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La Maison, Rio de Janeiro
La suite est installée dans le quartier résidentiel de Joá, à quelques pas de l’océan et à 30 minutes d’Ipanema.
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Voyage

Chambres avec vue, by François-Xavier Dussol

Voyage

La Maison, puis La Suite sont devenues des adresses incontournables. Sans aucun doute parce qu’en leur temps elles ont inventé une nouvelle hôtellerie à Rio. Derrière ce succès, le coup de foudre puis l’ambition d’un Français, François-Xavier Dussol.

Tomber amoureux de Rio de Janeiro, le phénomène n’est pas si rare. Plus rares sont ceux, en revanche, qui finalement s’y installent et saisissent cette occasion pour changer de vie. C’est ce qu’a fait François-Xavier Dussol, rejoint ensuite par son frère Jacques. Il découvre le Brésil pour la première fois en 1993, puis revient y passer toutes ses vacances chaque année pendant dix ans avant d’imaginer sauter le pas : quitter sa carrière parisienne pour ouvrir son premier établissement.

La Maison a ouvert ses portes en 2004, dans le quartier de Gavea.
La Maison a ouvert ses portes en 2004, dans le quartier de Gavea. Stevens Frémont

« Quinze ans dans la finance, c’était finalement assez loin de ma sensibilité. En revanche, une maison d’hôtes conciliait tout ce que j’aimais : l’immobilier, la décoration et l’accueil. » La Maison, située dans le quartier Gavea, ouvre en décembre 2004. « Il n’y avait rien du genre à l’époque ; le Fasano n’existait pas encore, il n’y avait que des grands hôtels assez impersonnels sur le bord de mer. » Il cherche du côté de Santa Teresa, où les belles maisons sont alors vendues une bouchée de pain, le quartier n’étant pas encore assez sûr, et tombe sur une annonce du journal O Globo promettant une « vue cinématographique ». C’est le cas, l’affaire est faite.

En 2004, il n’existait aucune adresse de ce genre à Rio.
En 2004, il n’existait aucune adresse de ce genre à Rio. Stevens Frémont

La Maison, accrochée à une colline, est une retraite où l’on se sent très vite comme chez soi dans ce décor ultracoloré composé de meubles anciens et contemporains, d’objets chinés, et où chaque chambre est unique. Elle est repérée par des journalistes français qui la photographient. C’est le point de départ d’un succès boosté par l’année du Brésil en France (2005).

La déco ultracolorée de La Maison, à Rio.
La déco ultracolorée de La Maison, à Rio. Stevens Frémont

François‑Xavier Dussol attrape le virus de l’entrepreneuriat, et décide assez rapidement de trouver une seconde propriété. Ce sera une belle maison de famille perchée sur les hauteurs de Joá, à mi-chemin entre São Conrado et Barra. Située face à la mer, elle jouit d’une vue à couper le souffle. Après un an et demi de travaux, François-Xavier Dussol ouvre La Suite, avec l’aide de son jeune frère Jacques, qui n’aura hésité que deux heures avant de le rejoindre.

François-Xavier Dussol a lui-même décoré La Maison, pour laquelle il s’est inspiré du thème du voyage. Noir et blanc, la chambre Copacabana évoque le quartier dans les années 30 et 40.
François-Xavier Dussol a lui-même décoré La Maison, pour laquelle il s’est inspiré du thème du voyage. Noir et blanc, la chambre Copacabana évoque le quartier dans les années 30 et 40. Stevens Frémont

Ensemble, ils imaginent un lieu d’exception avec sept suites qui ont chacune leur style et leur couleur, une villa de rêve fréquentée par les stars de passage en quête de calme et de discrétion. On y accède par un portail discret, mais aussi par les airs, grâce à une plate-forme pour hélicoptères. Toutefois, pas de bling ni de fausse prétention pour autant : on est reçu ici comme dans une maison privée, par le maître de maison en personne… et ses nombreux chiens.

Les sept chambres de La Suite portent chacune le nom d’une couleur.
Les sept chambres de La Suite portent chacune le nom d’une couleur. Stevens Frémont

Dussol lance bientôt un hôtel dans le centre historique

La maison d’hôtes est une forme d’hébergement qui requiert une certaine souplesse de la part des résidents quant aux services disponibles. Un concept qui n’a d’ailleurs pas immédiatement séduit la clientèle brésilienne. « Au début, nos hôtes étaient 100 % français. Aujourd’hui, ce sont à 50 % des locaux. Nous avons peu à peu éduqué les Brésiliens à un hébergement différent, sans télévision ni minibar dans les chambres. Notre grande difficulté a été de trouver du personnel de service qualifié. La première école d’hôtellerie n’a ouvert qu’il y a huit ans. Il y avait certes du personnel de maison, mais qui n’était pas vraiment apte à recevoir ni à servir des étrangers. Il fallait que je sois présent 24 heures sur 24. En revanche, après la crise de 2008, beaucoup de Brésiliens vivant à l’étranger sont rentrés au pays. Nous avons alors eu accès à une main-d’œuvre différente et expérimentée, ce qui a vraiment changé notre vie. » Et celle des résidents.

Le salon, dans lequel le rouge domine, s’ouvre sur un jardin luxuriant.
Le salon, dans lequel le rouge domine, s’ouvre sur un jardin luxuriant. Stevens Frémont

Au bout de quelques années, alors que les Dussol commencent enfin à souffler financièrement, survient l’annonce des grands événements sportifs. « Nous avions en tête de continuer, et nous nous sommes dit qu’il fallait donc y aller ! » François-Xavier a l’intuition qu’il faut aller dans le centre historique, et les deux frères se mettent en quête d’un immeuble. Plus question de maison d’hôtes, cette fois, mais d’un véritable hôtel, qui respecte néanmoins les codes de convivialité et d’authenticité de l’esprit Dussol. « Nous avions trouvé un joli immeuble près de la zone portuaire. Mais alors que nous étions sur le point de signer la promesse d’achat, nous sommes tombés sur l’hôtel Paris, situé place Tiradentes. C’était un hôtel de passe encore en activité, mais en le visitant, je n’y ai rien ressenti de glauque ni de négatif, au contraire. »

La Suite est installée dans le quartier résidentiel de Joá, à quelques pas de l’océan et à 30 minutes d’Ipanema.
La Suite est installée dans le quartier résidentiel de Joá, à quelques pas de l’océan et à 30 minutes d’Ipanema. Stevens Frémont

Coup de foudre, encore un, pour ce bâtiment construit en 1902 pour une famille de producteurs de café. Il est transformé en hôtel au début des années 30 et est alors peuplé de danseuses de cabaret, de vedettes de revues et d’actrices jouant dans les nombreux théâtres voisins. Avec le déclin du Centro, il a perdu son lustre, est devenu un bordel, un de plus. Pour les Dussol, le choix était évident. Mais avant de s’attaquer aux plans de rénovation, il a fallu monnayer le départ des occupantes. Et régler toutes les formalités.

Les sept chambres de La Suite portent chacune le nom d’une couleur.
Les sept chambres de La Suite portent chacune le nom d’une couleur. Stevens Frémont

« Nous n’avons pas eu d’aide de la municipalité pour les travaux, mais les procédures ont été facilitées. La licence nous a été accordée en quatre mois, alors que cela aurait pu prendre trois ans. Je pensais que nous pourrions ouvrir pour la Coupe du monde, puis pour les jeux Olympiques, mais finalement le projet est toujours en stand-by » Au Brésil, il faut laisser le temps au temps… Les plans sont prêts, Le Paris comptera vingt chambres, un spa, un restaurant au rez-de-chaussée et un rooftop avec piscine et bar confié au designer carioca Zanini de Zanine. Et pour évoquer l’histoire du lieu, une suite baptisée Delicia sera aménagée par les frères Campana themselves. Les autres chambres ainsi qu’une seconde suite seront décorées par François-Xavier et son compagnon, le créateur de bijoux Marzio Fiorini.

Une chambre d’hôtes, puis deux, un hôtel pour lequel interviennent des stars du design… L’ambition n’est pas simplement de réaliser le projet d’un Parisien vivant son rêve carioca. Les deux frères affichent une réelle volonté de construire un groupe dans lequel toutes les activités sont déjà regroupées sous la marque By Dussol. Il faut se donner les moyens de ses ambitions : un fonds d’investissement luxembourgeois a été sollicité pour boucler le financement du Paris. Et, déjà, les frères Dussol étudient d’autres lieux. Pas forcément dans l’hôtellerie : « Je pense à un cabaret, à quelque chose qui n’existe pas encore à Rio, confie François-Xavier Dussol. La magie de cette ville opère toujours pour moi. J’ai ramé, j’en ai bavé, mais si c’était à refaire, je le referais ! »

Pratique

  • La Maison
    Rue Sérgio Porto, 58. Gávea.
    Tél. +55 21 3205-3585
  • La Suite
    Rue Jackson de Figueiredo, 501. Joá.
    Tél. +55 21 3259-6123
    bydussol.com

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