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Robin Li
Robin Li.
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The Good Business

Robin Li, le nouvel empereur de Chine

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Une fortune estimée par Forbes à 18 milliards de dollars, un empire bâti sur Internet, quatre beaux enfants, et même un poste de délégué à la Conférence consultative politique du peuple chinois, organe placé sous la direction du parti communiste chinois. On voit mal ce qui manque encore au bonheur (et à la richesse) de Li Yanhong, alias Robin Li.

Parcours

  • 1968 : naissance à Yangguan, dans la province du Shanxi (nord-est de la Chine).
  • 1991 : après une licence obtenue à l’université de Pékin, il part étudier aux États-Unis.
  • 1994 : diplômé en ingénierie informatique de l’université de Buffalo, dans l’État de New York.
  • 1997 : quitte IDD Information Services après y avoir développé l’algorithme RankDex.
  • 2000 : rentre à Pékin pour y fonder le moteur de recherche Baidu.

A 46 ans, le cofondateur et actuel président de Baidu.com, le Google chinois, compte parmi les poids lourds du web en Chine. Son moteur de recherche, mis au point il y a tout juste quinze ans, est le premier site Internet de la deuxième économie mondiale. Pour les 632 millions d’internautes chinois, Baidu est « la » porte d’entrée de la Toile, avec, selon Bloomberg, 81% de parts de marché. En Chine, Baidu est même passé dans le langage courant pour devenir un verbe, à l’instar de « googliser ». Une question, un chiffre à vérifier, une adresse à localiser sur une carte ? « Ni baidu yixia ! » Le réflexe est tellement installé que le groupe de 40 500 employés n’a même plus besoin de communiquer. The Good Life a tenté de contacter Robin Li, sans succès. Ce dernier accorde les interviews au compte‐gouttes, conseillé par son dircom, l’inclassable Kaiser Kuo, guitariste sino-américain, ancien membre d’un groupe de rock.

Pourtant, qui aurait parié sur Robin Li ? Le jeune homme naît un jour de novembre 1968 dans la province du Shanxi, dans le nord‐est de la Chine, dans une famille où il est le seul garçon, au milieu de quatre filles. Élève prometteur, il étudie d’arrache‐pied jusqu’à intégrer la prestigieuse université de Pékin, la meilleure de Chine. Une fois sorti de ce campus d’élite, le petit prodige part à New York, en 1991, pour y suivre un master en informatique à l’université de Buffalo. Son séjour américain durera neuf ans. En 1994, Robin Li (né Yanhong Li, il a abandonné son prénom chinois pour faciliter les échanges avec ses collègues américains) rejoint IDD Information Services, société spécialisée dans l’information financière. C’est là que l’ingénieur fait mouche, en créant RankDex, son premier algorithme qui, au lieu d’utiliser les mots‐clés d’une page web, identifie toute la chaîne de liens sur l’ensemble de la Toile. Cette technique, appelée backlink information, forme aujourd’hui le squelette de Baidu. Elle permettrait d’obtenir des résultats encore plus pertinents que ceux de Google.

Un génie du coding et des maths
Fondée en 1998, soit deux années plus tôt que Baidu, le duo de chercheurs à la tête de la start‐up américaine Google suivait alors de très près les innovations du jeune Chinois. « Google a voulu mettre la main sur RankDex. D’après ce que j’ai compris, nous avons refusé de le leur vendre. Stanford avait pourtaént offert une somme substantielle pour acquérir le brevet », témoigne Clinton Cimring, qui a travaillé deux ans avec Robin Li. Ce spécialiste de la SEO (pour search engine optimization), acronyme qu’il a lui‐même inventé, se souvient parfaitement de son ancien patron. « Il avait l’air plutôt décontracté, mais, en réalité, c’était un as. Même le plus obscur problème mathématique, il pouvait le résoudre avec un crayon et une feuille de papier. Ce mec est un génie. Un génie du coding et des maths. » En 2000, Robin Li décide de rentrer en Chine. Il utilise RankDex pour lancer Baidu.com avec dix autres employés. Techniquement, la société n’est pas chinoise : comme le groupe d’e‐commerce Alibaba, l’autre énorme succès du web chinois, la holding principale de Baidu est domiciliée dans les îles Caïmans. Un tour de passe‐passe comptable, classique dans la high‐tech en Chine, permet de ne pas payer d’impôts tout en ouvrant la société aux investissements étrangers. A domicile, la deuxième fortune de Chine, qui occupe la 91e place parmi les milliardaires du monde, met le paquet sur l’innovation. Baidu dispose de trois centres de R&D, dont celui de Sunnyvale, en Californie. En tout, 34% du staff (14 000 employés) travaillent sur la R&D. Avec son épouse Ma Dongmin, Robin Li poursuit aussi sa stratégie d’acquisition, en rachetant des entreprises spécialisées dans l’intelligence artificielle et l’Internet mobile.

Mais ne dites surtout pas à Robin Li que Baidu doit beaucoup au retrait de Google de Chine (en 2010, le moteur de recherche américain avait décidé de déménager ses serveurs à Hong Kong pour éviter la censure en place dans l’arrière‐pays). Ni que Baidu est inconnu à l’étranger. Malgré une entrée au Nasdaq en 2005 et une version japonaise, le 5e site Internet du monde (selon le cabinet Alexa, filiale d’Amazon.com) reste en effet peu développé à l’international. Aujourd’hui, 99,8% des revenus de Baidu (issus de la vente de services de marketing en ligne à un demi‐million de PME chinoises) sont toujours réalisés en Chine. Mais Robin Li compte bien imposer son bébé hors de son pays natal. « Il a clairement des projets à l’international. Je pense que, pour le moment, il attend de voir comment les actions de Google vont évoluer, confie Clinton Cimring. Avec ses brevets, que personne ne peut copier, il pourrait lancer aux États-Unis un moteur de recherche encore plus fiable et plus sophistiqué que Google. » Le colosse californien est prévenu.

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