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Les œuvres de Daniel Arsham. Moving Architecture au VDNH de Moscou en 2017.
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Arts : Visions postapocalyptiques et créations contemporaines

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Face aux phénomènes de réchauffement climatique, d’avancées de l’intelligence artificielle ou de surconsommation, les utopies des siècles passés ont laissé place aux dystopies. Qu’il s’agisse de sculpture, de peinture, d’architecture ou de cinéma, les créations contemporaines témoignent d’une vision globalement sombre de l’avenir.

Tout aussi sombre est la vision de la Française Dominique Gonzalez-Foerster qui, dans une installation sidérante, a transformé il y a quelques années le Turbine Hall de la Tate Modern en un vaste dortoir pour Londoniens piégés par un déluge de pluie. Ou encore la vision enténébrée d’Anne et Patrick Poirier qui présentaient récemment, au musée d’Art moderne et contemporain de Saint-Etienne, un univers fantasmagorique figuré par une immense maquette, Exotica, présentant, sur plus de 100 m2, une ville calcinée, un conglomérat d’architectures noires comme le charbon, de machines échouées, d’effondrements urbains, d’industries ravagées… Une sorte de civilisation disparue dont il ne reste plus que des traces chaotiques et dont il est dit par les artistes qu’elle aurait « vécu son apogée au milieu du XXIe siècle ».

Le Turbine Hall de la Tate Modern transformé en dortoir par Dominique Gonzalez‑Foerster.
Le Turbine Hall de la Tate Modern transformé en dortoir par Dominique Gonzalez‑Foerster. Tate Photography

Ajoutons à cela le jeu vidéo qui fait fureur en ce moment, The Last of Us – l’histoire, là encore, d’ultimes rescapés de l’espèce humaine qui évoluent dans un environnement dévasté, en quête d’un impossible salut –, et l’horizon des créations actuelles est plus chargé qu’un champignon atomique.

On est loin des visions utopiques que nourrissait le XIXe siècle, avec le fameux Crystal Palace de l’architecte et paysagiste britannique Joseph Paxton, construit à l’occasion de la première Exposition universelle à Londres, en 1851. Cette gigantesque architecture transparente devait protéger des agressions climatiques et reposait sur l’idée mirifique que la nature et la culture pouvaient désormais communier à travers le verre, dans un monde merveilleux de clarté.

Symbole du positivisme du XIXe siècle, Crystal Palace, conçu par Joseph Paxton en 1851, mêle nature, verre et acier.
Symbole du positivisme du XIXe siècle, Crystal Palace, conçu par Joseph Paxton en 1851, mêle nature, verre et acier. Hulton Archive

On est loin aussi de la Cité radieuse de Le Corbusier ou des projets futuristes d’Antonio Sant’Elia, dans lesquels l’habitat, parfaitement adapté à l’homme de demain, offrait la perspective de maisons hautement rationalisées ou mécanisées, interconnectées et intégrées. Ils concrétisaient dans la pierre ou le béton la ville moderne, grâce à l’optimisation de l’espace ou de la technologie.

Esquisse de la Cita Nuova, vision de l’architecte futuriste italien Antonio Sant’Elia.
Esquisse de la Cita Nuova, vision de l’architecte futuriste italien Antonio Sant’Elia. DR

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