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Salon international professionnel de l’optique-lunetterie (SILMO)
Au Salon international professionnel de l’optique-lunetterie (SILMO), les solaires affichent une belle santé : 71% des Français possèdent au moins une paire de lunettes de soleil.
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The Good Business

Rencontre avec trois lunetiers indépendants

The Good Business

Ils sont peu nombreux à créer pour leur propre marque. Ces trois stylistes prouvent qu’il est encore possible de rester indépendant.

Thierry Lasry
Le graphisme épuré
En 2006, alors que le marché de la lunetterie est dominé par les licences, Thierry Lasry se lance. « J’étais à cette époque convaincu qu’il y avait de la place pour un challenger, à condition que la marque allie la créativité à la qualité et “respire la mode”, pour justement pouvoir se poser en alternative aux griffes », explique le créateur. Il se positionne alors sur un style mêlant rétro et notes contemporaines. Les modèles, fabriqués à la main en France, sont épurés et élégants. Pour chaque collection, dans son atelier, Thierry Lasry enrichit un mood board permanent. « J’explore un tas de directions puis commence à les filtrer en faisant des plans de collection pour obtenir le meilleur équilibre entre modèles expérimentaux, commerciaux, féminins, masculins, etc. Je peux aussi bien partir d’une matière que d’une esthétique précise », raconte-t-il. Très attaché aux années 80 et au graphisme, le créateur est un fin observateur. « Un film, une toile, une photo ou parfois une muse, comme a pu l’être Catherine Deneuve dans Belle de jour », confie-t-il. Cet été, il présente des modèles aux angles saillants, aux formes géométriques, mêlant acétate et métal. La ligne homme, qui s’enrichit chaque saison, reprend les codes développés sur la femme, en plus épurés, avec des verres plats, une prédominance de rondeurs et des traitements mats. Très ouvert, il a imaginé un modèle combinant face acétate et différentes pièces métalliques gravées avec le tatoueur de Los Angeles, Dr. Woo. Parallèlement, sa seconde collection capsule pour Fendi est disponible depuis début juin. Autant de pièces à s’offrir dans la première boutique parisienne, conçue par Vincent Darré, ouverte en mai dernier.

Thierry Lasry.
Thierry Lasry. DR

Lesca Lunetier
Une modernité vintage
Un savoir-faire transgénérationnel, voilà ce qui caractérise en premier lieu Lesca. Créée en 1964 par Joël Lesca, dont un grand-oncle a accumulé les montures pendant des décennies, la marque se distingue par son esprit années 50-60. Aujourd’hui reprise par les deux fils, Mathieu (à gauche sur la photo, avec son grand-oncle Aimé et son père, Joël) et Bertrand, elle se compose de quatre grandes lignes. La collection Lesca Lunetier permet aux fans de vintage de retrouver des rééditions, les montures French Vintage Original sont issues de vieux stocks d’usines du Jura, la gamme Prestige offre un service de sur-mesure exigeant, et la collaboration avec la créatrice Gaëlle Constantini apporte une touche couture aux modèles, rehaussés de matériaux divers (tissus, pierres). Depuis deux ans, Mathieu et Bertrand développent une gamme premium en titane fabriquée au Japon. « Seuls les Japonais savent véritablement travailler ce matériau à la pointe », commente Mathieu Lesca. « Nous essayons de sortir de ce qu’on sait faire, de nous remettre en question, et pour ça, nous travaillons en équipe avec les fabricants, les artisans. » Cet été, la collection s’inspire d’une balade parisienne avec, notamment, le modèle Heri, typique des années 50, à porter petit pour un effet lord anglais, ou Zulu, typé années 80 avec des charnières rivetées. Des créations très françaises qui séduisent beaucoup au Japon et qui connaissent une certaine renommée aux États-Unis. Pour se renouveler, sans perdre leur identité, les Lesca misent aussi sur les collaborations. Un bon moyen d’insuffler un vent de modernité à la marque.

Mathieu Lesca, avec son grand-oncle Aimé et son père, Joël, de la maison Lesca Lunetier.
Mathieu Lesca, avec son grand-oncle Aimé et son père, Joël, de la maison Lesca Lunetier. DR

Selima Salaun
Une sensualité chic
Après avoir été souvent sollicitée pour concevoir des lunettes sur mesure, Selima Salaun a fini par créer sa marque, Selima Optique, en 1996. « Mon premier modèle, Hubert, a été dessiné pour Hubert Kriegel, il est similaire à la monture ronde de Le Corbusier, dans un ton rouge éclatant. Depuis, ce client, devenu un ami, ne l’a jamais quitté », raconte Selima Salaun. Pour dessiner ses lunettes, la créatrice américaine puise dans des références culturelles très fortes : les filmographies de Godard et de Fellini, la mode des années 30 à 80. « Je voyage beaucoup, je lis. J’achète des montures vintage. Puis, dès que j’ai un déclic, je le note. Je pense ensuite aux coloris qui me plaisent chaque saison : je ne suis pas forcément les tendances. J’ai rencontré quelqu’un qui me fabrique en exclusivité des plaques de découpe des modèles, mais ça prend du temps. » En résulte un style à la fois chic, sensuel, hippie, sexy et glamour qui séduit une clientèle à la recherche d’un produit discret, de qualité, fabriqué dans la même usine depuis dix ans. Pour l’été 2016, Selima Salaun s’est inspirée de Steve McQueen et de Marcello Mastroianni. Elle décline le modèle NBA en plusieurs coloris, propose les montures Monte-Carlo, Walt, Robert, Philip et toujours les incontournables Money (portés par Ryan Gosling dans Drive) et Chad (vu dans Crazy Stupid Love, sur le même acteur). « Nous faisons beaucoup de sur-mesure. Les hommes aiment avoir plusieurs coloris dans le même style et nous leur offrons une palette impressionnante. Nous cherchons aussi à développer des produits pour certains types de sports », ajoute Selima Salaun. On peut découvrir ses créations dans l’une de ses boutiques parisiennes ou new-yorkaises.

Selima Salaun.
Selima Salaun. DR
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