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Vue aérienne du T.Park. Très design, le bâtiment a été dessiné par le cabinet d’architectes Vasconi.
Vue aérienne du T.Park. Très design, le bâtiment a été dessiné par le cabinet d’architectes Vasconi.
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The Good Business

Le T.Park, la vitrine écoresponsable de Hong Kong et du géant français Veolia

The Good Business

C’est le géant français Veolia qui a conçu – et qui exploite pour les quinze prochaines années – le plus grand centre de traitement de boues issues de stations d’épuration du monde ! Ce projet de 7 hectares et de 600 millions d’euros est un véritable faire-valoir, à la fois pour l’industriel et pour la mégapole, mais pas pour les mêmes raisons…

Depuis la terrasse, la vue sur la baie est incroyable : noyés dans un épais brouillard, les parcs à huîtres s’étirent à l’infini sur une mer d’huile avec, à l’horizon, la ville de Shenzhen. Quelques étages en dessous, un élégant café de 150 mètres carrés se présente comme un modèle d’écoresponsabilité, tout en étant ­hyperclimatisé, même les mardis lorsqu’il est fermé au public. Parquet de bambou, bancs en bois local recyclé, boissons servies dans des tasses légèrement défectueuses qui auraient dû partir à la casse… Le décor est léché et, pourtant, nous sommes dans la toute nouvelle usine d’incinération des boues de Hong Kong, située juste à côté d’une décharge de laquelle s’évaporent des odeurs nauséabondes. Bref, pas vraiment un décor de carte postale.

Très design, le T. Park a été dessiné par le cabinet d’architectes Vasconi.
Très design, le T. Park a été dessiné par le cabinet d’architectes Vasconi.

Ce site de traitement des boues à 600 millions d’euros – le plus grand du monde – a été conçu par Veolia et inauguré, en mai 2016, par le président de la multinationale française, Antoine Frérot. Situé dans les Nouveaux Territoires, loin des gratte-ciel emblématiques du centre de Hong Kong, ce ­T.Park 100 % autonome en eau et en électricité réceptionne puis brûle les boues issues de 11 stations d’épuration réparties à travers la mégapole de 7,3 millions d’habitants. Les boues sont le résidu pestilentiel – et potentiellement toxique – obtenu une fois que les eaux ménagères (douche, toilettes, vaisselle, lessive) ont été traitées par les stations d’épuration. Une problématique que Hong Kong affronte depuis des années et sur laquelle la ville fait désormais beaucoup de pédagogie.

Le hall d’exposition du T.Park, qui a aussi pour mission de sensibiliser la population à la problématique du traitement des boues.
Le hall d’exposition du T.Park, qui a aussi pour mission de sensibiliser la population à la problématique du traitement des boues. DR

Des visites guidées gratuites y sont organisées, sur rendez-vous, pour tout savoir sur le sujet. Au total, l’usine, dessinée par le cabinet d’architectes Vasconi, concepteur notamment du Stade de France à Saint-Denis, s’étend sur 7 hectares, dont 70 % sont arborés. Trois petites piscines chauffées à diverses températures ainsi qu’une réserve pour les oiseaux ont également été ajoutées à ce bâtiment très design, dont le (coûteux et controversé) toit ondulé en forme de vague rappelle joliment les ourlés de la mer, située juste en face.

Réalisation-vitrine pour Veolia, qui avait remporté le contrat en 2010 face à Suez et Mitsubishi, le T.Park doit permettre au « port parfumé » (la traduction française de « Hong Kong ») de régler pour de bon un épineux problème. A l’écart sur son petit ­territoire, la région administrative spéciale, revenue en 1997 dans le giron chinois après cent cinquante-cinq ans de présence britannique, est en effet l’une des cités du monde qui produit le plus de déchets.

Sur le site, 130 employés officient pour le compte de Veolia.
Sur le site, 130 employés officient pour le compte de Veolia. Alexandre DUPEYRON

Pendant longtemps, ces déchets ultimes ont été déversés dans des centres d’enfouissement technique, une solution non viable sur le long terme du fait des odeurs générées et de la rareté du foncier. En Europe, les stations d’épuration ont généralement leur propre incinérateur à boues, mais ces unités nécessitant de 10 à 15 % de terrain supplémentaire, Hong Kong n’a jamais adopté ce modèle. « De par sa géographie, le cas de Hong Kong est très particulier, résume Elisabeth Zebrowski, responsable technique de Veolia basée sur le site. Compte tenu du manque de place, l’enfouissement était un choix compréhensible. Par ailleurs, vu qu’il n’y a pas d’agriculture à Hong Kong, l’épandage des boues n’était pas possible non plus. »

Veolia en Chine (continentale + Hong Kong)

Effectif : 15 000 collaborateurs, sur un total de 174 000 dans le monde.
Chiffre d’affaires : 600 M €, dont 15 % dans le traitement des déchets toxiques et 25 % dans le traitement des eaux industrielles.
Dans l’eau : le groupe dessert en eau potable 44 M de Chinois (contre 26 M de Français) et traite les eaux usées d’environ 12 M de personnes. Dans ce secteur, Veolia opère 29 projets pour des clients municipaux (comme le T.Park) ou des clients industriels.
• Dans l’énergie : Veolia produit 5 M de MWh et opère 12 projets dans ce secteur.
Dans les déchets : Veolia traite presque 8 M de tonnes de déchets en Chine et à Hong Kong. Le groupe opère, entre autres, 10 centres de traitement pour les déchets toxiques et 4 décharges.

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