×
The Good Brains
The Good Brains.
melanie

The Good Business

The Good Brains : les acteurs majeurs de l’économie péruvienne 2/2

The Good Business

Pharmaceutique et photographie, industrie minière, jeux Panaméricains et hôtels de luxe... Ces businessmen tiennent entre leurs mains l'économie péruvienne et ont tous des têtes bien faites et des idées qui font bouger les lignes.

  • Jan Mulder, le directeur de Química Suiza et fondateur du Centre de l’image

Jan Mulder est un homme aux multiples facettes : un entrepreneur avisé qui a développé Química Suiza, une entreprise de chimie et de distribution de produits pharmaceutiques, passionné de photographie, collectionneur, protecteur des arts et, cerise sur le gâteau, président de l’Alliance française de Lima. C’est donc dans un français impeccable qu’il s’est exprimé, installé, non pas dans un bureau d’homme d’affaires, mais dans le patio du Centre de l’image, qu’il a créé en 1999.

Química Suiza a été fondée en 1939 par deux frères suisses. Le père de Jan ­Mulder, immigrant de Neuchâtel à Lima en 1947, rejoint la compagnie et en prend la tête dans les années 60. Pour Jan Mulder, pas question d’échapper à une carrière dans l’entreprise familiale, malgré des études de photojournalisme à l’université de Boston – qui avaient déjà plus à voir avec l’image qu’avec le business. Pendant vingt-cinq ans, il gère l’entreprise et en redéfinit les activités. Química Suiza réduit considérablement la partie production pour se concentrer sur l’importation de produits finis, la distribution et le retail. La compagnie est devenue l’opérateur de plus de un millier de pharmacies au Pérou, sous le nom de ­Mifarma, dont on croise l’enseigne orange à tous les coins de rue, signalant des points de vente qui tiennent davantage du drugstore ­anglo-saxon que de la pharmacie à la française.

Aujourd’hui, la compagnie est présente dans six pays d’Amérique latine sous le nom de Quicorp. Ses deux branches principales sont le produit consommateur et les services industriels. A la fin des années 90, la famille décide de ne plus faire partie de l’exécutif. Jan Mulder reste néanmoins président de la société et peut enfin consacrer du temps à la photographie. En 1999, il fonde le Centre de l’image, un établissement de formation au métier de photographe installé dans le quartier de Miraflores. Le Pérou sort peu à peu d’une grave crise politique et, à mesure que l’économie s’épanouit, les médias fleurissent et font appel aux jeunes diplômés de l’école. « Alors que nous n’avions que deux ou trois hebdomadaires, on assiste aujourd’hui à une invasion de magazines, illustre-t-il. Il s’agit essentiellement de journaux de quartiers, qui offrent des nouvelles très spécifiques sur les activités locales, les commerces, les restaurants, etc. »

Le Centre de l’image comprend également un espace d’exposition, un atelier d’impression numérique et organise la foire Lima photo depuis 2009. En parallèle, Jan Mulder commence sa collection de photographies : des portraits, des paysages, du contemporain, mais aussi de l’historique alors qu’il acquiert une partie du fonds du studio Courret (le Français Eugène Courret a ouvert un studio à Lima, en 1863). La réserve qui abrite sa collection regorge d’œuvres majeures. Parmi elles figure un tirage du portrait du Che signé Alberto Korda, une photo rare sur laquelle apparaît le photographe péruvien Martín Chambi et une de celles qui ont été prises par Irving Penn dans le studio de Chambi, à Cusco. En 2012, la collection de Jan Mulder a été exposée au festival d’Arles, dont l’homme est un habitué. « Il y a là-bas une pharmacie que j’aimerais bien acheter, lance-t-il amusé, mais elle n’est pas à vendre ! »

Jan Mulder, directeur de Química Suiza et fondateur du Centre de l’image.
Jan Mulder, directeur de Química Suiza et fondateur du Centre de l’image. Stevens Frémont

 

  • Carlos Gálvez Pinillos, le vice-président de Minas Buenaventura et président de la SNMPE (Sociedad Nacional de Minería, Petróleo y Energía)(@snmpeperu)

The Good Life : L’économie péruvienne est ­souvent qualifiée de « mining-driven ». Pour quelle raison ?

Carlos Gálvez Pinillos : Il suffit de quelques chiffres clés pour le comprendre : plus de 60 % de nos exportations sont issues de l’exploitation minière, qui génère environ 30 % du total des taxes sur les entreprises collectées par l’État, et qui contribue au PIB à hauteur de 10 %. Au total, plus de 1,8 million de Péruviens travaillent directement ou indirectement dans ce secteur, principalement en zones rurales. Ce n’est pas étonnant quand on sait que l’industrie minière, dans sa globalité, a investi plus de 35 milliards de dollars en dix ans dans l’économie péruvienne.

TGL : Depuis 2013, l’industrie minière subit un ralentissement important…

C. G. P. : L’industrie minière a été pénalisée par d’importants conflits sociaux qui ont ­paralysé certaines mines et engendré beaucoup de bureaucratie, ce qui a donc naturellement ralenti les investissements. Ces conflits menacent encore le cours normal des activités de production, de transformation et d’expédition du produit final dans les projets déjà mis en œuvre. Ils génèrent donc, malheureusement, une instabilité dans la production, tout autant que du côté des investissements étrangers.

TGL : On parle de la fin d’un âge d’or des matières premières au Pérou, avec un taux de contribution réduit à 1 % pour 2017, contre 2 % pour la dernière décennie. Selon vous, où se trouvent les relais de croissance ?

C. G. P. : Les opportunités les plus concrètes concernent l’agrandissement de mines déjà en exécution, comme Toquepala, Marcona, Tía María ou encore celle de Los Chancas. De son côté, le gouvernement s’est engagé à investir dans le développement social, notamment en améliorant l’indice de développement humain des populations locales avant le début de la mise en service d’un projet minier. Cela devrait donc avoir un impact sur les projets à venir.

Carlos Gálvez Pinillos, vice-président de Minas Buenaventura et président de la SNMPE (Sociedad Nacional de Minería, Petróleo y Energía).
Carlos Gálvez Pinillos, vice-président de Minas Buenaventura et président de la SNMPE (Sociedad Nacional de Minería, Petróleo y Energía). DR

Voir plus d’articles sur le sujet
Continuer la lecture