×
Olivier Goy
Olivier Goy as de la fin tech
tglkahina

The Good Business

Olivier Goy la démocratie de la finance participative

The Good Business

Cet as de la fin-tech casse les codes bancaires du prêt aux PME avec sa start-up Lendix, une plate-forme Internet de financement participatif qui permet à Monsieur Tout‑le‑Monde de prêter de l’argent à des PME économiquement viables, mais éconduites par les banques classiques. En dix-huit mois, il a pris la tête de ce marché tout neuf en France.

« Les banques voient le monde en noir, ou en blanc. Nous, chez ­Lendix, on le voit en gris ! » lance Olivier Goy d’entrée de jeu. Gris, c’est la couleur attractive de ces entreprises, dont le profil financier les positionne à mi-distance entre ces PME et ETI (entreprises de tailles intermédiaires), classées « blanches » par les banques, c’est-à-dire viables et blindées de garanties, et les autres, toutes les autres, qui, à défaut d’être cautionnées, se voient refuser l’accès au prêt. « Les banques mettent en moyenne de un à trois mois pour dire “oui” à une autorisation de prêt à 2 % pour lequel elles prennent ceinture et bretelles. Chez Lendix, on dit “oui” en 15 jours, avec une prise de risque assumée, sans garantie ni caution, mais à un taux aux alentours de 5 %. »
C’est à l’automne 2014 que ce svelte financier de 40 ans a vu se profiler le tsunami qui mettait fin, en France, au monopole des banques, seules légalement autorisées, jusqu’alors, à délivrer des prêts. Une première en Europe continentale, et ce à l’inverse du Royaume-Uni, dont la cagnotte du financement participatif pèse d’ores et déjà 4,4 milliards de dollars, un petit marché comparé à celui des Etats-Unis (22 ­milliards) ou à celui de la Chine (157 milliards). Rompu à agir avec ce cran d’avance qui conditionne toute réussite sur la Toile, Olivier Goy est le premier à appuyer sur la gâchette avec Lendix, cette plate-forme qu’il décide de lancer ex nihilo, en mode start-up : une page blanche, un ordinateur, une microéquipe ! Le réactif entrepreneur n’en est pas à son coup d’essai. Quatorze ans plus tôt, en 2000, il avait déjà jeté un pavé dans la mare du lobby bancaire avec la création, sur le web, d’une première start-up, 123venture – aujourd’hui numéro un en France du capital investissement –, permettant à des particuliers d’investir dans des fonds de placement dont l’actionnariat était traditionnellement l’apanage de grandes institutions, assurances, banques et familles fortunées. « Ce qui me motive, lorsque je crée une activité, c’est de ­résoudre un problème précis. Et j’ai à cœur de démocratiser la finance en la rendant accessible au plus grand nombre. »
Le tout premier emprunteur est médiatique à souhait : le chef étoilé Alain Ducasse, à qui Lendix a accordé un prêt de 300 000 euros pour financer trois de ses restaurants ainsi que sa chocolaterie parisienne. Lendix mène une double révolution : permettre à toutes ces ­entreprises martyrisées par le système bancaire d’emprunter, et donner à ­Monsieur Tout-le-Monde la possibilité de se connecter à une plate-forme pour consentir un prêt en ligne – de 20 à 1 000 euros la mise – à telle ou telle PME, ETI ou TPE en quête de fonds. « Je m’attendais à voir arriver des boulangers, des charcutiers, des coiffeurs. Et ce sont les plus grandes entreprises, de 50 à 2 000 salariés, avec un chiffre d’affaires allant de 400 000 euros à 200 millions, qui ont afflué ! »

Prochain objectif : conquérir l’Espagne et l’Italie
Décryptage : les petits artisans et commerçants hésitent à se brouiller avec leur banquier, ce dont se moquent les gros emprunteurs comme la chaîne de pressing 5 à Sec, ou, tout dernièrement, La Folie Douce (à qui Lendix a prêté 300 000 euros), un concept de restaurant-club-bar d’altitude arrimé au sommet des pistes de Val-d’Isère, Courchevel ou Val-Thorens. Ces hauts lieux de la pause ski branchée, qui ferment leurs portes à 17 heures avec l’arrêt des télésièges, comptabilisent jusqu’à 4 000 entrées quotidiennes.
Quelques mois ont suffi à Lendix pour s’emparer de la pole position – 17 millions d’euros pour une centaine de projets financés – sur le marché français du prêt en ligne aux PME. « Certains de nos clients actuels en sont à leur deuxième ou troisième emprunt Lendix. Ils trouvent le système pratique, et sont prêts à rembourser de 50 à 100 euros de plus par mois pour obtenir un prêt vital pour le développement de leur business. Mais attention : nous n’acceptons que les entreprises préalablement jugées viables », souligne le p-dg fondateur. Son succès est tel qu’il se tourne déjà vers l’international, prêt à dégainer le premier pour avoir la primeur, dès cette année, d’une démonopolisation bancaire en cours en Espagne, puis en Italie, et devenir, à brève échéance, le leader du prêt participatif en Europe continentale. n

Voir plus d’articles sur le sujet
Continuer la lecture