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Espen Egil Hansen, directeur de la rédaction de l'Aftenposten.
veronica

The Good Business

Aftenposten : six questions au directeur de rédaction

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C'est le quotidien le plus lu de Norvège, pour un pays qui à la plus grande consommation de presse d'Europe. Espen Egil Hansen, son directeur de rédaction, se réjouit que ses compatriotes soient « les plus grands consommateurs de news au monde », appréciant de plus en plus les formats numériques. The Good Life l'a rencontré pour vous. Interview.

Faisant parti du très puissant groupe Schibsted (propriétaire, par ailleurs, de Leboncoin.fr), l’Aftenposten est le quotidien le plus lu de Norvège, juste devant le tabloid VG.

Rencontre avec Espen Egil Hansen, le directeur de sa rédaction d’Aftenposten.

The Good Life : Avez-vous trouvé le business-modèle idéal à la direction de l’Aftenposten ?
Espen Egil Hansen : Difficile à dire, mais, en tout cas, l’évolution de nos éditions numériques est très satisfaisante. Il y a un an, nous apercevions encore au loin le rivage espéré mais, à présent, nous avons enfin accosté et nous sentons la terre ferme sous nos pieds ! [Rire.] Après dix-sept années consécutives de baisse de nos ventes et de nos abonnements, voilà que, grâce au numérique, le nombre de nos abonnés augmente spectaculairement. Les ventes papier, elles, vont diminuer au rythme de 5 à 10% par an, mais c’est gérable, grâce au développement du web.

TGL : Et la publicité ?
E. E. H. : C’est notre plus gros problème… La publicité, c’est fini pour les médias, que ce soit en France, en Norvège ou en Afrique ! Il ne faut pas être naïf : ce sont Google et Facebook qui raflent quelque 95 % du marché publicitaire.

L’Aftenposten emploie 160 journalistes.
L’Aftenposten emploie 160 journalistes. Albertine Guillaume

TGL : Pour le numérique de l’Aftenposten, tout est payant ?
E. E. H. : Non, nous sommes sur le modèle du New York Times. Sur l’Aftenposten, une part limitée du contenu est accessible gratuitement et une autre est payante. Et nous développons de nouvelles formes de contenus très qualitatifs en ciblant des lecteurs modernes, actifs, aimant le challenge, des gens qui veulent faire bouger les choses et qui ont besoin d’une information fiable et de qualité. La plupart résident dans la région d’Oslo.

TGL : Quels sont les concurrents de l’Aftenposten ?
E. E. H. : Nous n’avons pas de concurrents médias qui nous feraient de l’ombre en Norvège. Pour moi, nos seuls concurrents sont, je le répète, Google et Facebook, qui drainent toute la publicité.

Le luxueux immeuble de l’Aftenposten compte de nombreux espaces et salles de réunion, ainsi qu’une salle de conférence ultradesign pour la rédaction en chef.
Le luxueux immeuble de l’Aftenposten compte de nombreux espaces et salles de réunion, ainsi qu’une salle de conférence ultradesign pour la rédaction en chef. Albertine Guillaume

TGL : L’arrivée du numérique a-t-elle simplifié vos difficultés de distribution dans ce pays des fjords ?
E. E. H. : Oui, spectaculairement ! Nous sommes désormais disponibles partout dans le pays chaque matin, et même la veille au soir de la parution. Auparavant, il fallait livrer l’Aftenposten en avion, en bateau ou en camion, et cela coûtait très cher.

TGL : Il y a eu des plans de départ… Avez-vous encore assez de journalistes pour faire un journal de qualité ?
E. E. H. : Soyons honnêtes : plus vous avez de journalistes, meilleure et plus riche est l’information. L’an dernier, nous avons dû réduire de 20% nos effectifs de la rédaction, soit 40 personnes, ce qui est dramatique, même s’il y a eu beaucoup de départs en retraite anticipée. Reste qu’aujourd’hui notre journal n’est, pour le lecteur, qu’une source d’information parmi d’autres. Il s’agit donc d’être plus sélectif. Ne pas tout couvrir, mais ce que nous couvrons doit l’être de façon excellente. Ainsi, pour les « Panama Papers », l’Aftenposten a été l’un des journaux ayant mobilisé le plus de journalistes.

 

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