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Le vin des marques
Poussés par un esprit protectionniste, les investisseurs institutionnels se sont lancés dans le vin dès les années 80.
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Poussés par un esprit protectionniste, les investisseurs institutionnels se sont lancés dans le vin dès les années 80 et font aujourd’hui prospérer les plus grands noms du vignoble, notamment à Bordeaux. Des hobereaux agriculteurs aux grands barons de l’industrie, le vin est clairement entré dans une nouvelle ère.

Les plus âgés se souviendront. Dans les années 80, le vignoble bordelais attire les investisseurs étrangers. Bien avant les Chinois, Japonais (le géant Suntory en tête), Danois et Allemands commencent à acheter des propriétés dans tout le Bordelais. Assez pour inquiéter l’Etat, qui demande alors aux grandes compagnies d’assurances de se lancer à leur tour dans ce type d’investissement pour préserver le patrimoine national. Ainsi, dès 1984, Axa, sous l’impulsion de son emblématique président de l’époque, Claude Bébéar (bordelais d’origine), se lance avec le rachat du château Franc Mayne à Saint-Emilion.

L’année suivante, il crée même une holding, Axa Millésimes, qui chapeautera les différents vignobles acquis par la compagnie, majoritairement en France, mais aussi à Tokay, en -Hongrie, et dans la vallée du Douro, au Portugal. Entre 1985 et 1995, on estime qu’Axa Millésimes va investir quelque 150 millions d’euros dans ses différentes propriétés. Depuis, d’autres compagnies d’assurances et mutuelles ont fait de même et on ne compte plus les grandes étiquettes qui appartiennent aujourd’hui à ces « zinzins », les investisseurs institutionnels.

Ainsi, plus récemment, le Crédit agricole s’est également doté, en 2004, d’une holding destinée à gérer ses investissements viticoles. CA Grands Crus conjugue à la fois son métier de banquier, en accompagnant les entreprises familiales dans le cadre de successions et transmissions, à la gestion de ses propriétés dans le Bordelais, en Bourgogne et dans la vallée du Rhône. Dernière transaction : la cession de la majorité des parts de château de Rayne Vigneau, premier grand cru classé 1855 de Sauternes, à Trésor du patrimoine par CA Grands Crus.

Stratégie d’investissement

Si l’on voit bien l’intérêt pour les investisseurs institutionnels d’acheter de telles propriétés – un rendement relativement sûr sur le long terme, facile à revendre et une image de prestige –, qu’en pensent les dirigeants de ces mêmes propriétés ? « Travailler avec un grand groupe présente beaucoup d’avantages, reconnaît Laurent Fortin, directeur général de château Dauzac, cinquième grand cru de Margaux et propriété de la Maif, aujourd’hui, j’ai un outil d’exception que je gère comme si c’était le mien, mais avec la puissance d’un grand groupe quand il faut investir dans une nouvelle cuverie. » Un investissement de 1,8 million d’euros de la Maif…

Même constat au château Larose-Trintaudon, dans le Médoc. Acheté par AGF en 1986, la propriété appartient aujourd’hui à Allianz. « Si les premiers institutionnels ont acheté sans réelle stratégie, les choses ont bien changé, explique Brice Amouroux, directeur général de Larose-Trintaudon. D’autant qu’avec les nouvelles normes financières Bâle I et Bâle II, les banques et assurances doivent garantir leurs capitaux avec du foncier. » Les vignobles permettent ainsi d’obtenir des retours sur investissement avec un ancrage territorial, toujours bon pour l’image. Seule contrainte : « Apprendre à se connaître alors que les intérêts et le temps ne sont pas les mêmes », ajoute Brice Amouroux.

Parallèlement à ces institutionnels, de grandes familles ont également investi – plus ou moins discrètement – dans les vignobles. A côté des deux grandes fortunes françaises, Bernard Arnault via LVMH et François Pinault à travers sa holding Artemis, qui défraient régulièrement les pages économiques dans leur compétition pour posséder les plus belles propriétés, d’autres familles se font beaucoup plus discrètes. Les Wertheimer (Chanel) possèdent ainsi deux très belles propriétés : Rauzan-Ségla, à Margaux, et Canon, à Saint-Emilion. Mais refusent tout commentaire sur leur stratégie d’investissement. D’autres familles, telles que les Moulin (Galeries Lafayette), -Bolloré ou Bouygues se contentent de gérer avec intelligence leurs vignes, sans faire de bruit, mais avec parfois de jolis résultats.

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