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Stockholm offre un cadre de vie particulièrement agréable. Première à être nommée capitale verte en Europe, elle s’est donné pour objectif de devenir une ville durable.
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Stockholm : trois choses à retenir sur la capitale suédoise

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Stockholm vibre au son d'une scène musicale intense, ravit les papilles des plus fins gastronomes et, last but not least, est le siège du prix le plus couru par les scientifiques, le Nobel.

1. Stockholm : capitale de la musique tech

En juin 2016, Invest Stockholm publiait le rapport Stockholm  The Powerhouse of Sound, rassemblant les données et informations relatives au développement de la music tec dans la capitale suédoise. Outre l’incontournable Spotify, on y découvre une multitude d’entreprises, dont certaines ne datent pas d’hier, ce qui prouve que l’industrie musicale a toujours occupé une place essentielle dans cette ville. On pourrait dire que tout cela est de la faute d’Abba… Et ce n’est pas faux. Le groupe a joué un rôle immense, non seulement à l’international, mais aussi dans son pays, suscitant des vocations qui, vingt ans plus tard, se sont concrétisées en des talents actifs et reconnus. Dans les années 90, Stockholm devient un centre de production musicale très important. Max Martin (Martin Karl Sandberg), auteur-compositeur-producteur qui débute sa carrière à cette époque, est une machine à créer des tubes : Ace of Base, les Backstreet Boys, Britney Spears, Bon Jovi, Taylor Swift, Pink, Katy Perry, Ariana Grande et des dizaines d’autres sont passés dans son radar. La filière suédoise possède aussi l’un des plus grands réalisateurs de vidéoclips du monde : Jonas Akerlund, qui débute lui aussi à la même époque, alors que MTV envahit les écrans télé et connaît un immense succès en Suède. Madonna, Beyoncé, Lady Gaga, Coldplay… la liste est trop longue pour les citer tous. Tous ces talents et efforts conjugués font le buzz. 

En 1993, Export Music Sweden est créée pour promouvoir la musique suédoise à l’étranger. Et même si, au début des années 2000, les groupes suédois s’exportent moins bien, les talents en coulisses restent très productifs. En mai 2012, la moitié des chansons du top 10 du palmarès Billboard Hot 100 sont écrites ou produites par des Suédois. C’est donc la base sur laquelle se développeront plus tard les petits nouveaux de la music tech. Des jeunes Suédois qui parlent parfaitement anglais et qui, dès la maternelle, sont mis en contact avec la musique grâce à des programmes éducatifs subventionnés. Ces derniers ne produisent aujourd’hui plus de musique, mais ils créent ses outils de création et de diffusion : des instruments de musique virtuels tel l’OP-1 de Teenage Engineering, des applis comme le ScoreCloud Express (qui transforme la musique en partitions), Auxy Beat Studio (pour composer de la musique électro), Pacemaker (pour les DJ), des logiciels de gestion de droits (Auddly, Epidemic Sound), des écouteurs et casques (Happy Plugs, Pugz Gear…) et, bien sûr, des plates-formes de diffusion (Spotify, SoundCloud, Filtr, Rdio…). Dans ce rapport de 2015, Invest Stockholm estime à 555 M $ les investissements effectués dans la music tech. Et le secteur espère une croissance annuelle de 11% pour un marché qui atteindrait 7 Mds $ en 2020. S. B.

2. Stockholm : la gastronomie

Pendant que Copenhague accaparait l’attention de tous, Stockholm se bâtissait, en toute discrétion, une scène gastronomique solide. Une scène menée par deux pionniers, Mathias Dahlgren ou Magnus Ek. A l’instar de son confrère René Redzepi, qui a fermé cette année son restaurant Noma pour le rouvrir ailleurs dans une version plus décontractée, Mathias Dahlgren a récemment rendu ses 2 étoiles pour changer radicalement d’approche et proposer une cuisine entièrement végétarienne. A Stockholm, comme ailleurs, c’est compliqué de tenir un restaurant gastronomique : difficilement rentables et, après avoir servi de vitrine et tenu leurs rangs dans les palmarès mondiaux, ils laissent place à des lieux moins formels, moins coûteux aussi, pour les clients comme pour les chefs. Jacob Holmström et Anton Bjuhr, les deux chefs fondateurs de Gastrologik, eux, ne cèdent pas. 

La scène gastronomique de Stockholm est très dynamique.
La scène gastronomique de Stockholm est très dynamique. Indha Lindhag

Tous deux formés dans des grandes cuisines parisiennes, ils ont ouvert leur restaurant en 2011 – un projet ambitieux, l’une des plus belles tables de Stockholm. « Il y a un changement de génération qui s’opère, confirment-ils. La cuisine d’avant-garde n’est plus l’apanage des grands restaurants. On peut être créatif sans se payer un design d’architecte, employer 50 personnes, ni dépenser 10 000 dans des verres à vin. Le résultat est que nous avons d’excellents restaurants dans tous les styles et dans toutes les gammes et que Stockholm est devenue une destination gastro aussi évidente que Copenhague. En revanche, pour nous, le choix était clair et nous réalisons aujourd’hui que l’énorme investissement valait la peine. Nous sommes économiquement viables – même si nous avons le même salaire depuis cinq ans – et nous pourrions survivre sans notre deuxième restaurant. »

Le restaurant Oaxen Krog & Slip du chef Magnus Ek, à Stockholm.
Le restaurant Oaxen Krog & Slip du chef Magnus Ek, à Stockholm.

Pour Magnus Ek, qui a quitté une île difficile d’accès pour rejoindre la capitale et y installer ses restaurants (Oaxen Krog & Slip), si Copenhague a pris une longueur d’avance c’est aussi à cause de la rigidité de l’administration suédoise: « Il est plus facile et moins cher d’ouvrir un restaurant à Copenhague. On peut tester une idée, sous forme de pop-up ; ce n’est pas si grave si ça ne fonctionne pas. Et la législation sur la vente d’alcool est plus favorable qu’ici, où il faut une licence et passer un examen : si vous échouez 3 fois, c’est fini, vous ne l’aurez plus jamais ! J’ai dû m’y prendre à deux reprises quand je suis revenu à Stockholm, alors que ça faisait douze ans que je dirigeais un restaurant. Je pense que les gens sont un peu plus ouverts au Danemark. » C’est pourtant à Stockholm qu’est né le White Guide. Créé en 2005 par l’équipe du Gourmet, ce guide se décline aujourd’hui en plusieurs formes et joue un rôle dans la promotion de la cuisine nordique. S. B.

 

3 – Stockholm : Nobel, une institution

Sans conteste, la fondation Nobel, qui décerne les prix du même nom, fait partie des institutions iconiques de Stockholm. Chaque année, l’annonce des lauréats, puis la cérémonie de remise des prix braquent les projecteurs sur la ville et entretiennent sa notoriété dans les domaines scientifique, économique et littéraire. Pour preuve, le nombre de followers de la page Facebook de la fondation est passé de 600 000 début 2016 à plus de 3,5 millions en fin d’année. La cérémonie de remise des prix se tient dans la salle de concert de la ville, le 10 décembre, en souvenir d’Alfred Nobel, décédé ce jour-là, en 1896. Le roi de Suède remet diplôme et chèque aux lauréats, avant un immense banquet dans le grand hall de l’hôtel de ville, suivant un rituel quasi inchangé depuis 1901. Il faut bien une salle de cette envergure pour accueillir les 1300 convives. Le reste du temps, l’espace est ouvert au public dans la journée et loué le soir pour des événements privés. Les soirs de dîners, des serveurs en grande tenue se faufilent entre les tables dressées.

La première cérémonie du Prix Nobel, en 1901.
La première cérémonie du Prix Nobel, en 1901. © The Nobel Foundation.

Vu du haut du grand escalier, le hall ressemble à la place animée d’un village. Des arcades ponctuent les motifs géométriques du sol et supportent les murs de brique rouge régulièrement percés de fenêtres hautes. On se croirait en Italie. Au fil du temps, les missions de la fondation Nobel ont largement dépassé le cadre donné lors de sa création, en juin 1900. A l’époque, elle devait gérer le capital légué par Alfred Nobel, mort célibataire, sans enfant et riche. Son testament stipulait que l’argent devait être placé et que les intérêts seraient partagés chaque année pour récompenser des personnalités ayant contribué au bien de l’humanité dans cinq domaines (physique, chimie, médecine, littérature et paix). La bulle Internet de 2001 et la crise financière mondiale de 2008 avaient sérieusement entamé ce capital, lui faisant perdre près du tiers de sa valeur. Mais, depuis, le repli a été plus que rattrapé. Fin 2016, le capital s’élevait à 4,2 Mds SEK, soit environ 420 M €. Aujourd’hui, la fondation gère également un musée, une entité médias qui diffuse de l’information sur le prix Nobel et sur les travaux de recherche des lauréats, un centre pour la paix (basé à Oslo), ainsi qu’un centre de conférences et d’exposition, dont la construction doit démarrer avant la fin de l’année dans le centre de Stockholm. S. C.

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