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Hôtel de la plage d’Ashvem
Un hôtel de la plage d’Ashvem, fermé pendant la mousson et voisin du restaurant franco-indien la plage, très fréquenté par les français vivant en Inde.
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Voyage

Goa, le repaire des hippies 2.0 – 1/2

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En Inde, le petit État de Goa connaît une renaissance artistique à laquelle les compagnies aériennes low-cost et l’Internet haut débit ne sont pas étrangers. Peintres, sculpteurs, musiciens, cinéastes et performeurs s’installent dans les maisons portugaises de l’arrière‑pays, loin des plages autrefois convoitées par la vague hippie.

C’est là qu’un groupe de jeunes talents occupait encore récemment l’Heritage Hotel, une demeure coloniale transformée en résidence d’artistes. Ces hippies 2.0, comme certains les ­surnomment avec une affectueuse ironie, viennent d’élire domicile à quelques kilomètres de là, dans le hameau d’ Arpora. ­Anciens de Bombay, eux aussi, ils accueillent peintres, sculpteurs, musiciens, vidéastes… Les fondateurs, Madhavi Gore et Nikhil ­Chopra, connu dans tout le pays pour ses performances, ainsi que ­Romain ­Loustau, un Français venu du théâtre, se voient plus en hipsters rassasiés des bouchons incessants et des loyers délirants. « On n’a pas rejeté la civilisation, mais on ne voulait plus passer trois quarts d’heure dans les rickshaws pour emmener les enfants à l’école », murmure Madhavi Gore. Pour elle, Goa est le coin « le plus ­libéré » du pays, le seul endroit où, pour réussir, la créativité n’implique pas de « jouer les figurants aux vernissages des galeries d’art ».

Madhavi Gore, cofondatrice de la résidence d’artistes Heritage Hotel, à Siolim.
Madhavi Gore, cofondatrice de la résidence d’artistes Heritage Hotel, à Siolim. Fabien Charuau

Goa, un cadre propice à la création
Minam Apang acquiesce. Venue des plateaux himalayens de l’Arunachal Pradesh, elle est peintre et expose régulièrement chez Chatterjee & Lal, la plus ancienne galerie de Bombay. Selon elle, Goa est « le seul paradis du sous-continent indien où la mousson est propice à la création ».

L’artiste Minam Apang est représentée par la plus ancienne galerie de Bombay.
L’artiste Minam Apang est représentée par la plus ancienne galerie de Bombay. Fabien Charuau

« Pour la musique aussi, cet endroit est le meilleur au monde », assure Ranjit Arapurakal, la tignasse frisée et ­décolorée. Ce musicien originaire du Kerala a grandi à New York, avant de revenir en Inde. « L’arrivée récente d’Internet a joué dans ma décision de préférer Goa à Bombay, mais les coupures de courant sont encore quotidiennes et ce sont surtout les échanges avec les artistes locaux qui m’intéressent. Il y a ici des guitaristes de génie », confie-t-il, citant Elvis Lobo et Shayne Ballantyne, deux Goanais qui se produisent, comme lui, sur tous les continents.

Le musicien Ranjit Arapurakal compose et interprète avec un sourire désarmant.
Le musicien Ranjit Arapurakal compose et interprète avec un sourire désarmant. Fabien Charuau

Nandita Kumar, elle, a installé son atelier dans un pavillon ordinaire, posé au milieu d’une rizière, après des études en Nouvelle-Zélande et aux Etats-Unis. « La chaîne des Ghats occidentaux qui longe la côte est l’un des points les plus chauds de la planète en termes de biodiversité, c’est très inspirant », affirme-t-elle. Son obsession ? L’électronique qui a envahi le monde et qui, selon elle, reproduit les lois de la nature. Nandita Kumar récupère des circuits usagés, fils de cuivre, résistances ou haut-parleurs de téléphones portables, pour reconstituer des paysages urbains miniatures dans de grosses bouteilles en verre. Ses sculptures émettent les sons de la terre, en interaction avec la lumière et l’humidité ambiante. « J’essaie de créer des énergies capables de reconnecter les gens à la nature », explique-t-elle.

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