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L'avion biplace de la société Xcor Aerospace
La société Xcor Aerospace teste un avion biplace capable de réaliser deux vols quotidiens.
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The Good Business

La course folle sur les routes de l’ espace

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Plus encore que durant la Guerre froide, l'espace est un enjeu stratégique. Américains, Russes, Chinois, Japonais… Tous veulent leur part du gâteau et ne se refusent rien pour conquérir les étoiles et leurs richesses. Entre fusées et satellites, les routes spatiales se tracent, mais à quel prix ? Décryptage.

Le lanceur réutilisable, un défi technique

La firme américaine n’est pas non plus exempte d’échecs, comme lorsqu’en juin 2015 un vaisseau-cargo et une fusée lancés en direction de l’ISS ont explosé au décollage. Elon Musk ne s’arrête pas là pour autant ; il continue de vouloir innover en matière de concept. Pour le Falcon 9, il teste une idée qui a déjà traversé la tête de bien des ingénieurs du spatial : la fusée recyclable.

Aucun élément, aucun étage de lanceur n’est actuellement réutilisable après un lancement. Les différentes parties, qui se disloquent au fur et à mesure que l’engin s’élève vers le ciel, soit retombent sur Terre, soit restent en orbite. Or Space X cherche à récupérer le premier étage de son Falcon 9, toujours dans son objectif low-cost. « C’est vrai que l’idée d’un lanceur réutilisable est présente depuis les origines, concède Jean-Marc Astorg. Parce que mettre entre trois et quatre ans pour construire un engin qui coûte 70 millions d’euros pour Ariane 62, 90 millions pour Ariane 64, et le laisser tomber à l’eau après 20 minutes de vol, ce n’est pas satisfaisant. Il y a eu la navette spatiale américaine qui était réutilisable, mais elle a coûté cent fois plus cher qu’un lanceur consommable. »

Il reste cependant dubitatif quant à la faisabilité économique d’un concept comme celui de Space X : « La récupération du premier étage implique une perte de performance, puisqu’il faut prévoir plus de carburant afin de pouvoir freiner pour revenir. En pratique, cela veut dire que le lanceur peut emporter moins de masse de satellite. Comme le client paie la mise en orbite en fonction de la masse, cela veut dire moins de revenus pour l’opérateur de lancement. Il faut donc savoir si le gain de la réutilisation compense la baisse de revenu, en calculant les investissements et les opérations supplémentaires liés à ce concept. Il faut aussi tenir compte du fait que la fiabilité d’un étage récupéré peut être réduite, car il a été fragilisé. Un risque d’échec n’est jamais loin dans le domaine des lanceurs, et la réutilisation nous en approche ! Si jamais le lanceur réutilisable devient un jour un standard, cela prendra beaucoup, beaucoup de temps. Mais, bien sûr, nous devons l’étudier et, surtout, développer en Europe une expérience opérationnelle, ce qui veut dire faire des essais et ne pas se limiter à une approche théorique. »

Airbus se lance lui aussi dans la course à l’ espace

Airbus s’est donc penché sur le sujet de son côté et a présenté son concept Adeline lors du salon du Bourget, en juin 2015. Il s’agit d’un petit véhicule autonome capable de ramener sur Terre la partie la plus onéreuse d’une fusée, le bas de l’étage principal, qui comprend la motorisation et le système de pilotage. Le véhicule, déjà testé en modèle réduit, serait capable de se séparer des réservoirs vides et reviendrait comme un drone sur une piste d’atterrissage.

Un même moteur pourrait ainsi être utilisé entre dix et vingt fois. « Nous avons préparé ce projet pour l’après Ariane 6, rappelle Jean-Marc ­Astorg. Avec le projet actuel, nous sommes sûrs que nous pouvons réduire drastiquement les coûts, ce qui n’est peut-être pas le cas avec Adeline. Mais nous devons aussi préparer cette possible évolution à long terme, et c’est pourquoi nous avons engagé ces deux projets. » Elon Musk, lui, pense déjà au projet de demain.

En 2020, il compte rejoindre lui-même l’ISS à bord d’une navette Space X. Le visionnaire ne compte pas s’arrêter à l’orbite terrestre, comme le montre le compte Twitter de l’entreprise, illustré par une planète rouge, qui, en quatre prises de vue, se métamorphose en planète bleu et vert. En colonisant Mars, il compte faire de l’humanité une espèce interplanétaire. A-t-il lu trop de romans de science-fiction ou ce rêve, pour l’instant irréaliste, prendra-t-il forme un jour ? L’avenir le dira.

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