×
Fort Worth
Pour ceux qui souhaitent retrouver le Dallas des stetson et des bottes de cow-boy, direction Fort Worth, à 45 min de train du centre de Dallas. La rue principale possède une collection étonnante de très beaux bâtiments. Tout y est impeccable, rénové ou en cours de rénovation.
melanie2

The Good Business

Dallas : quand une mégapole riche à milliards se réinvente en hub de l’art

The Good Business

Symbole de richesse et porteuse de nombreux clichés, Dallas est en train d’opérer une mutation rapide qui lui garantit un avenir égal à celui de New York ou de San Francisco. Une ville qui offre d’incroyables opportunités de business et d’emplois, la qualité de vie en prime.

Un hub à multiples dimensions
Historiquement, l’immense prairie de Dallas-­Fort Worth s’est développée comme une plaque tournante pour le convoyage du bétail et les échanges agricoles. L’arrivée de plusieurs lignes de chemin de fer vers 1870, puis celle du télégraphe donnèrent un coup de fouet à l’activité économique et bancaire, assurant son devenir comme comptoir commercial au bord de la Trinity River. C’est là où l’Est se termine et où le Grand Ouest commence. « Hormis le pétrole et le coton, pour comprendre ce qui fait de la métropole une puissance économique, il faut remonter à la Seconde Guerre mondiale, commente Bernard Weinstein, économiste, directeur du Maguire Energy Institute. Dallas a servi de centre de fabrication à l’effort de guerre. C’est ici que les contrats de défense nationale ont été ­signés dans l’aviation. Beaucoup de gens sont venus. L’arrivée de l’air conditionné a facilité les choses. Enfin, la construction de larges autoroutes et de gigantesques entrepôts a façonné la ville et facilité les migrations. »

La logistique et la distribution constituent les principaux atouts de la ville. Le centre-ville, où se trouve le quartier financier et administratif, est cerné par de larges voies sur pylônes. Quatre grandes autoroutes distribuent la ville : d’est en ouest, la 20 raccorde Dallas à la Californie ; la 35, du nord au sud, relie Oklahoma City au Mexique, via Austin ; la 75 dessert le nord de la ville vers les banlieues riches ; enfin, la 45 va vers Houston. Avec Chicago et Kansas City, la métropole de Dallas-Fort Worth est le ­carrefour logistique multimodal le plus important des États-Unis. « L’autre énorme atout de Dallas qui pèse dans la balance des investisseurs est son aéroport et son accessibilité mondiale, fait observer Philip J. Jones, président et CEO du Dallas Convention & Visitors Bureau (CVB). Avec l’agrandissement de ses terminaux et la multiplication des rotations, le hub a permis à la ville de changer à grande vitesse en quelques années seulement. Ville de congrès, c’est ­aujourd’hui la destination de tourisme d’affaires par excellence. Avec l’immobilier, le secteur totalise 10 % des emplois. »

Artère historique du centre-ville de Dallas, Main Street rassemble immeubles de bureaux, commerces et restaurants.
Artère historique du centre-ville de Dallas, Main Street rassemble immeubles de bureaux, commerces et restaurants. Vasantha Yogananthan
Cherchant à favoriser d’autres types de déplacement que la voiture, la ville a aménagé le Katy Trail, une voie pour cyclistes et piétons.
Cherchant à favoriser d’autres types de déplacement que la voiture, la ville a aménagé le Katy Trail, une voie pour cyclistes et piétons. Vasantha Yogananthan

Urbanisme et chaos

Dallas, renaissance d’une ville

C’est autour du seul endroit où la Trinity River pouvait être aisément franchie que la ville s’est formée. Ce n’est qu’à la fin du xixe siècle, avec l’arrivée du chemin de fer, que Dallas se développe. Comme dans la plupart des villes nord‑américaines, son centre-ville a vite été déserté – les effets pervers de l’automobile. L’arrivée d’autoroutes a fini de fragmenter la ville, exacerbant la ségrégation entre les moins fortunés, coincés au sud de l’autoroute 30, et les mieux nantis, installés au nord. Le centre-ville devient alors un job center rempli de tours et de parkings. Aux quelques bâtiments du début du xxe siècle, chaque décennie ajoute les siens, avec un pic dans les années 80. L’architecte Pei construit successivement l’hôtel de ville (1978), le One Dallas Center (1979), l’Energy Plaza (1983), la Fountain Place (1986) et le Morton H. Meyerson Symphony Center (1989). L’Arts District commence à prendre forme, les électeurs de Dallas approuvent la création du Dallas Area Rapid Transit (DART), et d’autres centres d’affaires se construisent à l’extérieur du centre. La crise de 1987 met un terme à cette frénésie. Il faut attendre 2006 pour voir de nouveau s’élever un gratte-ciel dans le centre-ville, celui qui abrite le W Dallas Victory Hotel and Residences. Aujourd’hui, les chantiers se multiplient près de l’Arts District, où les terrains vacants sont encore nombreux, et dans Uptown, de l’autre côté de l’autoroute, dont une partie a été recouverte en 2012 afin d’y implanter un parc, le Klyde Warren Park. Les plus grands architectes internationaux sont sollicités : Cesar Pelli, Jean-Michel Wilmotte, Kengo Kuma… Sans oublier Santiago Calatrava (ponts Margaret Hunt Hill et Margaret McDermott). On s’intéresse de nouveau à des bâtiments mid-century qui avaient été abandonnés. L’agence d’architecture Merriman Anderson en a fait l’une de ses spécialités et s’occupe de la conversion du Continental Building, du Statler Hilton et de l’Elm Place. Des projets qui favorisent la mixité d’usages : hôtels, appartements, commerces. L’hôtel de ville s’adapte aux demandes du marché en suivant les demandes des promoteurs « Le mot “règlement” n’est pas le bienvenu au Texas, et il ne faut pas trop parler de planification, ironise Peer Chacko, chef de la planification urbaine. Notre rôle est d’examiner les projets et de trouver l’équilibre entre le public et le privé en utilisant les fonds publics comme effet de levier pour le financement des projets. Pour la hauteur, sky is the limit, et nous tentons de réduire les exigences de parking pour favoriser d’autre types de déplacement que la voiture. Enfin, nous donnons l’exemple en matière de développement durable en nous assurant que les bâtiments municipaux sont certifiés Leed. Il reste toutefois beaucoup à faire en ce qui concerne la pollution de l’air, le drainage et les risques d’inondation. » S. B.

Big is beautiful
Le slogan du CVB l’annonce : « Big things happen here » (de grandes choses se produisent ici). La grande affaire du moment, c’est l’installation du quartier général de Toyota. Un événement pour les Dallassiens qui regardent en priorité du côté californien et de la Sun Belt pour comparer leurs atouts. Le groupe nippon a quitté San Antonio pour le nord de Dallas. « La principale raison du déménagement de Toyota à Plano, c’est le prix de l’immobilier », soutient Albert Niemi Jr., doyen de la Cox School of Business. En raison des 3 000 à 4 000 employés qu’il faudra loger à proximité. Cinq ans plus tôt, Pizza Hut avait également déménagé de Louisville (Kentucky). De même, AT&T, le plus grand service de téléphonie, d’Internet et de télévision mobile des États-Unis a délaissé San Antonio, en 2008, pour s’installer dans Dallas Downtown. Ces installations de sièges d’­entreprises mondiales montrent bien la vitalité du tissu économique. Il existe 600 grandes compagnies dans la métropole, parmi lesquelles figurent 72 sièges sociaux, en bonne place dans le classement Fortune 1 000 des majors : AT&T, American Airlines, Walmart, Texas Instruments… « Si c’est bien le coton et le pétrole qui ont enraciné la notoriété de la ville et ont assuré sa prospérité, c’est désormais la diversité de ses activités qui fait sa force », indique Sylvie Rauscher, directrice de la Chambre de commerce franco-américaine.

Le domaine des technologies de l’industrie pétrolière reste un secteur de pointe. Situé entre les deux aéroports, le site de Las Colinas, à Irving, est l’un des plus actifs. Plus de 2 000 socié­tés y ont leur domicile dans les tours qui bordent l’autoroute 114. Le géant du pétrole Exxon Mobil, l’équipementier téléphonique Verizon, ou le spécialiste de l’hygiène Kimberly Clark y ont leur siège social. Dallas bénéficie aussi d’une importante filière d’industries de précision dans l’électronique, l’équipement automobile et l’aérien. Le secteur de la santé constitue en outre l’un des points forts de la métropole. En témoignent les fondations pour la santé et les hôpitaux qui se succèdent le long des autoroutes. Une université est particulièrement cotée en matière de recherche médicale, l’École médicale du Sud-Ouest de l’université du Texas (UTSW), qui cumule six prix Nobel et une huitième place parmi les meilleures universités de médecine du monde. Enfin, les services financiers, les banques et les assurances trouvent dans la métropole un climat favorable. Ainsi, State Farm Insurances s’est récemment implantée à Richardson et Liberty Mutual Insurance, à Plano.

Le quartier d’affaires est également en pleine rénovation. D’anciens bâtiments Mid-Century sont remis à neuf et des alternatives à la voiture sont développées.
Le quartier d’affaires est également en pleine rénovation. D’anciens bâtiments Mid-Century sont remis à neuf et des alternatives à la voiture sont développées. Vasantha Yogananthan
Le quartier d’affaires est également en pleine rénovation. D’anciens bâtiments Mid-Century sont remis à neuf et des alternatives à la voiture sont développées.
Le quartier d’affaires est également en pleine rénovation. D’anciens bâtiments Mid-Century sont remis à neuf et des alternatives à la voiture sont développées. Vasantha Yogananthan
Voir plus d’articles sur le sujet
Continuer la lecture