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Pierre Conte
Pierre Conte.
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The Good Business

Rencontre avec Pierre Conte, patron de GroupM France

The Good Business

C’est dans le cockpit des plus grands noms de la presse et de l’audiovisuel qu’il a tissé son profil de puissant manager des médias. Tombé tout jeune dans le chaudron des rédactions, mais finalement plus à son aise à la tête des régies publicitaires, il dirige aujourd’hui GroupM France, intégré à WPP, un poids lourd mondial de la com.

Parcours

  • 1981 : diplôme de l’Institut d’études politiques de Paris.
  • 1984 : journaliste au service politique de RTL.
  • 1988 : directeur de clientèle de Canal+.
  • 1993 : directeur de la publicité du groupe Expansion.
  • 1998 : Président d’IP France (RTL Group), puis DG adjoint de RTL Group.
  • 2002 : président d’OMD France (groupe Omnicom).
  • 2005-2013 : président de Figaro Médias (Groupe Figaro) et DGA Groupe Figaro chargé du digital.
  • Depuis 2013 : président de GroupM France et, depuis mars 2016, country manager WPP.

Son père, l’historien Arthur Conte, ancien patron de l’ORTF, possédait ce talent de ressusciter le passé ; Pierre Conte, lui, a su se placer aux avant-postes du numérique. Les huit années à la direction de Figaro Médias (ex-Publiprint) lui ont forgé ce profil de solide mutant des médias, « imprégné de cette culture de l’écrit », et défenseur de son évolution indispensable. « J’ai effectivement supervisé la révolution numérique du Figaro », rectifie cet amoureux des mots justes. « Nous allions à New York visiter le New York Times. Chaque année, nous revenions avec une idée inspirée de leur expérience. En France, Le Monde était le seul média à ne pas avoir démonté tout son digital à la fin de la première bulle Internet. Nous étions très loin derrière eux, c’est une rage de challenger qui nous a motivés », se souvient Pierre Conte, qui s’empresse de souligner l’aspect collectif de cette réussite, aux côtés de Francis Morel et Nicolas Beytout, puis d’Etienne Mougeotte et d’Alexis Brézet. « Il n’y avait pas de gourou à bord. On a agi ensemble de manière très pragmatique. » Aurait-il vécu cette aventure professionnelle s’il avait réussi l’ENA ? Pas certain, répond l’heureux recalé, souriant, préférant voir dans cet échec pour le moins persistant – trois fois admissible, puis « premier ajourné » sur la liste à la quatrième tentative – un signe du destin. « J’ai bénéficié d’un bon alignement des astres », affirme-t-il, esquissant un clin d’œil, silhouette et timbre à la François Cluzet, regard sudiste que ce Catalan fait osciller, à sa convenance, du velours vers l’acier. Quelques années au sein du service politique de RTL l’ont convaincu de se détourner de cette voie qui n’était pas vraiment la sienne. « Je suis tombé du mauvais côté de la barrière ! » Au contraire de sa sœur, Dominique Bona, écrivain et biographe, l’une des rares femmes à siéger à l’Académie française. Ce fan de littérature hispanique (Mendoza, Pérez-Reverte, Vargas Llosa) va trouver son tempo dans les hautes sphères du management, coaché ou promu par ces stars des médias des années 1990-2000 : André Rousselet, Pierre Lescure et Alain De Greef à Canal+, Jean Boissonnat à L’Expansion, mais aussi Philippe Labro et Jacques Rigaud à RTL. Avec GroupM, il passe de l’autre côté du rideau. « Avant, je travaillais avec des groupes de communication, maintenant j’anime l’un de ces groupes. Je suis en prise avec l’international et suis aux premières loges pour comprendre Google, Facebook, Twitter ou Amazon, leurs forces incontestables et aussi le danger qu’elles peuvent représenter. »

Privilégier à nouveau la qualité
Le champion de la pub anglo-saxonne cartonne avec 32 % de part de marché dans le monde, mais peine en France à franchir la barre des 16,5 %. A Pierre Conte d’affranchir l’agence de son déficit de notoriété à Paris, où Havas et Publicis sont « at home » ! « J’ai jugé interpellant que le patron de GroupM monde et le patron de WPP, Martin Sorrell, expriment leur conviction que la France, aujourd’hui plongée dans une espèce de dépression collective, méritait qu’on y investisse, ce qui n’est pas si fréquent aujourd’hui ! » observe-t-il. Et de mettre en lumière ce coup d’avance, selon lui, de GroupM, sur ce numérique qu’il s’agit de contrôler pour le prémunir d’un risque de défiance qui rôde. « Après une première phase de ruée vers l’or du tout-digital, il est temps de faire une pause pour en tempérer les excès et les intrusions, et de privilégier à nouveau la qualité, indispensable à tout développement ultérieur. C’est bien de dresser un drapeau orange temporaire sur la plage. » Il insiste sur cette révolution qu’il s’agit de dompter de manière collective, en faisant primer les bonnes questions sur les réponses hâtives. Pierre Conte clôt l’entretien sur cette formule couperet : « Les gens qui savent, aujourd’hui, sont des dangers publics. »

GroupM

  • Premier groupe mondial d’agences médias avec 1 $ sur 3 investi dans les médias pour le compte de grandes marques, y compris les médias numériques.
  • GroupM France coiffe les agences médias de WPP en France : KR Media, Maxus, Mindshare, MediaCom et MEC.
  • 700 M € de chiffre d’affaires.
  • 850 employés.
  • Ses clients stars : LVMH, Volkswagen, Air France et Danone.

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