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Le hall du bâtiment 2 du Johnson Space Center, à Houston (Texas)
Dans le hall du bâtiment 2 du Johnson Space Center, à Houston (Texas), les détails d’une fresque célébrant la conquête spatiale.
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The Good Business

Visite guidée au coeur de la Nasa à Houston

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Au Johnson Space Center de Houston, les astronautes s’entraînent au fond d’une piscine, tandis que les ingénieurs inventent la combinaison spatiale du futur. Dans toutes les têtes, un objectif fou : envoyer l’homme sur Mars. Visite au cœur de la Nasa, une agence dont l’aura n’est pas entamée par les restrictions budgétaires.

Le gâteau crémeux est disposé sur une table de chantier, bientôt découpé en une trentaine de parts. « Bravo Jeff ! A ton dernier plongeon. » Dans une dépendance du centre spatial de la Nasa à Houston, nous interrompons le pot de départ de Jeff Williams. L’homme aux yeux de loup et au fort accent du Midwest paie sa tournée de jus d’orange. A 58 ans, Jeff Williams quitte le Texas…

mais pas pour prendre sa retraite. A l’instant où vous lisez ces lignes, il flotte sûrement au-­dessus de nos têtes, à 300 kilomètres d’altitude et à une vitesse de 8 kilomètres par seconde. Ce jeudi 21 janvier, il a effectué son dernier séjour dans la piscine du Neutral Buoyancy Lab (NBL). Depuis, il a embrassé femme et enfants, rejoint le cosmodrome de Baïkonour, au Kazakhstan, d’où il est censé avoir décollé, le 18 mars dernier, à bord d’une fusée Soyouz, pour rejoindre la station spatiale internationale (ISS). Ce n’est pas son premier rodéo. Il est l’un des astronautes les plus chevronnés de sa génération, classé dans le top 5 de longévité cumulée dans l’espace (362 jours).

Lors de sa dernière sortie, en 2009, il a été le premier astronaute à tweeter depuis l’espace. Débonnaire, ­Jeff Williams se distingue par sa grande foi : parmi les effets personnels autorisés – l’équivalent de deux boîtes à chaussures –, il emporte une Bible à chaque voyage.

Le NBL, c’est le saint des saints du Johnson Space Center de Houston. Une infrastructure unique. Les astronautes du monde entier s’y entraînent pour intégrer les automatismes nécessaires lors des sorties extravéhiculaires. C’est une gigantesque piscine : au fond, on distingue une réplique de l’ISS découpée en plusieurs tronçons – les navettes spatiales entraient en entier dans la piscine, mais pas l’ISS, trop large. Des cabines hyper­bariques sont à l’écart, ainsi qu’une réplique de la capsule Orion, que quatre astronautes utiliseront pour tenter d’atteindre, dans une vingtaine d’années, la planète Mars.

Les astronautes font l’objet de toutes les attentions, mais ils ne sont que de passage au NBL. Les maîtres des lieux, ce sont les dizaines de plongeurs qui les guident dans leurs galipettes subaquatiques. Le chef de cette armée d’hommes-grenouilles s’appelle Chris Hull, un Texan qui ponctue ses phrases par des « Sir » martiaux. Quatre plongeurs gravitent en permanence autour de l’astronaute harnaché dans sa combinaison pressurisée. Ils accompagnent ses mouvements pour réduire autant que possible la résistance de l’eau. Le but est d’obtenir « ce côté 360 degrés, sans haut ni bas, sans aucun repère, comparable au vide sidéral ».

L’environnement aquatique est aussi utile pour relever les défis du redoutable mal des caissons, bien connu des plongeurs avec bouteille, auxquels les astronautes font également face en fin d’expédition. Les automatismes acquis dans la piscine sont une assurance-vie, explique Chris Hull : « Une fois dans l’espace, on peut délirer, paniquer, perdre le fil de sa mission. Mais si on a répété les gestes des centaines de fois, la routine s’installe, les muscles travaillent sans réfléchir. » La réalité virtuelle est aussi utilisée, mais de l’avis de Paul Williamson, ancien crew ­instructor et responsable de la division robotique des sorties extravéhiculaires, le NBL est ­irremplaçable. « Imaginez manipuler un outil de précision, type petit tournevis, avec une paire de moufles, dans le vide sidéral. Ces conditions sont difficiles. Rien ne vous prépare au stress de la situation réelle. »

Au programme

  • 2018 : premier vol de Space Launch System (SLS), la fusée qui propulsera la capsule Orion sur Mars.
  • Entre 2020 et 2025 : capture d’un astéroïde par un robot, puis mise sur orbite lunaire de cet astéroïde.
  • 2025 : exploration de cet astéroïde par des astronautes.
  • 2030 : Mission to Mars, avec envoi de 4 astronautes à bord d’Orion.

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