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Robots : le début d’une nouvelle ère

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Adidas vient de l'annoncer : la marque allemande s'apprête à relocaliser une partie de son activité de fabrication de baskets en Allemagne avec des robots en guise d’ouvriers. De son côté, le gant de l'électronique Foxconn reste en Chine mais va réduire de moitié ses effectifs, pour les remplacer par des machines. Assisterait-on à la fin du travail ?

Le géant du sportswear allemand a décidé de relocaliser. Ses sous-traitants chinois ne l’avaient pas vu venir, Adidas va ouvrir sa speedfactory en Allemagne avant d’implanter une unité du même type aux Etats-Unis. Des robots y permettront de réduire considérablement les coûts de production et de transport, mais aussi de gagner un temps considérable, divisant par 100 le temps de fabrication des baskets. Les premières paires sortiront de l’usine en fin d’année pour une première phase de rodage, avant de lancer la production à grande échelle courant 2017. A plus long terme, la firme aux trois bandes compte aussi installer des usines semblables en France et au Royaume-Uni.

De son côté, Foxconn, qui fabrique des smartphones, tablettes, etc. pour Apple et Samsung (entre autres…), ne quitte pas l’Empire du milieu. Mais ses effectifs vont passer de 110 000 à 50 000 employés humains. Une production automatisée qui effraie les sous-traitants asiatiques dont la main d’œuvre perd toujours plus de terrain face aux robots, moins chers et plus efficaces. Un projet de relocalisation de Samsung en Corée est d’ailleurs à l’étude. L’objectif, pour toutes ces entreprises étrangères, reste bien sûr de se libérer de la dépendance vis-à-vis de la Chine.

Chinois et Indiens face à la menace robots
Selon un sondage publié fin avril par Randstad, les Français sont 27 % à craindre d’être remplacés par des robots d’ici dix ans. La France est dans la moyenne des pays développés, entourée par l’Allemagne, l’Australie ou l’Argentine. Ce sont les Indiens (69 %), les Malaisiens (65 %) et les Chinois (58 %) qui se sentent les plus menacés, et de loin. La raison est simple : dans ces pays, l’économie repose surtout sur la sous-traitance pour des entreprises étrangères. Le vent de la relocalisation souffle et les Asiatiques en sont conscients, c’est surement pour ça que les Chinois se lancent à corps perdu dans l’intelligence artificielle. Pourtant, ils sont loin d’être les seuls à être menacés par les bouleversements en cours sur le marché du travail. Une étude menée par deux professeurs d’Oxford constate que près de la moitié des emplois aux Etats-Unis pourraient être remplacés par des robots…

L'oeil de l'expert

Toby Walsh, professeur en intelligence artificielle au NICTA en Australie.

Pensez-vous que les humains doivent s’inquiéter de voir des robots voler leurs jobs ?
La plupart, oui ! Mais il faut préciser que les nouvelles technologies créent aussi de nouveaux emplois. Et dans certains cas, elles génèrent plus de postes plus qu’elles n’en suppriment. Je doute qu’on ait moins d’avocats ou de géologues par exemple. Et je pense que l’automatisation va les aider dans leurs jobs.

En quoi cela pourrait améliorer la qualité de vie des employés ?
Les humains pourraient décider de travailler moins. Avant la révolution industrielle, la plupart des gens travaillaient plus de 60 heures par semaine. Aujourd’hui, autour de 40. On pourrait travailler encore moins, avoir un week-end de trois jours par exemple. Avec ce mode de vie, on aurait moins de travail pour le même nombre de personnes.

Avec la conception, la fabrication, l’entretien et la maintenance qu’ils induisent, les robots sont-ils vraiment moins chers que les humains ?
Il y a quelques années, un robot industriel coûtait 200 000 dollars. Aujourd’hui, c’est 10 fois moins, un robot se rentabilise en moins d’un an…

Pour autant, certains restent optimistes. Selon une étude du cabinet Deloitte de 2015, les impacts de la technologie sur l’emploi seraient positifs : pour 800 000 emplois supprimés, 3,5 millions ont été créés. De nouveaux emplois mieux payés (1000 € par mois en moyenne), qui permettent une croissance nouvelle. Selon cette même étude, les robots seraient même le point de départ d’une nouvelle évolution des humains : à terme, ils occuperont uniquement des emplois qualifiés, les basses œuvres étant réservées aux robots. Ce mouvement vertueux permettrait de  relancer l’économie en augmentant le pouvoir d’achat.

L’étude Deloitte qui classe les catégories d’emploi en fonction de leur probabilité d’automatisation.
L’étude Deloitte qui classe les catégories d’emploi en fonction de leur probabilité d’automatisation. DR

Pour Michael Littman, professeur en robotique à l’université Brown (Etats-Unis), « il sera toujours plus efficace d’avoir une machine qu’un humain. L’automatisation permettra de travailler plus vite pour moins cher ». Mais pour éviter que les humains ne soient écrasés par les robots, le professeur Littman a développé sa théorie : « Il y a des risques que des emplois disparaissent, mais des solutions émergent pour que chaque individu profite des avancées de l’intelligence artificielle, comme le revenu minimum universel. » Finalement, les robots pourraient nous permettre de travailler mieux et moins à condition de contrôler leur utilisation par les grandes compagnies. On se rassure comme on peut…

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