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We Share Bonds, la finance participative
Yoann Coumes-Gauchet (à gauche) et Cyril Tramon, les cofondateurs de WeShareBonds, la plate-forme internet de prêt participatif.
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The Good Business

WeShareBonds, la petite frondeuse de la finance participative

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Cette nouvelle plate-forme Internet, qui autorise particuliers et institutionnels à prêter de l’argent à de solides PME triées sur le volet, entend jouer les trublions sur ce marché du financement participatif qui fait aujourd’hui fureur en France, depuis que les banques classiques n’ont plus le monopole du prêt.

« Les besoins en crédit des PME sont énormes, affirme, stoïque, Cyril Tramon, président et cofondateur, aux côtés de Yoann Coumes-­Gauchet, de WeShareBonds, plate-forme Internet de crédit dédié aux PME, agréée par l’Autorité des marchés financiers (AMF), et, par ailleurs, fondateur du fonds d’investissement Phillimore [actionnaire d’IDEAT Editions, NDLR], spécialiste, depuis 2003, des PME françaises non cotées en Bourse. Au cours des six derniers mois, elles ont emprunté 50 milliards d’euros ! Et notre nouvelle profession a prêté 30 millions, alors que les PME britanniques ont emprunté 2 milliards sur cette période. » C’est en juin dernier que WeShareBonds, soutenue par une levée de 3,8 millions d’euros, a déboulé sur ce marché, pourtant phagocyté par Lendix, pionnière du genre, qui s’arroge 40 % de parts de marché alors qu’elle a récemment absorbé son rival Fin­square. Ce système de crowdfunding (financement ­participatif) séduit désormais une foule de particuliers, invités à se substituer aux banquiers pour prêter des fonds, moyennant intérêts, et à parier ainsi sur le potentiel d’entreprises éconduites par les banques classiques, aux yeux desquelles certaines PME ne se montrent pas assez « stratégiques ».

« Les banques font bien leur job à 90 %, observe Cyril Tramon. Mais elles le font mal, et elles le savent, avec les PME de moins de 5 à 10 millions de chiffre d’affaires, car les petits crédits demandent autant de travail que les grands, avec des risques plus élevés. Les banques ne disposent pas d’équipes vraiment spécialisées pour vérifier ces dossiers. Elles n’ont jamais investi dans ce domaine. » Au contraire, WeShareBonds, au capital duquel La Banque postale est entrée, en octobre dernier, à hauteur de 10 %, dispose d’un comité de sélection composé de financiers  majoritairement indépendants, rodés à ­l’analyse des PME, dont elle décrypte le profil avant de leur injecter plusieurs centaines de milliers d’euros nécessaires à leur développement.

Parmi les critères imposés par ce comité de sélection : un chiffre d’affaires attendu de plus de un million d’euros, avec plus de 100 000 euros de bénéfices avant impôts. « Contrairement à la plupart des plates-formes de crédit sur Internet qui acceptent de financer les 3 millions de TPE (très petites entreprises), nous visons exclusivement les 150 000 PME françaises, souligne Cyril Tramon, ancien banquier d’affaires élevé dans le culte de l’exigence de J. P. Morgan, chez qui il traitait du financement des grandes entreprises. Des PME dont le risque est mesurable, car bénéficiant d’une notation de leur risque de crédit par la Banque de France et les credit scorers. Ce qui n’est malheureusement pas le cas de la plupart des TPE, dont il est quasi impossible d’estimer ce que nous appelons le taux de défaut attendu. Et soyons lucides, la capacité de rembourser un crédit va généralement de pair avec la taille de l’entreprise. »

Soutenir ceux qui bossent dur  

D’autres critères distinguent la jeune pousse de la finance de ses concurrentes. Alors que d’autres plates-formes pratiquent le prêt amortissable, WeShareBonds a choisi la voie de l’emprunt obligataire, qui suppose que les PME en quête de financement émettent des obligations. Ces obligations sont souscrites par les particuliers investisseurs qui souhaitent bénéficier d’un rendement brut annuel de 4 à 8 %. Ce fonds professionnel obligataire fait office de fonds de crédit qui participe au financement des projets lancés sur le site. « Nous sommes coïnvestisseurs professionnels et prenons, de fait, notre part du risque : sur 100 000 euros, au moins 50 000 sont investis par notre équipe ; le reste est proposé à nos clients. Par ailleurs, nous encourageons nos clients investisseurs à diversifier leurs prêts. »

L’ambition de la start-up, qui entend prêter 10 millions d’euros en dix-huit mois aux PME, sur environ 50 projets, n’est pas de décrocher une pole position sur ce marché, mais de figurer, dans un futur proche, parmi les survivants du secteur ! Un challenge qui suppose un taux de défaut faible, inférieur, espèrent-ils, à 2 %. « Dans notre métier de plate-forme, nous donnons leur chance à de formidables “nobody”, des entrepreneurs inconnus, et nous leur fournissons leurs fameuses “quinze minutes de gloire”, chères à Andy Warhol, que certains méritent ! Notre gloire à nous, ce serait de recueillir, dans quelques années, les témoignages d’une centaine d’entreprises satisfaites de WeShareBonds. C’est ça, la vraie valeur, au-delà de la solidité des business-­modèles et des exigences de rentabilité : soutenir des gens qui bossent dur et qui savent pourquoi ils se lèvent le matin. » Pour faire du beautiful business, tout simplement.

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