce secteur, 29 sont basées à Londres, à l’image d’Applied Blockchain, de SETL, de Coinsilium – la nouvelle génération de start-up de la fin-tech spécialisée dans les crypto-devises et les blockchains, un outil technologique inédit de stockage et de transmission d’informations qui promet de révolutionner les échanges.

Un nombre croissant de sociétés de fin-tech s’épanouissent dans le quartier d’affaires.
Un nombre croissant de sociétés de fin-tech s’épanouissent dans le quartier d’affaires. Bloomberg / Getty Images

L’avenir post-Brexit de la fin-tech

Cependant, depuis le non des Britanniques au référendum sur le maintien de leur pays dans l’Union européenne, la prédominance de Londres est menacée. Quelques jours seulement après le vote, des camions avec des placards vantant les mérites de Berlin ont paradé près du centre névralgique des start-up numériques, à Silicon Round­about, dans l’est de la ville. Paris, Dublin et Luxembourg leur font aussi de l’œil. « Quand nous avons commencé en 2012, nous avons choisi Londres pour nous développer, car c’était l’endroit idéal », raconte Marta Krupinska, cofondatrice et directrice générale d’Azimo, créateur du plus grand réseau de transfert d’argent en ligne du monde. « Le Brexit va compliquer la donne pour les fin-tech de Londres. Sans compter le problème de la libre circulation : 80 % de nos employés à Londres sont nés en dehors du Royaume-Uni. Or, nous avons vraiment ­besoin, pour avancer, des meilleurs talents du monde »déplore cette expat polonaise.

Marta Krupinska est la cofondatrice et la directrice générale de la start-up Azimo, service de transfert low-cost d’argent en ligne.
Marta Krupinska est la cofondatrice et la directrice générale de la start-up Azimo, service de transfert low-cost d’argent en ligne. Wojtek Kogut

Pour l’instant, pas encore d’apocalypse. La communauté des investisseurs fin-tech semble continuer de croire en Londres. Quelques semaines seulement après le résultat du référendum, l’une des plus grandes plates-formes de prêts de pair à pair, MarketInvoice, star de la fin-tech londonienne fondée par des étudiants de Cambridge, annonçait qu’elle avait pu lever 7,2 millions de livres. « Le Brexit ne retirera pas à Londres sa couronne de capitale de la fin-tech », assure, confiant, Cameron Stevens, fondateur de Prodigy Finance, une société de fin-tech qui finance les étudiants en MBA. « Oui, les start-up de la tech vont subir une légère baisse des investissements à court terme. Oui, on va aussi probablement voir l’immigration diminuer et perdre le passporting, ce qui rendra l’accès aux marchés européens plus difficile », admet-il.

Cameron Stevens, créateur de Prodigy Finance, fin-tech qui finance les étudiants en MBA.
Cameron Stevens, créateur de Prodigy Finance, fin-tech qui finance les étudiants en MBA. Ashley Marie Miles

Ces grandes banques qui copient la fin-tech

Les banques pourraient perdre jusqu’à 60 % de leurs revenus dans les activités de détail au profit des sociétés de fin-tech, estime McKinsey & Company dans son rapport annuel sur le secteur bancaire. « Les changements à venir ces dix prochaines années seront moins visibles que la crise financière mondiale ou que l’éclatement de la bulle tech des années 2000, mais leur impact sur l’écosystème des banques et sur leur modèle commercial sera pourtant beaucoup plus significatif », estime le consultant. Paul Bennett, directeur de la location de bureaux à Londres au sein de l’agence immobilière Savills, constate déjà des changements importants dans le mode de fonctionnement des banques. « Dans un contexte de guerre des talents – où de nombreux employés rejoignent les sociétés tech plutôt que les services financiers –, nous voyons beaucoup d’entreprises du secteur financier en train d’adopter les méthodes des start-up en termes de ressources humaines afin d’offrir des conditions de travail plus collaboratives et plus flexibles. Les banques veulent créer un cadre plus relax, moins corporate et beaucoup plus design, comme les start-up. A Londres, on évolue vers des bureaux de type loft pour refléter la culture café de la génération Y. Il s’agit de proposer un environnement plus créatif, ainsi que d’excellents services : des salles de sport, des douches, des endroits pour garer son vélo, des cafés, et même des bars. » Quand elles ne les copient pas, les banques rachètent tout simplement les sociétés de fin-tech pour rester innovantes : en Europe, une banque sur cinq en acquerrait bien une selon un sondage IDC et SAP publié en juin cette année. Exemple : Barclays, qui s’est offert la fin-tech spécialiste des paiements et des points fidélité Logic en 2014. Par ailleurs, l’ancien patron du mastodonte bancaire britannique, Antony Jenkins, a, depuis août 2016, pris la tête d’une entreprise de fin-tech, Currencies Direct, et prévient qu’un raz-de-marée de nouvelles technologies menace de bouleverser le secteur.

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