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Kavalan, le whisky en version tropicale
Deux immenses bâtiments bordent la distillerie, qui sont de véritables cathédrales de béton conçues pour résister aux séismes.
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The Good Business

C’est chez Kavalan, à Taïwan, qu’est créé le meilleur whisky du monde !

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La marque taïwanaise, qui fête ses 10  ans cette année, a réussi à s’imposer sur le marché ultraconcurrentiel des single malts et à créer une nouvelle catégorie qui rafle tous les prix.

Même sous une chaleur de plomb et par une humidité terrible, les visiteurs continuent de se presser à Yilan. C’est dans ce comté, situé au nord-est de Taïwan, qu’est implantée la distillerie Kavalan. Bâtie en 2005 par le groupe King Car, elle attire aujourd’hui près de un million de visiteurs par an – soit plus que toutes les distilleries écossaises réunies –, qui se bousculent pour découvrir ses secrets de fabrication. Un gigantesque centre permet de se reposer quelques minutes dans la fraîcheur de l’air conditionné en regardant un film sur l’histoire de Kavalan, de déguster un café Mr. Brown – marque qui appartient au groupe et est leader en Asie –, ou encore de se précipiter dans l’incontournable boutique pour y acheter quelques expressions de whiskies maison parmi la vingtaine qui existe, dont certaines éditions limitées qu’on ne trouve pas ailleurs – à noter que La Maison du whisky est l’importateur exclusif de la marque en France. Bref, un système parfaitement rodé pour attirer des familles entières.

Selon Y. T. Lee, président du groupe King Car, le whisky ne représente qu’une goutte d’eau (3 % du chiffre d’affaires) dans la constellation de sociétés que compte son conglomérat. En effet, on y trouve de tout : chimie, agro­alimentaire, logistique, biotechnologies, brasserie, pisciculture, culture d’orchidées ou encore parapharmacie. Le tout créé en 1956 par son père, T. T. Lee. Aujourd’hui, c’est le fils qui continue de faire prospérer le groupe. Et en la matière, Y. T. Lee est doté d’un flair inégalé pour trouver de nouvelles activités. Lucratives de préférence. En 1996, il avait eu l’idée de créer le premier whisky de Taïwan en se donnant les moyens nécessaires à sa réussite. Il s’était alors entouré de conseillers écossais, avait construit une distillerie, fait venir des alambics d’Écosse et acheté des fûts aux États-Unis et en Espagne avant de se lancer.

Deux immenses bâtiments bordent la distillerie, qui sont de véritables cathédrales de béton conçues pour résister aux séismes.
Deux immenses bâtiments bordent la distillerie, qui sont de véritables cathédrales de béton conçues pour résister aux séismes. Christophe Meireis

A ses débuts, en 2006, Kavalan produit plus de trois millions de bouteilles de single malt – 5 millions actuellement. Si le processus de fabrication respecte la plus pure tradition écossaise, ce qui frappe, c’est l’automatisation de toutes les étapes. A l’atelier de réfection et de toastage des fûts, des robots tournent à plein régime, sous le ­regard d’un seul employé. Dans la partie production, une poignée d’hommes surveillent les écrans et interviennent ponctuellement pour goûter le cœur de chauffe. Comparé à la surface du lieu, ils sont bien moins nombreux qu’en Écosse.

Les fûts proviennent des États-Unis et d’Espagne. Quant au processus de fabrication, il respecte la plus pure tradition écossaise.
Les fûts proviennent des États-Unis et d’Espagne. Quant au processus de fabrication, il respecte la plus pure tradition écossaise. Christophe Meireis

Car c’est une autre spécificité de Kavalan : tout y est immense. Les mash tanks, ces grandes cuves dans lesquelles l’orge maltée fermente avant d’être distillée, s’alignent, rutilantes. Les cinq paires d’alambics tournent à plein régime sur fond de palmiers et de ciel bleu qu’on aperçoit au travers des grandes baies vitrées. Quant aux chais de vieillissement, ils sont installés dans deux immenses bâtiments qui bordent la distillerie. Là, sur cinq étages, patientent des ­dizaines de milliers de fûts dans la moiteur quasi tropicale de Taïwan. De véritables cathé­drales de béton conçues pour résister aux séismes qui secouent l’île régulièrement et où les fûts sont rangés verticalement, liés par quatre pour limiter les chutes. Un système bien rodé, mais qui ne résiste pas à une part des anges très importante. Alors que l’évaporation naturelle se limite à 1 ou 2 % par an, en Écosse, et à 6 ou 7 %, dans le Kentucky, à Taïwan, elle oscille entre 10 et 12 % !

Les fûts sont rangés verticalement et liés par quatre pour limiter les chutes en cas de tremblement de terre.
Les fûts sont rangés verticalement et liés par quatre pour limiter les chutes en cas de tremblement de terre. Christophe Meireis
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