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« Newport » automatique, Michel Herbelin
La « Newport » automatique, à l’esthétique inspirée par les hublots des voiliers transatlantiques.
melanie

The Good Business

Michel Herbelin, le dernier grand horloger made in France

The Good Business

Créée en 1947 et résolument indépendante, la maison Michel Herbelin est un cas unique dans l'univers des garde‑temps. Authentiquement française, elle a su résister face à la révolution du quartz japonais et à la précision made in Switzerland.

Et au milieu coule une rivière… Le Doubs caracole et les pêcheurs en raffolent. La route départementale 464 file en lacets vers le massif du Jura. La Suisse n’est pas loin. L’histoire de l’horlogerie Herbelin a laissé de nombreuses traces dans la région. Après la révocation de l’édit de Nantes par Louis XIV, en 1685, de nombreux huguenots fuient la France pour la Suisse. Parmi eux, certains deviendront horlogers. En 1793, quatre-vingts de leurs descendants quittent ­Genève pour aller s’installer à Besançon, en Franche-Comté. Puis les tempêtes économiques sont passées par là. La montre à quartz, venue du Japon dans les années 70, provoque un véritable séisme. Chez Lip, en 1976, grèves à répétition et expérience d’autogestion firent tomber la fine fleur de l’horlogerie de ­Besançon en faillite. Les entreprises familiales horlogères ont payé un lourd tribut. Toutes ? Non. Malgré les invasions nippone et helvétique, une société française, menée par d’irréductibles horlogers, a su s’adapter aux vents de la modernité tout en préservant un ­savoir-faire ancestral.

Charquemont, QG de l’horloger Herbelin.
Charquemont, QG de l’horloger Herbelin. Jean-François Guggenheim

A Charquemont, à près de 900 mètres d’altitude, un bâtiment estampillé Michel Herbelin (@michelherbelin), de près de 1 000 m2, en est la preuve presque vivante. Pierre-Michel Herbelin nous accueille et nous mène dans le saint des saints de la création horlogère. Son fils Maxime, directeur du marketing, et son neveu Mathieu, directeur de la création, sont assis à une large table où trônent quelques dizaines de montres. Ne manque, semble-t-il, que la cousine Julie, photographe de l’entreprise, dernier élément du trinôme de la toute dernière génération de la saga familiale. Mais remontons le fil du temps, puisque de temps il est question, à tout moment, à Charquemont. En 1947, à 26 ans, Michel Herbelin, fils de commerçants, passionné d’horlogerie, monte, après s’être lancé dans des études dans l’art de la préservation du temps, un modeste atelier contre l’avis de ses parents. A l’époque, dans le village, la plupart des maisons sont constituées d’un étage où l’on vit et d’un rez-de-chaussée dédié à la fabrication de montres. On vient ici de partout, car Charquemont est réputée pour son horlogerie sans marque autre que celle qui sera gravée par les acquéreurs, grossistes et distributeurs. Michel Herbelin a l’exigence de la perfection et crée sa propre estampille : Impec. Les montres conçues, puis assemblées, il part en voiture vendre sa production à Paris et un peu partout en France. Son fils Pierre-Michel se rappelle les tout débuts de l’entreprise. « Quand j’étais gosse, le coffre fort de la maison et de l’atelier, c’était le ­tiroir de la table de la cuisine ! Lorsqu’il était vide, mon père reprenait la route. » En 1965, la marque Impec devient Michel Herbelin.

 

 

L’exigence de la perfection est à l’ordre du jour chez l’horloger français Herbelin.
L’exigence de la perfection est à l’ordre du jour chez l’horloger français Herbelin. Jean-François Guggenheim

2 questions à Pierre‑Michel Herbelin

Président d’Herbelin.

Pierre-Michel Herbelin

The Good Life : La société Michel Herbelin est un cas à part dans l’univers de l’horlogerie. Quelles sont ses spécificités ?
Pierre-Michel Herbelin : Avant tout, sa longévité et son indépendance, sans doute. L’atelier existe depuis 1947, et il a toujours été indépendant, ce qui est rare dans un monde constitué de groupes horlogers propriétaires de nombreuses marques. L’entreprise a su rester familiale. Les actionnaires en sont mon frère, qui l’a dirigée jusqu’à la fin des années 2000, un ancien ouvrier et moi‑même. Enfin, nous sommes parmi les tout derniers ateliers d’horlogerie française.

TGL : Vous‑même avez développé la culture du quartz et l’outil de production, avec plus de 80 000 montres par an et près de 100 nouveaux modèles, ainsi que l’export, avec 50 % de votre chiffre d’affaires réalisé à l’étranger et l’accès récent au Japon et à la Chine… Quelles sont les missions de la nouvelle génération ?
P.-M. H. : Côté marketing : une approche de la publicité différente avec l’achat d’espaces en direct, la communication numérique, la création des RP, des RP 2.0, le développement de la PLV [publicité sur le lieu de vente, NDLR] et la collaboration avec une agence extérieure pour l’image. Côté création : la valeur ajoutée par une approche liée à une culture d’architecte, une approche visuelle du produit plus léchée. J’ai amené le quartz dans l’entreprise. La montre connectée est l’affaire de mon fils, de mon neveu et de ma nièce. Ce sont eux qui feront l’entreprise de demain.

 

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