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Gare de Shanghai-Hongqiao
D’une superficie de 1,3 million de mètres carrés, la gare de Shanghai-Hongqiao est stupéfiante par son immensité et par l’effervescence qui y règne en permanence.
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The Good Business

Immersion au cœur de l’hallucinante gare de Shanghai-Hongqiao

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Shanghai possède quatre gares principales, qui sont réparties tels des points cardinaux dans la ville. Si trois d’entre elles sont des héritages du XXe siècle, celle de Shanghai‑Hongqiao est un pur produit de la nouvelle Chine. Un lieu hybride et complexe, à l’image des ambitions ferroviaires du pays. Y prendre le train, c’est faire l’expérience physique du gigantisme et de la démesure.

En chiffres

La gare de Shanghai-Hongqiao, c’est 19 000 km de réseau ferré (le plus long du monde),54 M de voyageurs par an et 3 800 Mds ¥ (530 Mds €) de budget prévu par le 13e plan quinquennal (2016‑2020) pour le développement du réseau.

La bousculade commence dès la sortie du métro. Tout est une question de rythme. Le mieux est encore d’accepter de se laisser emporter, ou même porter, par le flot humain qui s’engouffre sans hésiter dans le dédale d’Escalator et de couloirs.

Quelques discrets panneaux en anglais, laconiques, indiquent malgré tout que nous sommes sur la bonne voie. L’immense Escalator offre un moment de répit et une première typologie de voyageurs. La communication est difficile et se conclut inéluctablement par des sourires dépités.

On finit par accéder au hall des départs. Nouvelle course pour choisir sa file d’attente et pour passer les contrôles de sécurité. Bagages scannés, corps palpés et, enfin, l’arrivée dans le cœur névralgique de la gare de ­Shanghai‑Hongqiao.

La gare fait partie du pôle d’échanges multimodal de Hongqiao, qui pousse à son paroxysme le concept d’intermodalité.
La gare fait partie du pôle d’échanges multimodal de Hongqiao, qui pousse à son paroxysme le concept d’intermodalité. Raphael Olivier

L’immensité du lieu est stupéfiante. Pour prendre la mesure du vertige, il faudra accéder à la mezzanine, depuis laquelle la vue est saisissante. Un ­espace de 10 000 m2 qui s’offre sans obstacles et dans lequel est condensée une foule compacte et mouvante de voyageurs. ­Shanghai s’est construite autour de la mobilité. Trois de ses gares ­historiques (Shanghai-Sud, Shanghai-Ouest et la nouvelle gare de ­Shanghai, anciennement Shanghai-Nord) datent du XXe siècle et ont été rénovées dans les années 2000.

La gare de Shanghai-Hongqiao, elle, a été inaugurée en 2010, après deux ans de travaux. Située à l’ouest du centre-ville et au sud de l’aéroport Shanghai-Hongqiao, c’est un écrasant parallélépipède de 1,3 millions de mètres carrés. Elle abrite quatre niveaux savamment optimisés pour dissocier les flux et garantir une mobilité fluide.

L’accès aux transports en commun se fait par un premier niveau, qui abrite une liaison directe avec l’aéroport de Hongqiao. Le deuxième niveau accueille les plates‑formes d’arrivée, le troisième intègre celles de départ, et le dernier se compose d’une salle d’embarquement et d’une mezzanine.

La salle d’embarquement, située au quatrième et dernier niveau.
La salle d’embarquement, située au quatrième et dernier niveau. Raphael Olivier

La gare de Shanghai-Hongqiao fait également partie d’un ensemble encore plus démesuré, celui du pôle d’échanges multimodal de Hongqiao, dont la construction a commencé en 2006. Ce projet monumental réunit plusieurs moyens de transports en commun (routes, voies ferrées et métro). Avec une superficie de 26,3 km2 et un budget initial de 50 milliards de yens (7 milliards d’euros environ), l’intermodalité est poussée à son paroxysme.

En 2030, il est prévu que 433 000 passagers y transitent chaque jour. Actuellement, la gare du Nord, à Paris (la plus fréquentée d’Europe), voit passer environ 500 000 passagers par jour ; celle de Shinjuku (la plus fréquentée du monde), plus de 3 millions. Dans la salle d’embarquement, l’allée centrale est dévolue à d’interminables rangées de sièges. Certains y font la sieste, d’autres y ­pique-niquent, beaucoup sont rivés sur leur téléphone et tous attendent. Les allées latérales sont rythmées par des cabanes-­boutiques et par les gates qui permettent d’accéder aux plates-formes de trains se trouvant à l’étage inférieur. Tout est une histoire de proportions.

La masse est telle que cela donne à l’ensemble une impression à la fois organique et monstrueuse. Sur l’immense tableau d’affichage, la porte de départ de notre train finit par s’afficher. Quand on y parvient, la file est déjà conséquente et ne cesse de grossir. Le panneau lumineux passe au vert. La masse se met en mouvement. Deux employés compostent les billets avant de laisser les voyageurs descendre sur la plate-forme. Un rutilant train CRH (China Railway High Speed) au profil effilé nous attend sur le quai, tout comme les hôtesses au sourire affable.

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