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Santiago, le boom de l’immigration
Santiago, le boom de l’immigration
Alexandre Bougès

The Good Business

Santiago : le boom de l’immigration

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En raison de la bonne santé économique du Chili, l’immigration y a augmenté de 210 % depuis 2006, venue surtout d’Amérique latine, mais aussi d’Europe. Un phénomène qui ne s’était plus vu depuis la fin du… XIXe siècle et qui révolutionne aujourd’hui le pays andin.

Etre un étranger originaire d’un pays non limitrophe était encore, il y a seulement quelques années, très extraordinaire au Chili. « D’où venez-vous ? », « vous vous habituez au pays ? », « mais pourquoi au Chili ? » étaient les trois questions auxquelles on s’exposait lors de n’importe quelle rencontre, avec un chauffeur de taxi, le boulanger ou un voisin dans l’ascenseur. Il suffisait de quelques mots en ­espagnol avec un accent autre qu’argentin, ­bolivien ou péruvien pour qu’automatiquement et systématiquement ces questions et un regard à la fois incrédule et curieux naissent dans la bouche et dans les yeux de votre interlocuteur.

Dans cette bande de terre enserrée entre la cordillère des Andes, à l’est, l’océan Pacifique, à l’ouest, le désert, au nord, et les fjords et les glaciers, au sud, la population, qui définit souvent sa mentalité comme « insulaire », semble avoir oublié son propre métissage espagnol et mapuche – la communauté indienne la plus importante du pays, située dans le Sud –, surtout, mais aussi européen et proche-oriental. En effet, à la fin du xixe siècle, une grande vague d’immigration déferle sur le Chili – des Européens ­(Allemands, Croates, Italiens, Suisses, Français, Irlandais…), venus cultiver les terres australes des Indiens mapuches à la demande de l’Etat chilien, ainsi que des Palestiniens et des Syriens qui fuient le joug de l’Empire ottoman, et qui se sont, depuis, fondus dans la population.

C’est dire si le nouveau phénomène migratoire que vit le pays depuis une ­dizaine d’années, et qui se concentre à plus de 65 % dans la capitale, n’en finit pas d’étonner les Chiliens, même s’ils ont cessé de poser leurs traditionnelles questions. « Il y a quelques années, sourit Ezequiel Fuentes, qui vend des fruits et légumes sur le marché populaire de La Vega, le plus grand de Santiago, quand un Noir passait, les gens se retournaient pour l’examiner ! » Aujourd’hui, face au nombre grandissant d’immigrants à la peau noire venus d’Amérique centrale et des Caraïbes, plus personne ne fait attention.

Selon l’ONU, le Chili est le pays d’Amérique du Sud où l’immigration est la plus forte ­depuis 1990. « Si nous projetons la croissance de la courbe de l’immigration actuelle sur les huit prochaines années, il y aura presque un million d’immigrants en 2023, souligne ­Miguel Jaksic, directeur du Service jésuite aux migrants (SJM), qui reçoit et oriente plus de 2 000 étrangers par mois. Nous sommes en train de passer très rapidement d’un pays d’émigration à un pays d’immigration. »

Santiago concentre 65 % des migrants venus au Chili, attirés par son économie florissante.
Santiago concentre 65 % des migrants venus au Chili, attirés par son économie florissante. jean-francois-guggenheim
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