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AB InBev, the big dream
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The Good Business

AB InBev ou la naissance d’un géant de la bière

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En moins de vingt‑cinq ans, trois investisseurs cariocas ont créé le numéro un mondial de la bière. Réussite spectaculaire du capitalisme brésilien, AB InBev a signé, fin 2015, l’une des opérations de fusion‑acquisition les plus importantes de l’histoire, en rachetant pour 100  milliards d’euros son dauphin SABMiller. Avec ce coup de maître, le groupe belgo‑brésilien capte désormais le tiers du marché brassicole mondial.

« Une pinte de bière contient beaucoup d’eau et encore plus d’argent. » Cette observation du financier brésilien Jorge Paulo ­Lemann n’a jamais été aussi vraie. Le groupe AB InBev, dont il est l’actionnaire historique, a racheté son dauphin, le numéro deux mondial ­SABMiller, pour plus de 100 milliards d’euros en novembre dernier. Opération de fusion-­acquisition inédite depuis les grandes manœuvres des opérateurs de télécoms en 1999 et en 2013.

Dans l’univers brassicole, c’est le grand chambardement. Le néerlandais Heineken et le danois Carlsberg se réveillent avec la gueule de bois face au nouveau roi de la bière, qui compte des marques internationales comme les emblématiques Stella Artois, Leffe, Budweiser, Corona, Peroni en Italie, Miller aux États-Unis ou encore ­Foster’s en Australie. Le chiffre d’affaires de ce mastodonte pourrait atteindre plus de 60 milliards d’euros, et sa capitalisation, pas loin de 243 milliards. Mais, surtout, ce mariage au sommet donne naissance au premier groupe véritablement mondial, très bien placé sur les marchés émergents d’Afrique et d’Asie.

Dates clés

  • 1992 : rachat du brasseur brésilien Brahma par Jorge Paulo Lemann.
  • 1999 : rachat du brésilien Antarctica et naissance du groupe Ambev.
  • 2004 : rachat du belge Interbrew, qui devient InBev.
  • 2008 : rachat de l’américain Anheuser‑Busch (AB) pour 52 Mds $. AB InBev devient numéro 1 mondial.
  • 2012 : rachat du mexicain Grupo Modelo pour 20 Mds $.
  • 2015 : rachat du numéro 2 mondial SABMiller.

Avec SABMiller, AB InBev aurait ainsi accès à 7 milliards d’euros de revenus en Afrique et à 4 milliards supplémentaires en Asie, selon l’agence Bloomberg. Pour autant, pas de surprise pour les analystes qui suivent la valeur de ce brasseur né au début des années 90 à Rio de Janeiro. En effet, cette acquisition audacieuse fait partie de la feuille de route du trio infernal composé de trois investisseurs brésiliens qui ont juré de « rêver en grand ».

Ils ont bâti leur empire en partant d’un brasseur local en perte de vitesse, Brahma. Accompagné par le très respecté Warren Buffett et le fonds d’investissement 3G Capital, AB InBev s’est très vite lancé dans une stratégie de croissance externe menée tambour battant dans un secteur en pleine consolidation. Mieux, le groupe excelle dans l’intégration de ces « achats », réduisant chaque fois sa dette en des temps records !

En chiffres

  • CA 2015 : 40 Mds €.
  • Résultat net : 9 Mds €.
  • Nombre de salariés : 155 000.
  • Principales marques : Budweiser, Bud Light, Stella Artois, Beck’s, Corona, Leffe, Hoegaarden, Skoll, Brahma, Quilmes, Sedrin, Harbin, Cass et, depuis le rachat de SABMiller, Peroni, Miller, Coors, ou encore la bière chinoise Snow.

AB InBev, the big dream.
AB InBev, the big dream. Greygouar

AB InBev, champion toutes catégories des fusions-acquisitions

A côté des grosses opérations stratégiques comme le rachat de l’américain AnheuserBusch, propriétaire de la fameuse Bud, et de SABMiller, il ne se prive pas de racheter des cibles plus modestes. Pour asseoir son hégémonie sur le segment porteur des bières artisanales, le numéro un mondial s’est offert plus de 7 brasseries indépendantes en moins de trois ans. Parmi ces pépites : l’américain Goose Island, en 2011. Les rachats ne se limitent pas aux marques, mais aussi à la distribution. En France, AB InBev vient de mettre la main sur InterDrinks et son site d’e-commerce Saveur Bière, dont les contrats d’exclusivité avec des brasseurs étrangers constituent un avantage concurrentiel déterminant. Mais ne nous y trompons pas : la croissance externe, loin d’être une fin en soi, répond à l’enjeu d’atteindre rapidement la taille critique nécessaire pour jouer dans la cour des grands, de consolider son avance ou d’ouvrir de nouveaux marchés. Elle s’accompagne d’une stratégie solide de développement international des marques, d’augmentation des ventes et de création de valeur pour les actionnaires.

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