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Taj Mahal Palace, Bombay
Face à la baie, le Taj Mahal palace brille de mille feux.
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The Good Palace #2 : Le Taj Mahal Palace, un mélange de styles

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Planté depuis plus d’un siècle au bord de la mer d’Arabie, dans le quartier populaire de Colaba, le plus luxueux hôtel de Bombay appartient à la famille Tata et reste une adresse aussi mythique qu’incontournable, objet de tous les fantasmes.

Des tables très réputées
L’établissement abrite, il est vrai, les meilleures tables de la ville, sous la férule du cuisinier en chef Hemant Oberoi. Après vingt-sept ans de bons et loyaux services, ce dernier a pris sa retraite, mais continue de délivrer ses recettes en tant que consultant. C’est à lui que l’hôtel doit l’arrivée du restaurant ­Wasabi, où œuvre Masaharu Morimoto, une célébrité japonaise qui en a fait, avec son hareng de lac en carpaccio et sa crème brûlée au wasabi, l’une des meilleures adresses d’Asie, selon le classement San Pellegrino. A lui aussi qu’on doit l’ouverture du Golden Dragon, très couru pour sa cuisine du Sichuan et son incroyable canard laqué à la pékinoise, ou celle du Souk, un restaurant méditerranéen réputé pour ses savoureuses crèmes glacées maison.

Au premier étage, le Sea Lounge fait partie des murs. Au fil du temps, ce club de jazz prisé à l’heure du thé s’est transformé en lieu de rendez-vous incontournable pour les mariages arrangés. La table au fond à droite est connue pour assurer le succès des unions concoctées entre bonnes familles, pendant que se relaient au piano les frères Alphonso, Austin et Moreno. Le personnel du Taj Mahal Palace, composé de 1 500 personnes, est « d’une rare fidélité, relève un ancien dirigeant des lieux. Certains sont là depuis trente ou quarante ans », comme ­Tehmton Mistry, une figure du Harbour Bar, premier comptoir de Bombay à avoir obtenu une licence, en 1933. Tous connaissent les fantômes qui hantent l’hôtel. Le mahatma Gandhi et Nehru avaient chacun une chambre à l’année. Au moment de l’indépendance, c’est dans la Princes Room que les trois cents souverains des États princiers du sous-continent sont venus faire allé­geance, soit à l’Inde, soit au Pakistan. C’est dans la salle de bal que le dernier vice-roi des Indes britanniques, lord Mountbatten, a prononcé l’un de ses derniers discours avant de quitter définitivement le pays, en 1948. Le Taj Mahal Palace fut aussi une rampe de lancement pour les peintres indiens, au premier rang desquels Maqbool Fida Husain, souvent comparé à Chagall et auteur de l’immense fresque qui orne le fond du lobby.

Le restaurant Golden Dragon, où l’on sert une cuisine du Sichuan raffinée.
Le restaurant Golden Dragon, où l’on sert une cuisine du Sichuan raffinée. DR

Cosmopolitisme et art contemporain
Avec plus de 4 000 tableaux accrochés sur ses murs, l’hôtel est aujourd’hui la plus grande galerie d’art contemporain d’Inde. Le Taj Mahal ­Palace est donc une icône, au même titre que le ­Waldorf Astoria, à New York, ou le George V, à Paris. Parmi ses visiteurs illustres, on retient le prince Charles, qui exige systématiquement qu’on lui réserve la suite Rajput où séjournèrent en leur temps John Lennon et Yoko Ono, mais aussi des mégastars comme Yehudi Menuhin, Madonna ou Brad Pitt et ­Angelina Jolie. Leur passage est souvent épique. Récemment, un milliardaire a distribué l’équivalent de 7 000 euros de pourboires en une semaine. En janvier, le roi du Maroc, Mohammed VI, a débarqué avec une suite tellement pléthorique qu’il a fallu installer des matelas dans les couloirs.

Autant de légendes et d’anecdotes qui feraient le bonheur de Jamsetji Tata. Lorsque cet homme d’affaires d’origine perse a ouvert le palace, en 1903, en reprenant le nom du célèbre mausolée d’Agra (Taj signifiant « couronne », Mahal désignant un palais), son idée était de damer le pion aux établissements anglais interdits d’accès aux Indiens, le Watson Hotel et le Yacht Club voisins. D’où ­l’architecture composite de l’édifice, dans laquelle se côtoient la copie conforme du dôme de la cathédrale de Florence, des colonnes de la même fonte que celle de la tour Eiffel, des chapiteaux corinthiens, des plafonds à fleurs de lys à la française, des balcons espagnols et des coupoles turques. Un melting-pot à l’image de Bombay, la plus cosmopolite de toutes les métropoles indiennes.

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