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Industrie, le vrai moteur de l'export
Industrie, le vrai moteur de l'export.
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The Good Business

L’export, le moteur industriel de la Thaïlande

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Initiée par les entreprises japonaises, l’industrie thaïlandaise fournit aujourd’hui tous les marchés d’Asie et même au-delà. Équipements électriques, électroniques et automobiles représentent la moitié des exportations du pays des Hommes libres. Mais pour rester compétitif, le secteur doit monter en gamme…

Disques durs, voitures et scooters
Autre domaine d’excellence : les composants électroniques et les circuits intégrés. Mais si le pays fabrique et assemble les produits de Fujitsu, LG, Sony, Asus, Acer ou Samsung, aucun composant entrant dans la fabrication des smartphones n’est pour l’instant made in Thailand… Toutefois, le pays est toujours le deuxième fabricant mondial de disques durs et d’unités de stockage, derrière la Chine. Les deux géants du secteur, Western ­Digital et Seagate, ont plusieurs usines dans le pays. L’évolution de l’informatique vers les ­data centers et le cloud stimule la demande de disques durs pour les serveurs, qui équipent les centres de données par milliers. Résultat, le marché serait en croissance d’environ 30 % par an. Un bon point pour la Thaïlande. La région côtière à l’est de Bangkok est appelée la « Detroit de l’Asie du Sud-Est », en référence à la ville américaine où sont implantés General Motors, Ford et Chrysler. Plus de 2 millions de voitures sortent chaque année des chaînes des usines de la région, ce qui fait de la Thaïlande le 12e constructeur d’automobiles du monde. Le pays est également le cinquième producteur de deux‑roues, avec 3 millions de scooters et de motos produits chaque année. Tous les grands noms de l’industrie y sont présents : Toyota, Honda, Isuzu, Mitsubishi, Nissan, GM, Mazda, Ford, BMW, Daimler, pour les voitures ; Ducati, Triumph, Honda, BMW, Kawasaki, Suzuki et Yamaha, pour les motos. Le secteur emploie plus de 500 000 personnes dans plus de 2 400 ­entreprises. L’ensemble de la chaîne de fabrication s’est constitué au fil du temps, des pièces détachées aux produits finis, intégrant une ­vingtaine de constructeurs, les sous-­traitants et les grands équipementiers. Michelin, premier employeur français en Thaïlande, avec un effectif de 7 000 personnes, compte pas moins de six usines. Il y fabrique des pneus de tourisme – pour le remplacement, pas pour la première monte –, des pneus pour les poids lourds et pour les avions, ainsi que des moules, des câbles et des mélanges de caoutchouc naturel. L’allemand Bosch emploie plus d’un millier de personnes dans deux usines et vient de démarrer la construction d’un troisième site de production. ­Delphi, Faurecia, Goodyear, DuPont ou Valeo sont également présents. Ce dernier emploie 5 000 personnes dans le pays. « Être implanté en Thaïlande offre de nombreux avantages , affirme Segsarn Trai-Ukos, directeur pays pour Michelin. Tout d’abord, le coût de la main d’œuvre est stable par rapport à la Chine ou à l’Inde, et le personnel technique est formé et qualifié. Ensuite, grâce aux infrastructures, c’est une bonne base pour l’export. Nous produisons à proximité des différents pays d’Asie du Sud-Est, au moment où ils ont constitué l’Asean Economic Community, l’AEC, qui favorise la circulation des biens et l’ouverture des marchés. Enfin, le gouvernement soutient et facilite l’implantation d’entreprises étrangères si elles sont tournées vers l’export. »

Les principaux produits exportés par la Thaïlande en 2015.
Les principaux produits exportés par la Thaïlande en 2015. Ariel Martín Pérez

Toutefois, la Thaïlande doit se repositionner. Les pays voisins, comme le Cambodge, le Laos, le Myanmar et le Vietnam, où le coût de la main d’œuvre est inférieur, attirent les investisseurs et les industriels. ­D’aucuns cherchent à convaincre la Thaïlande de délocaliser dans ces pays-là les fabrications les plus basiques – comme les pièces mécaniques – et de se concentrer sur des étapes et des marchés à plus forte valeur ajoutée. Cela lui permettrait de contenir les coûts de production et de rester compétitive. Mais pour cette montée en gamme, la Thaïlande manque non seulement de profils de haut niveau (ingénieurs, chefs de projet, managers), que son système d’éducation ne forme pas, mais aussi d’activités de recherche et développement. « Il ne faut pas sous-estimer la capacité de la Thaïlande, qui reste un pays très dynamique, avec une croissance supérieure à ce que nous connaissons ailleurs, modère Tommy Ayouty, directeur général de Thales ­Thailand. Là où les Européens cherchent comment optimiser leurs processus et leurs marges, les Thaïlandais cherchent comment s’adapter rapidement… et ils s’adaptent ! » Par exemple, sous l’impulsion du gouvernement, l’industrie entend maintenant élargir ses compétences au secteur de l’aérospatiale. Le trafic aérien est en forte croissance en Asie, où la flotte devrait passer de 5 600 appareils en 2015 à 14 000 dans vingt ans. L’objectif est de devenir une plate‑forme centrale, incontournable pour les opérations de maintenance, d’entretien et de révision des appareils pour l’ensemble de la région. « Dans ce domaine, la Thaïlande est l’un des pays les plus avancés en Asie du Sud-Est. Le pays a pris conscience que l’aérien est un élément important de son développement », remarque Tommy Ayouty. Thales a fourni le système de gestion du trafic aérien de l’aéroport de Bangkok et du pays tout entier.

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