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Breitling, l'âge de raison
La manufacture, un outil moderne qui inclut, depuis 2008, des ateliers de prémontage.
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The Good Business

Breitling, l’une des dernières maisons horlogères à défendre son indépendance

The Good Business

Du haut de ses cent trente ans d’histoire et forte du succès de son calibre maison, le B01, lancé en 2009, Breitling peut continuer de revendiquer fièrement son indépendance. Une qualité rare, dans un monde horloger très porté sur le regroupement, qui renforce le prestige de la marque aux ailes déployées, déjà adulée des pilotes et des explorateurs en tous genres pour ses garde‐temps à la fiabilité diabolique.

Chronologie

  • 1884 : création de la marque par Léon Breitling.
  • 1915 : premier poussoir de chronographe indépendant.
  • 1923 : séparation des fonctions marche/arrêt et remise à zéro.
  • 1934 : second poussoir indépendant pour la remise à zéro.
  • 1952 : premier chronographe bracelet Navitimer.
  • 1969 : premier mouvement de chronographe à remontage automatique.
  • 1984 : renaissance du chronographe mécanique avec le Chronomat.
  • 2009 : création du Calibre 01.

« En ce temps-là, j’étais en mon adolescence… » Ainsi débute La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France. Alors que nous gravissons en voiture les dernières pentes menant à La Chaux‐de‐Fonds, ce vers de l’aventurier Blaise Cendrars me revient étrangement à l’esprit. Comme d’autres agités du bocal – Le Corbusier, Louis Chevrolet ou Yvan et Laurent Bourgnon –, Frédéric Sauser, dit Blaise Cendrars, est originaire de cette étrange station assoupie sur les hauteurs de Neuchâtel, devenue, au fil des ans, ce gigantesque complexe industriel dédié à la fabrication des montres que Karl Marx qualifiera de « ville-manufacture » dans Le Capital.

Qu’on ne s’étonne pas si certains célèbres Chauxois ont en commun le goût du futur et du mouvement. L’air de cette cité spécialisée, apparemment si calme, sent autant les moteurs et la chaleur des rouages que le savoir‐faire et la précision. La garde et la vitesse. A elle seule, La Chaux‐de‐Fonds symbolise ces deux faces du temps, tout comme Breitling, son porte-étendard, firme fondée par Léon Breitling en 1884. En cent trente ans, elle a su devenir maîtresse dans le domaine du chronographe et nouer une véritable histoire d’amour avec l’aviation, un univers technique d’une exigence implacable.

Preuve de sa fiabilité et de sa réussite : elle est aujourd’hui la seule à faire certifier tous ses mouvements par le Contrôle officiel suisse des chronomètres (COSC), organisme validant la précision des chronomètres, et à garantir ses calibres maison durant cinq ans.

L’obsession de la qualité confère au lieu une ambiance presque clinique.
L’obsession de la qualité confère au lieu une ambiance presque clinique. Arnaud Taquet

Une force tranquille

On ressent justement la force de Breitling en faisant le voyage à La Chaux‐de‐Fonds. Dessinées par l’architecte de Lausanne Alain Porta, les lignes pures en pierre rose de la Breitling Chronométrie semblent avoir surgi naturellement de la montagne. Cette impression de puissante tranquillité, qui caractérise aujourd’hui la marque aux ailes déployées, masque pourtant de nombreux efforts.

Durant la précédente décennie, l’industrie horlogère s’est considérablement restructurée, dans le sillage du groupe Swatch (Breguet, Harry Winston, Blancpain, Glashütte Original, Jaquet Droz, Léon Hatot, Omega) et entre de grands groupes de luxe tels que Richemont (Cartier, Piaget, Vacheron Constantin, Montblanc, IWC, Jaeger‐Le Coultre, Panerai, A. Langhe & Söhne) ou LVMH (Tag Heuer, Zenith, Hublot, Chaumet).

En 2002, après la décision du groupe Swatch de ne plus livrer de mouvements en kits, mais seulement finis, ne pas se rendre tributaires de fournisseurs en fabriquant ses propres mouvements est alors devenu un enjeu crucial pour les marques indépendantes. C’est pourquoi, de 2004 à 2008, Breitling, propriété de la famille Schneider, qui n’assurait alors que les opérations d’assemblage, a investi massivement dans la création de sa manufacture à La Chaux‐de‐Fonds.

Des investissements très importants, comme le confie le vice‐président Jean‐Paul Girardin : « Pour cela, nous avons triplé la surface de production, passant de 2000 à 6000 m2 d’atelier. Dans cette manufacture, nous avons désormais la maîtrise totale de tous les métiers stratégiques, à l’exception de certains, très spécifiques, comme le décolletage, pour lesquels on s’appuie sur le tissu industriel du Jura suisse, déjà performant. » Un outil moderne et modulable, où travaillent plus de 400 personnes réparties dans les ateliers de prémontage (347) et d’assemblage (75), qui permet de produire environ 40 000 exemplaires par an du mouvement B01 et de ses variations (B04 GMT, B05 heure universelle, B06 fonction 30 secondes et tachymètre).

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