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Exposition : De Méliès à la 3D, la saga de la technique au cinéma

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Depuis 1936, la Cinémathèque française a amassé et conservé environ 6 000 outils de cinéma, certains datant de ses origines. Jusqu'au 29 janvier, elle nous laisse plonger dans sa fabuleuse collection à travers 250 appareils qui retracent l'histoire du 7e art. Visite en compagnie de Laurent Mannoni, directeur scientifique du patrimoine de la Cinémathèque française, directeur du Conservatoire des techniques cinématographiques et commissaire de l’exposition.

C’est la première fois, depuis que le cinéma existe en Europe qu’une exposition retrace l’histoire technique et esthétique du septième art. Car si cet accrochage présente le matériel nécessaire à la production d’un long-métrage, le visiteur peut admirer en parallèle des extraits de films. Il est par exemple possible de regarder un passage du Chanteur de jazz, le premier film parlant, et écouter, tel un spectateur de 1927, la bande-son via le haut-parleur original. « Ce n’est pas la technique pure et dure qui nous intéresse, mais plutôt le rapport entre la machine et les images produites par celle-ci. On montre les appareils, mais on veut aussi exposer les images produites par ces appareils », précise Laurent Mannoni. Une exposition chronologique et thématique,  qui commence par dévoiler les premières caméras de Méliès, Marey et Lumière (et leurs courts-métrages datant de la fin du XIXe siècle) et finit par des projections 3D.

Exposition De Méliès à la 3D, 2016
Exposition De Méliès à la 3D, 2016 Stéphane Dabrowski

Entre les deux, on reconnaît Le Mépris de Godard (1963), projeté en format 35 millimètres, comme lors de sa première. On découvre alors un bruit complètement inconnu pour la nouvelle génération, mais qui a tant marqué les cinéphiles, celui du défilement de la pellicule argentique… L’exposition ménage une place à la première télévision, « dont les images sont d’une qualité horrible », s’amuse le commissaire. On fait aussi la rencontre de la fameuse Technicolor trichrome au cœur de chefs-d’œuvre hollywoodiens, tels qu’Autant en Emporte le vent, Le magicien d’Oz ou le Blanche-Neige des studios Disney.

Projection du Mépris (1963) en 35 millimètres.
Projection du Mépris (1963) en 35 millimètres. Stéphane Dabrowski

Plus loin, on tombe nez à nez avec l’impressionnante Louma, une grue de prise de vues à laquelle est fixée une caméra. Roman Polanski, parrain de l’exposition, l’a beaucoup utilisée, notamment pour son film Le locataire. Mais aussi le matériel de Citizen Kane (1941), le format 70 mm (1955), la caméra spécialement créée pour filmer Microcosmos (1996)et l’invention sans doute la moins utilisée de l’histoire du cinéma : la torpille sous-marine d’Océans de Jacques Perrin, qui n’a servi qu’à filmer quelques secondes du film, tant elle effrayait la vie aquatique.

 

Sur le tournage du Locataire de Roman Polanski (1976).
Sur le tournage du Locataire de Roman Polanski (1976). La cinémathèque française
Caméra Technicolor trichrome (1932).
Caméra Technicolor trichrome (1932).
La cinémathèque française

Cette exposition révèle combien le cinéma est un art hautement technique. « Ce qui caractérise un cinéaste, ce sont les moyens qu’il emploie », avait coutume de dire Eric Rohmer. De fait, il n’y aurait pas de cinéma si les metteurs en scène ne maîtrisaient pas tout le matériel derrière la caméra. Laurent Mannoni est clair : « Il faut se souvenir de ce que le cinéma a traversé avant son arrivée dans l’ère du numérique. On ne veut pas se retrouver dans la situation des historiens de l’art qui, à l’heure actuelle, ne comprennent pas comment Leonard de Vinci peignait ses toiles. Il faut garder la mémoire de ce côté artisanal, ce savoir-faire des pionniers. »

Arrivé d’un train en gare de La Ciotat, des Frères Lumières (1895).
Arrivé d’un train en gare de La Ciotat, des Frères Lumières (1895). La cinémathèque française

Pas facile avec la mutation brutale des techniques de tournage… Depuis la fin des années 90, le tsunami numérique a tout balayé : pellicules, machines, usages séculaires… Montrer ce matériel qui reste habituellement en coulisses, c’est perpétuer la mémoire et mieux comprendre l’histoire d’un art toujours plus immersif et interactif.

Jusqu’au 29 janvier à la Cinémathèque française, rue de Bercy, Paris.
Ouvert tous les jours sauf le mardi.
Tarif plein : 11 euros
Tarif réduit : 8,5 euros

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