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«Dôme» de la cathédrale Notre-Dame-de-l’Apparition, Brasília
Le «dôme» de la cathédrale métropolitaine Notre-Dame-de-l’Apparition, construite par Oscar Niemeyer.
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Voyage

Brasília, sous le béton, la vie !

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Peut-être parce qu’elle n’a que 56 ans, sans doute aussi parce qu’elle ne s’offre pas au premier venu comme d’autres villes brésiliennes, et sûrement parce qu’elle est victime de son succès, la capitale fédérale du Brésil suscite curiosité et fascination. Qu’on l’aime… ou pas. Ce patrimoine de l’humanité est une incontournable destination de voyage.

Une ville qui évolue de jour en jour

Francisco Galeno est le fruit de ces croisements culturels. Il est arrivé, petit, d’une île du fleuve Parnaíba, dans le nord du Brésil, sans bien comprendre ce qui se passait dans ce vaste chantier à ciel ouvert où travaillait son père. Il est devenu un artiste partagé entre la culture populaire de son île équatoriale lointaine et celle de sa ville adoptive en béton. « La culture est partout dans Brasília, affirme-t-il. Dans les monuments, dans la nature, dans les galeries d’exposition des banques ou de certains restaurants, en plus des musées. » Son atelier se trouve dans la ville satellite de Brazlandia, en lointaine périphérie.

Mais un jour, Francisco Galeno a été invité à décorer l’Igrejinha, la fameuse chapelle Notre-Dame-de-Fatima, au cœur de la capitale. « Imaginez, moi, un modeste artiste banlieusard, j’ai travaillé dans un monument de Lúcio Costa et d’Oscar Niemeyer ! Brasília m’a ouvert ses portes… et le monde. » Depuis, il a été convié à travailler à New York et à Paris. Mais comme tant de Brasilienses, il ne veut pas quitter le cœur géographique du Brésil. Brasília n’a que 56 ans, et elle évolue de jour en jour. Elle change, grandit et se modifie sans cesse. Au gré des périodes politiques : elle a commencé par une semi-glaciation, avec vingt et un ans de dictature militaire (1964-1985), elle a connu la destitution de Fernando Collor de Mello et l’arrivée de l’ouvrier syndicaliste Lula da Silva.

Et au gré de sa santé économique : le revenu par habitant y est le plus élevé et le plus stable du Brésil, mais la dynamique des années Lula a aussi engendré une grande expansion des quartiers résidentiels, la diversification des commerces et une forte augmentation du parc automobile. On racontait déjà que « le Brasi­liense est un être avec une tête, deux bras et quatre roues » ! Mais que deviendra-t-il dans le trafic en voie de saturation d’une ville de 2,5 millions d’habitants organisée autour de la voiture ?

« Notre ville va-t-elle se noyer dans sa flotte automobile ? s’interroge Mara Alcamin, dynamique propriétaire du restaurant chic et branché Universal, en voyant s’élargir les avenues et les parkings. Ici, les riches rêvent de se déplacer en métro ! Ou à vélo. Mais c´est difficile de prendre un Vélib’ quand personne ne respecte les cyclistes, ni même beaucoup les piétons. » 

Le restaurant branché Universal, Brasília
Le restaurant branché Universal, Brasília Luiza Venturelli

Dans la presse, on apprend que dessiner une piste ­cyclable sur l’Axe monumental fut un véritable casse-tête : Lúcio Costa ne l’avait pas anticipée. « La ville devient prisonnière de ses créateurs des années 50, ­estime José Luiz. Il serait temps de faire évoluer le plan initial face aux défis du présent, d’inventer à nouveau ! »

L’homme a déjà inventé à Brasília, notamment en créant un village dans la ville, à quelques centaines de mètres du palais présidentiel, le Palácio Planalto, où Ivanir da Silva, venue du Pernambouc il y a trente-cinq ans, élève des poules et en vend les œufs. Les baraques en bois des premiers ouvriers, promises à la destruction, ont peu à peu été remplacées par des villas. Mais l’esprit du village a survécu, en version bobo toutefois.

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