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The Good Airport : Cochin, une place au solaire
The Good Airport : Cochin, une place au solaire
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The Good Business

The Good Airport : Cochin, une place au solaire

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L’aéroport de Kochi (Cochin en VF), dans la région du Kerala dans le sud de l’Inde, est le premier au monde à fonctionner uniquement grâce à l’énergie produite par l’immense champ de panneaux solaires qui l'entoure. Focus sur cet aéroport beau et écolo, à la fois rétro et déjà dans le futur.

Avec leurs bâtiments anonymes de verre et d’acier, les aéroports manquent souvent de charme et de personnalité. Celui de Cochin a déjà vécu de nombreuses vies et son allure de fort colonial fait qu’il ne ressemble à aucun autre. Situé au sud de l’Inde, le Cochin International Airport (CIAL) constitue le principal accès à la région du Kérala. Initialement pensé par les Anglais comme une plateforme commerciale puis une base militaire pendant la Seconde Guerre mondiale, il a subi une rénovation complète dans les années 90 avant de rouvrir ses portes en 1999, soixante-trois ans après avoir accueilli son premier vol.

Des sièges en bois massif et des tapisseries rétro :une salle d’attente comme nulle part ailleurs !
Des sièges en bois massif et des tapisseries rétro :une salle d’attente comme nulle part ailleurs ! @HalgrimHelgason

Même après ces réincarnations successives, l’aéroport s’est encore transformé ! En trois actes (pour l’instant…). Tout était prévu dès l’inauguration en 1999. Six phases d’extension doivent s’étaler sur vingt ans, avec d’abord l’agrandissement du terminal international en 2002 (de 18 000 m² à 28 000 m²). La capacité de l’existant étant trop limité, un terminal réservé aux arrivées a donc été ajouté, avant de grands travaux engagés en 2007 pour relier les départs aux arrivées avec la création d’un grand hall lumineux mais aussi la rénovation de la piste. Dernière grande rénovation en date, l’installation du terminal domestique dans le terminal international et la transformation de toute la partie Est en nouveau terminal international (2013)… Un joyeux désordre et une mutation permanente qui ne surprend pas quand on prend en compte la date de construction de l’aéroport.

L’aéroport et ses allures de grande bâtisse coloniale se fond parfaitement dans le décor du Kérala.
L’aéroport et ses allures de grande bâtisse coloniale se fond parfaitement dans le décor du Kérala. CIAL

Une méthode de financement originale

V.J. Kurian

Au moment de son inauguration en 1999, le projet de l’Aéroport International de Cochin était le premier en Inde à utiliser un contrat public-privé, la région de Kerala n’ayant pas les moyens pour mener un tel projet. Parmi les investisseurs privés, on trouve des chefs d’entreprise de la région, des industriels mais – et c’est le plus surprenant – 10 000 Indiens expatriés aux quatre coins du globe. Du crowdfunding avant l’heure…

Pionnier depuis ses origines, Cochin a été en 2015 le premier aéroport alimenté a 100 % par de l’énergie solaire. L’électricité provient d’un champ de panneaux photovoltaïques installé à proximité par le CIAL. Vattavayalil Joseph Kurian, son directeur, admet qu’initialement, l’environnement n’était pas la préoccupation première du board de l’aéroport… Mais voilà, l’agglomération est très gourmande en énergie et l’Etat fait payer l’électricité de plus en plus cher. « Nous avons donc décidé d’installer une centrale solaire de 400 panneaux dès 2013. » Une première étape concluante, ce qui a conduit Kurian et ses équipes à étendre la superficie de la centrale solaire la même année, puis une nouvelle fois en 2015… jusqu’à devenir indépendant à 100 %. Ce projet a coûté 8 millions d’euros, entièrement financés par le CIAL, et sera rentable dans six ans si les tarifs de l’électricité ne changent pas d’ici là.

C’est une première mondiale, car même si d’autres aéroports à travers le monde ont déjà installé des panneaux solaires, ils ne peuvent pas compter uniquement sur cette source pour s’alimenter en électricité. Et si le volet économique a un peu « forcé » Cochin à innover et que ses plaines environnantes à perte de vue ont facilité le travail aux ingénieurs, l’ambition était aussi de limiter les émissions de CO2. Une fierté pour V. J. Kurian, qui rappelle que « le CIAL avait une réelle volonté de devenir un aéroport vert. Si notre motivation était simplement économique, nous aurions investi dans moitié moins de panneaux solaires pour un résultat satisfaisant… » Et d’ajouter que « durant les six prochaines années, [l’aéroport] réduira [ses] émissions de CO2 de 300 000 tonnes, l’équivalent d’un milliard de kilomètres ou de 3 000 arbres plantés ».

Le champ de panneaux solaires produit 48 000 kWh par jour. Suffisant pour alimenter l’aéroport jour et nuit, et même un peu plus : le surplus est alors transféré à l’Etat du Kerala.
Le champ de panneaux solaires produit 48 000 kWh par jour. Suffisant pour alimenter l’aéroport jour et nuit, et même un peu plus : le surplus est alors transféré à l’Etat du Kerala. CIAL

Une réussite et une innovation qui donnent des idées au grand patron du CIAL, qui parle déjà d’une extension de sa centrale solaire et de partager son savoir faire avec les aéroports du monde entier intéressés par cette expérience. Pour un secteur souvent pointé du doigt à cause de sa monstrueuse empreinte carbone, voilà en effet un bon moyen de se racheter…

L’atterrissage à Cochin

https://youtube.com/watch?v=XRneijlUlm4

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