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Emilie Sueur, rédactrice en chef (rédaction en chef collégiale).
melanie

The Good Business

4 questions à Émilie Sueur, la rédactrice en chef de L’Orient-Le Jour

The Good Business

The Good Life a rencontré la rédactrice en chef (rédaction en chef collégiale) du quotidien L'Orient-Le Jour. Un titre presque centenaire, si l’on tient compte de l’histoire des deux journaux dont il est issu, qui force l’admiration par le courage et la résilience de ses collaborateurs face aux multiples épreuves auxquelles, à l’instar de son pays, il est périodiquement confronté.

The Good Life : Quelles sont les valeurs qui caractérisent votre journal (@lorientlejour_olj) ?

Émilie Sueur : C’est un journal qui se distingue par son combat pour la liberté d’expression, dans une région où elle est loin d’être assurée. L’Orient-Le Jour, c’est aussi un combat pour une société plurielle et ouverte. Il se distingue également par son indépendance. Là encore, une rareté dans la région.

L’Orient-Le Jour, ce sont 15 000 exemplaires écoulés chaque jour, dont 30 % par abonnement.
L’Orient-Le Jour, ce sont 15 000 exemplaires écoulés chaque jour, dont 30 % par abonnement. Greg Demarque

TGL : Est‑il plus difficile d’être journaliste au Liban qu’en Europe ?

E. S. : Au Liban, au‑delà de la question de leur sécurité personnelle – selon les époques et les sujets abordés –, les journalistes doivent faire face à ce problème majeur : l’accès à l’information. Le Parlement a voté, en début d’année, une loi pour garantir le principe de libre accès du public aux documents administratifs, afin d’assurer un maximum de transparence. Si cette loi est effectivement mise en œuvre, le travail des journalistes pourrait en être facilité.

TGL : Qu’est‑ce qui fait, selon vous, un vrai journaliste ?

E. S. : Un vrai journaliste est avant toute chose une personne curieuse et qui a un esprit critique. Une personne qui ne prend pas pour argent comptant les informations qu’on lui donne, qui s’interroge. Un professionnel qui restitue les faits et qui donne au lecteur des clés pour les comprendre, pour qu’il puisse en appréhender la portée et les conséquences.

Le journal emploie 100 personnes, dont 50 journalistes.
Le journal emploie 100 personnes, dont 50 journalistes. Greg Demarque

TGL : Le numérique triomphera-t-il de la crise de la presse ?

E. S. : Nous vivons un moment anxiogène, mais qui peut aussi être exaltant. Le numérique représente une certaine menace, sinon une menace certaine, pour la presse écrite. Mais le web est aussi une formidable source d’opportunités. Grâce au web, nous atteignons un lectorat que nous ne pouvions pas atteindre auparavant. Grâce au web, nous pouvons créer une autre interactivité avec le lecteur, créer une communauté. C’est essentiel pour nous. Les modes de narration évoluent. Une histoire peut se raconter avec des mots, des images, du son… Le web offre un espace immense à la créativité. Cela est réellement exaltant, aussi longtemps, bien sûr, qu’on reste dans les limites des règles et de la déontologie de la profession. Le défi est colossal, mais il nous oblige, en quelque sorte, à nous réinventer, tout en restant fidèles à ce que nous devons être et à notre mission. Et se réinventer est fascinant.

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